Certains secteurs clés de l’économie sénégalaise ont connu un retarddans la libéralisation. La conviction est du professeur Abdoulayesakho, enseignant en Droit. Il s’agit notamment de l’énergie, de l’eauet des télécommunications. Le juriste animait ce vendredi une sessionde renforcement des capacités sur la régulation de l’électricitéorganisée en faveur des associations de consommateurs et desjournalistes économiques par la Commission de régulation du secteur del’électricité (CRSE).Dans le secteur de l’énergie par exemple, l’Etat a choisi delibéraliser la production de courant électrique, mais la distributionreste un monopole pour la Senelec, ce qui fait qu’il n’y a pas deconcurrence à ce niveau. Ce n’est que dans le volet électrificationrurale que l’on note l’existence d’entreprises évoluant dans lafourniture de courant aux citoyens. Ce qui est, pour l’heure, unetimide ouverture. ‘’C’est un choix de l’Etat qui semble privilégier leservice public’’, dixit-il. L’une des conséquences est que la Seneleca certes connu un gain en matière de production, mais lesconsommateurs n’en bénéficient pas en termes de réduction des prix.Le gouvernement privilégie en fait le renforcement de la production etl’amortissement des investissements sur l’augmentation du pouvoird’achat des usagers. ‘’La facture énergétique coûte très cher auSénégal’’, regrette Dr Thiam, consumériste. Pendant ce temps, le PrSakho note une faible incitation financière pour le consommateur quiveut changer de fournisseur, en passant au solaire individuel parexemple. Les associations de consommateurs ont aussi dénoncé le modede tarification de la Senelec. Ils estiment que le fournisseurapplique des prix trop élevés à partir de la troisième tranche. Ce quiest perçu comme une volonté de priver les pauvres de certains confortscomme la climatisation.Par ailleurs, le constat sur l’électricité est le même dansl’hydraulique. C’est même plus fermé. ‘’Dans le secteur de l’eau, oncontinue à confier la distribution à un seul opérateur. On aurait pufaire jouer la concurrence en divisant Dakar en plusieurs zones etconfier chaque zone à un opérateur’’, M. Sakho. Sur ce point, lesassociations de défense des consommateurs disent ne pas comprendre ladistinction qu’il y a entre hydraulique urbain et hydraulique rural.‘’Ceux qui sont dans le monde rural ont la même dignité que ceux quivivent à Dakar. Le traitement doit être égal’’, lance l’un d’eux.Comme l’eau et l’électricité, le secteur des télécommunications estaussi concerné par ce retard dans la libéralisation, même si, notePr Sakho, il est en avance par rapport aux autres. Mais il n’empêchequ’il y a encore des efforts à faire à ce niveau. ‘’Nous sommestoujours à 3 opérateurs. Est-ce qu’il y a une place pour un quatrième? C’est une question’’, lance-t-il, non sans ajouter : ‘’Des paysmoins nantis que le Sénégal ont 4 à 5 opérateurs de téléphonie’’. Ason avis, à deux ou trois, il est plus facile pour les concurrent des’entendre pour éviter la baisse des prix ou éliminer un adversaire,mais à 4 voire 5, il devient plus difficile.Ce que semble corroborer la cherté des prix dans le secteur destélécoms et le fameux épisode sur l’appel d’offres de l’Autorité derégulation des télécommunications et des postes (ARTP) pour la 4G quiavait vu les trois sociétés de téléphonie se garder de soumissionner.A l’époque, Abdou Karim Sall, le Directeur général de l’ARTP disaitqu’il y a eu entente entre Orange, Tigo et Expresso, avant d’annoncerla disqualification d’office de tous les trois. Mais la suite est toutautre, puisque quelques mois après, Orange a commencé à exploiter la4G.Il s’y ajoute que dans l’électricité comme les télécommunications, lesopérateurs historiques ont un statut hybride. Ils sont à la foissociété de gestion de patrimoine et fournisseur. Ce qui les amènesouvent à abuser de leur position dominant. D’où la précision del’enseignant selon qui, ce n’est pas parce qu’il y a une multiplicitéd’acteurs qu’il y a nécessairement concurrence. ‘’Il faut voir la partde marché de chacun. Si on a 10 opérateurs et qu’un seul parmi euxdétient les 90% du marché, ça veut dire qu’il y a problème’’,souligne-t-il.
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