L’Afrique subit les contrecoups de ce qui se passe dans les pays développés notamment les changements climatiques, la transition écologique. C’est de grandes batailles qui se déroulent aujourd’hui en Occident. Elles sont décalées il y a deux ou trois siècles de la période d’industrialisation de l’Europe ou de l’Amérique, elles ne peuvent donc pas être répertoriées en Afrique. Le choix des sujets de la recherche pose problème et il faut que le pays soit en mesure de fournir au paysan, cultivateur, pêcheur, ce dont il a besoin. Il faut dans ce cas orienter les recherches vers ces domaines respectifs. Du moins, selon l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Mary Teuw Niane s’exprimait, dans le cadre d’un panel sur le développement et la décolonisation de la recherche en Afrique francophone. La rencontre a été organisée par African Population and Health Research Center (APHRC) qui célébrait en même temps ses 20 ans de recherche. « On nous interdit presque de le faire et que d’une certaine façon on se soumet. Parmi ces domaines, il y a les Organismes génétiquement modifiés (Ogm), le nucléaire. Je le dis, parce que je confesse devant vous. Étant ministre, j’ai convoqué nos chercheurs qui travaillaient dans ces domaines-là pour leur dire ce que nous pouvons faire pour le Sénégal. Je vous assure qu’ils avaient peur de me parler. C’est la même chose quand je parlais du nucléaire. Et nous oublions que ces questions-là sont au cœur de la résolution de beaucoup de problèmes » a expliqué le professeur. En effet, nos médicaments sont fabriqués à partir de ces produits-là, des bactéries modifiées permettent de produire des médicaments, dit-il. S’agissant du nucléaire, « il a permis au Sénégal d’éradiquer la mouche tsé-tsé. Au niveau des Niayes, le nucléaire permet de fabriquer des semences de sorgho, des rayons isotopes avec une durée de vie très courte pour le traitement du cancer qui est d’ailleurs le seul traitement qui existe réellement. Dès qu’on parle de ces choses-là, les gens ont peur. Je pense que les chercheurs africains en parlant de la décolonisation doivent aussi se décomplexer par rapport à ces questions. Vous ne pouvez pas faire de la recherche de qualité en vous enfermant entre Africains. Il faut faire très attention à cela. On accepte entre médiocres de s’auto évaluer ». Par ailleurs, le professeur Niane note « qu' il faut collaborer avec les différents centres de recherche, différentes universités à travers le monde. Et, c’est à partir de ces échanges, dans ces types de partenariat que la recherche peut se développer et l’ambition d’un Africain comme celle d’un Chinois, c’est de publier dans les meilleures revues du monde, mais de bâtir des revues africaines avec des standards au niveau international. Si votre recherche ne vous site qu’en Afrique, vous n’existez pas d’abord. »Aujourd’hui, il y a des enjeux liés à la biologie moléculaire qui est au cœur de la prise en charge des maladies telles que la Covid-19. Mais si nous sommes absents dans ces domaines-là, c’est compliqué selon l’ancien ministre Mary Teuw Niane. « Si on est absent dans les domaines du numérique, où on modélise le système, le changement climatique, on modélise l’inter relation océan, atmosphère, terre, etc. Si on est absent de cela, on est absent des grands enjeux scientifiques ». Il ajoute qu’ il y a des gens qui veulent toujours désorienter des chercheurs vers des domaines dits faciles en réalité qui sont des domaines marginaux par rapport au développement de la science et de la technologie.
Auteur: Yandé Diop
Publié le: Samedi 24 Juin 2023
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