Les trois femmes travaillant pour l’opérateur Sud-africain Mechem, remises, mercredi après-midi à Mpack (frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau), aux autorités sénégalaises, prient pour la libération, avant l'hivernage, des neuf autres démineurs toujours entre les mains des combattants de César Atoute Badiate, chef d’Atika, la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC)

.L’émotion se lisait sur le visage des trois femmes portant sur leur tête des calebasses assorties de perles. Le tout accompagné de tee-shirt de couleur blanche et des pagnes traditionnels diola. Fatou Guéye, en sanglots, a tenu d’abord à remercier toutes les personnes qui ont participé de prés ou de loin à leur libération, et les a invitées à s'impliquer davantage pour la libération des autres otages. 

‘’Aujourd’hui, c’est vrai, nous sommes libres. Mais, c’est comme si il y avait trois arbres qui s’enracinent. Nos racines, ce sont nos hommes qui sont restés là-bas (dans le maquis). Donc, il faut vraiment penser à ces gens-là, parce qu’il y a la pluie qui va bientôt arriver’’, a plaidé l’ex-otage qui était l’infirmière des démineurs. La voix empreinte d’émotion, elle a insisté :’’il faut penser à notre futur. Il faut que l’Etat sénégalais accélère les négociations pour la libération de nos frères, parce que la pluie va bientôt arriver ‘’. Concernant leurs conditions de détention, elle a renseigné que ‘’c’était très difficile à vivre’’, dans la mesure où ses camarades ne s’attendaient pas à un tel scénario, en quittant leur familles dans la matinée du lundi 3 mai dernier. Sophie Barro, la plus âgée des femmes libérées par les combattants du MFDC, a déclaré d'une petite voix, conséquence de la fatigue, qu’elle a vécu cette prise d’otage ''avec beaucoup de foi et de sérénité’’. 

‘’Ça s’est bien passé. Nous n’avons pas été inquiétés, mais ça n’a pas du tout été facile, comme toute arrestation. Le fait de rester tout le temps sur place, devant les mêmes visages, le même endroit, les mêmes problèmes, c’est stressant’’ a-t-elle renseigné. Entourée par des membres de sa famille qui sont venus l’accueillir, elle a fait savoir que les 12 démineurs n’ont pas été séparés par leur ravisseur, depuis le premier jour de leur kidnapping. ‘’C’est Dieu qui l’a voulu ainsi. Mais notre souhait à tous, c’est que nous tous retrouvions la liberté ensemble, comme nous étions partis ensemble. Mais aujourd’hui, j’éprouve un sentiment de satisfaction à moitié. Je serais satisfaite si tout le monde était libéré’’, a-t-elle relevé

. Mme Barro a profité de cette occasion pour lancer un appel au gouvernement du Sénégal et au MFDC, pour qu'ils trouvent un terrain d’entente pour la libération des autres démineurs. ‘’Parce que l’hivernage se pointe. Les conditions ne seront plus faciles. Il y a la pluie, les insectes, les reptiles et le stress’’ a-t-elle dit. Mme Barro a également plaidé pour un consensus entre le gouvernement du Sénégal et le MFDC pour permettre la poursuite du déminage humanitaire en Casamance.

 Fatou Diaw, s’exprimant en Wolof, a prié pour la libération rapide de ses collègues encore détenus dans le maquis par des combattants de César Atoute Badiate. ‘’Je souhaite que le gouvernement du Sénégal s’implique le plus tôt possible pour la libération de nos camarades, parce que l’hivernage pointe à l’horizon’’, a-t-elle insisté.