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Pourquoi Bitèye a pris pour cible le Palais

Auteur: Daouda MINE

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Si Djibril Bitèye a pris pour cible le palais, c’est pour attirer l’attention sur lui. Pour pousser les autorités à se pencher sur son cas. En effet, dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 juillet 2005, les populations de l’Unité 26 des Parcelles assainies et de la Cité Keur Damel ont été réveillées, vers 2 heures du matin, par un coup de feu retentissant. Sur place, un homme en tenue, d’une masse musculaire impressionnant, un M16 à côté de lui, gise par terre, baignant dans une mare de sang. A côté, un taxi est garé et son conducteur, habillé d’un caftan beige, adossé sur la portière avant du véhicule, attendant les policiers des Parcelles assainies.
 
 Le défunt sera identifié, plus tard, comme étant M. D., un militaire du bataillon des commandos en service au camp militaire de Thiès. Il était à la tête d’une bande de cambrioleurs et venait de dévaliser la boutique du coin. C’est en battant en retraite qu’il est tombé sur le taximan Djibril Bitèye. Après l’avoir mis en joue, l’automobiliste a profité d’un moment d’inattention du soldat pour le ceinturer. Une lutte acharnée s’en est suivie et une balle de 9 mm s’est extirpée du M16 du commando, a ricoché sur l’asphalte avant de l’atteint à la tempe. Le militaire titube et s’affale pour se vider de son sang, passant de vie à trépas. Le corps sera acheminé à la morgue et la police des Parcelles assainies a ouvert une enquête. A l’époque, l’actuel commissaire de Mbour, le commissaire Mamadou Lamine Niang, était à la tête de la police des Parcelles. Le lendemain, il est dessaisi au profit de la brigade prévôtale. Deux jours après, après avoir été auditionné sur procès-verbal, Djibril Bitèye reçoit un coup de fil d’un nommé Diarra, membre des services de renseignements. «Lorsque je me suis rendu dans leurs locaux près de l’hôpital Le Dantec, il m’avait félicité de ma bravoure et avait promis que l’Etat allait me décorer, me soigner et m’indemniser», nous avait confié Bitèye. Le 12 septembre 2005, le taximan dépose une plainte auprès du Procureur de la République. 
 
Deux mois plus tard, il est convoqué par la brigade prévôtale et auditionné. Mais quelques mois après, il est informé que le dossier est classé sans suite. Il adresse alors un courrier au procureur général le 12 juillet 2008. Correspondance qui reste sans réponse. Il écrit au Chef d’état major des armées qui lui répond que c’est un dossier judiciaire auquel il ne peut s’immiscer. Il se rabat sur le Haut commandant de la gendarmerie le 16 mars 2009 qui l’oriente vers la brigade prévôtale. Ne se décourageant pas, il écrit trois correspondances au Médiateur de la république, sans réponse. C’est alors qu’il saisit le président de la République de six lettres. 
 
Mbaye Diack, le secrétaire général adjoint de la Présidence, lui répond que son dossier sera transmis aux services compétents. C’est ainsi que, après avoir épuisé toutes les voies de recours et informé la Raddho et l’Ondh de son cas, il a alors décidé de régler à sa manière son problème. «Citoyen sénégalais qui a été agressé par un élément de l’armée nationale, je traine des graves séquelles qui m’empêchent de travailler car je suis très diminué. Non seulement on ne m’a pas pris en charge, mais je reçois des menaces pour me contraindre à abandonner les poursuites. Je ne souhaite qu’une chose : qu’on me rétablisse dans mes droits», nous a-t-il dit dans une correspondance qu’il nous a fait parvenir. En désespoir de cause, il n’a trouvé d’autres moyens pour se faire entendre que de lancer son outil de travail sur les grilles du palais.
Auteur: Daouda MINE
Publié le: Jeudi 17 Mars 2011

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