Ramadan rime avec bienfaisance et générosité. Dans les  rues de la banlieue, des jeunes ont trouvé cette géniale idée de collecter des fonds pour préparer du ndogou et servir gratuitement les passants au moment de la rupture du jeun. Cependant, ils ont été joints dans cet élan de solidarité par des personnes véreuses.Il y a des baye fall qui sont connus pour leur madial à outrance sur la voie publique. Calebasse à la main, ils rançonnent automobilistes et piétons avec désinvolture. Contrairement à ce type de madial, une autre race de baye fall se montre à la faveur du Ramadan. Ces jeunes collectent de l’argent avant la rupture. Mais en contre-partie, ils distribuent gratuitement un ndogou composé de datte, de pain et de café aux jeûneurs que la rupture a trouvés en pleine circulation.À quelques pas de la pharmacie Golf, au milieu du rond-point, Baye Fall comme l’appelle ses amis, s’affaire dans la préparation du Café Touba contenu dans une grande marmite. Un autre jeune qui l’appuie, attise le feu, ou s’occupe souvent à tartiner le pain avec du beurre. Membre du dahira Mame Cheikh Ibra Fall des Hlm Palmas, le petit groupe s’affaire entre une grande marmite, un bidon d’eau, quatre bassines, des plats avec du pain et une centaine de tasses pour servir à temps le ndogou aux usagers de la route. Ce geste qu’ils disent faire durant tous les mois de Ramadan et cela depuis trois ans.Vers 19 heures, sur l’allée de la pharmacie Golf, deux jeunes garçons, calebasse à la main, balance une pièce de 100 francs et de 25 francs qu’ils ont «soutirées» aux passants. Ils se faufilent entre les cars rapides et les bus Tata, invitant les passagers à honorer leurs calebasses. Tout cela se fait dans un concert de pièces qui agace certains passagers gagnés par la faim et la soif. D’ailleurs, il y en a qui rouspètent. «ñi ño soof. Chauffeur démarre, il est presque l’heure de la rupture du jeûne», laisse entendre un passager du Tata de la ligne 30. D’autres plus tolérants et touchés par le geste de ces jeunes leur jettent des pièces de 50 ou 100 francs «Ce n’est pas facile. Ce qu’il font ne peut être supporté par tout le monde. Jeûner et collecter le ndogou pour d’autres». Pourtant, Modou Fall, un de ces jeunes Baye Fall n’est pas jeûneur. Pour lui, le madial lui permet de compenser son Ramadan, car il ne peut pas jeûner. «Je me fais appeler Modou Fall jarbari Khelcom ja. Je pose cet acte chaque jour pour compenser mon incapacité d’honorer le jeûne. Mais  aussi pour offrir le ndogou aux plus démunis et aux usagers de la route», argue Modou Fall.Interpellés sur la destination de l’argent qu’ils collectent, ces jeunes qui arpentent les rues de Grand Yoff, Parcelles assainies ou Guédiawaye, indiquent que c’est pour le prix du sucre, du pain et des tasses à jeter. À côté d’eux d’autres jeunes s’y mêlent mais pour leur propre compte. Ce jewriñ fustige l’attitude de jeunes véreux qui à l’approche de la rupture prennent leurs calebasses pour sillonner les rues à la recherche de pièces pour leur propre poche. «Ces gens-là ne croient en rien. Ce sont des fumistes», accuse Baye Fall.