L'on peut être en accord ou en désaccord avec Sidy Lamine sur tout ou partie
de sa "sortie" avec NDEYE Astou Guèye. Mon propos ne porte pas sur cela dans la mesure où Sidy convoque la liberté d'opinion et d'expression consacrée par notre constitution pour projeter son regard sur la situation
de notre pays. Mon propos ne porte pas non plus sur le droit
de ses pourfendeurs
de lui porter la contradiction, pour les mêmes raisons. Mon propos porte plutôt sur la vague d'indignation hypocrite soulevée par cette sortie du côté des tenants du pouvoir qui la qualifient
de "mission
de déstabilisation du pays".Outre que cette caractérisation, extrémiste à tous égards, renseigne sur leur propre perception
de l'état
de fragilisation
de leur régime qu'une simple émission tv pourrait déstabiliser, je retiens la fâcheuse habitude qu'ils ont
de ne voir et juger les choses et les phénomènes qu'à partir du prisme déformant
de leurs intérêts étroits.Qu'a dit ou fait Sidy Lamine en direction
de Macky Sall et son régime qu'il n'a dit ou fait en direction
de Abdoulaye Wade et
de son régime usant
de sa liberté d'expression ? Reprenons les articles
de presse et les images d'archives. N'est-ce pas sur le podium
de Sidy Lamine que ses pourfendeurs d'aujourd'hui se rassemblaient pour lui tresser des lauriers et le porter en triomphe tout en vouant Abdoulaye Wade aux gémonies ? Ceci ne date pas du siècle dernier ni
de la dernière décennie pour que l'oubli puisse s'installer. Le 19 mars 2011 est encore frais dans les mémoires.
De même qu'en son temps, alors que j'étais du côté du pouvoir, je m'étais élevé contre toute velléité
de répression contre ceux qui ne faisaient qu'exercer leur droit à la critique,
de même je m'élève aujourd'hui contre les va - t - en guerre (qui ne vont d'ailleurs jamais à la guerre préférant que d'autres y aillent à leur place) qui s'exercent au métier
de dictateurs.Dans quel siècle ou dans quel pays se croient ceux qui confondent le Président
de la République au monarque
de droit divin ? Le Président
de la République, fût-il élu par 99,99% des électeurs, sera critiqué aujourd'hui et demain par tout citoyen qui estime devoir le critiquer.Il parait que Sidy Lamine serait à la solde
de gens "qui tentent
de protéger ou
de couvrir les pilleurs
de deniers publics, aujourd’hui auditionnés et maintenus en détention pour les besoins d’une enquête judiciaire, libre et indépendante sur l’enrichissement illicite". Allons donc ! Vous décrétez que ceux qui sont détenus sont des pilleurs
de deniers publics avant même que leur culpabilité ne soit établie. Ensuite vous trouvez juste que ces personnes qui clament pourtant leur innocence urbi et orbi, soient néanmoins jetées en prison quitte à ce qu'on aille ensuite parcourir le monde aux frais du contribuable pour chercher des preuves
de leur culpabilité et, dans le même temps, vous trouvez criminel qu'un citoyen demande des explications au Président
de la République élu qui,
de son propre gré, a dressé son patrimoine propre devant l'autorité compétente. Ça sent l'hypocrisie et la couardise politique à cent lieux.Respect des instituions, stabilité du pays ou trouble à l’ordre public. L'on préserve les deux premiers et se prémunit du troisième en gouvernant par la vérité et la justice autant que nos capacités humaines énormes mais en même temps limitées nous le permettent. Dans l'humilité. Si vous gouvernez par le parti pris, l'iniquité et l'arrogance, vous serez attaqués, critiqués et finirez par être renversés. Que ceux qui poussent Macky dans cette voie songent à Pharaon, à Hitler ou encore, plus près
de nous, à Mobutu ou au régime raciste d'Afrique du Sud.Je le disais à haute et intelligible voie sous Wade, je le répète sous Macky Sall. Ce pays et ce peuple n'accepteront jamais d'être gouvernés dans l'arrogance et la dictature. Quiconque s'y engagera finira tôt ou tard, par perdre la partie. Inéluctablement.L'espèce prédatrice qui avait précipité la chute
de Wade est venue aujourd'hui s'agglutiner, à la manière des abeilles, autour
de Macky Sall. Ils ont en bandoulière le pari pascalien version politicienne. Quand je gagne je gagne tout (prébendes et positions), quand je perds, je ne perds rien (le prince, destitué, n'a plus le pouvoir pour me sanctionner).
De quelque bord politique que nous puissions nous trouver, nous devons tous refuser
de laisser le pays tomber dans l'escarcelle
de cette espèce. Le Président Sall en tête.Dakar, le 29 décembre 2013
Auteur: Mamadou Diop Decroix
Publié le: Mardi 31 Décembre 2013
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