Un autre monde à l'intérieur de Dakar, c'est ce qu’est véritablement la Maison d'arrêt et de correction de Rebeuss. Les longs murs blancs surmontées des barbelés témoignent que l'endroit est différent des autres et qu'on est bien dans le «domicile» des privés de liberté, lieu communément appelé 100 mètres carrés. De loin, on aperçoit le mirador. À l'entrée principale règne un silence d'enterrement, des gardes pénitentiaires surveillent tout. À l'intérieur, une porte de couleur verte mène au premier bâtiment où se trouvent le parloir, le secrétariat et le bureau du Directeur. Jusque-là on ne voit point de détenus. Quelques pas de plus et s'ouvre une autre porte de même couleur. Difficile de la franchir car elle met en contact direct avec le prisonniers. Dans cette cour où se trouvent le bureau du chef de poste et l'infirmerie, certains prisonniers forment de petits groupes et discutent entre eux. D'autres, par contre, se tiennent debout et nous regardent avec méfiance. Des va-et-vient s'intensifient à l'intérieur. Avec une chaleur insupportable, la chambre 4 est ouverte. Plus d'une centaine de détenus de tous âges y sont entassés comme dans des boîtes de sardines. Les six plafonniers ne servent visiblement à rien. Une chaleur intenable règne dans la chambre qui n'a rien à envier à une chaudière. En sueur, ils sont en général torse nu, tenant des morceau de carton en guise d'éventail. Difficile de respirer dans cet endroit avec l'air qui n'y pénètre pas, surtout en cette période de canicule. 
 Les petits fenêtres servent de dépôt de sachets, d'habits et de bouteille d'eau. On se croirait dans un camp de réfugiés tant le nombre de prisonniers dans cette seule chambre est pléthorique. Le regard incertain, une tristesse mêlée d'une souffrance atroce se lit sur les visages. Difficile au plus grand stoïque de rester imperturbable devant ces gens. Noircis, les yeux rouges, c'est de beaucoup dont ils sont privés. 
 Pendant que certains prennent de l'air dans la cour, d'autres attendent dans les chambres, par mesure de sécurité. La section suivante offre le même décor. Détenus de toutes les nationalités se partagent la cour. Chacun essayant de se détendre à sa manière et de tuer le temps qui semble aller à reculons. Les uns lisent des journaux, les autres causent autour d'un fourneau avec une théière. 
 Dans cette section, les chambres sont plus aérées. Les uns lavent leurs habits sales. Les fils à linge débordent d’habits. Certains étalent même leurs vêtements par terre. 
 À l'approche, ils vous prennent tous pour quelqu'un venu à leur aide. De ce fait ceux qui sont dans les chambres regardent à travers les grilles de leurs portes et se font entendre. «Je ne suis pas encore jugé», «je suis malade», «nous sommes des citoyens comme tous», «qu'on nous juge ou qu'on nous laisse partir», tels sont les propos qu'ils lancent de manière désespérée. 
 L'attention du visiteur ne peut ne pas ne pas être captivée par les problèmes de dents que traîne l'essentiel des détenus. Difficile d'en voir un qui ne soit édenté. Une identité commune aux détenus qui est tout sauf un hasard. Selon le médecin major Joseph, les dispositions sanitaires aussi posent problème. Le médecin major de l'infirmerie Joseph Awansou explique ces soucis dentaires par le manque d'hygiène. Une pathologie qui avec les problèmes cardiovasculaires, dermatologiques, les vertiges, troubles du comportement sont celles pour lesquelles il dit recevoir tous les jours 200 détenus. Pour leurs évacuations, les détenus souffrent à cause du manque d'ambulance. 
 Tant bien que mal, la Maison d'arrêt s'essaie aussi à préparer aux détenus une réinsertion. Au niveau de l'espace socio-éducatif, se mènent ainsi des activités comme la couture, la peinture et l'alphabétisation. 
  
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