Le coordonnateur du Collectif interministériel des agents de l'Administration, Omar Dramé, est monté au créneau pour alerter sur les multiples blocages qui freinent l'efficacité du service public sénégalais. Il a plaidé pour une réforme en profondeur de l’Administration, basée sur la formation, les moyens, la digitalisation et la fin de la politisation.
"On ne peut pas véritablement demander aux agents de l’Administration de produire des résultats sans mettre à leur disposition les outils, les moyens et surtout une bonne formation", a-t-il déclaré d’emblée.
Selon lui, les procédures lourdes et archaïques continuent de pénaliser l’action publique. Dans un monde en pleine mutation, il estime urgent de raccourcir les délais administratifs et de digitaliser les services, saluant les efforts engagés dans ce sens par le gouvernement. "On ne peut plus attendre des semaines ou des mois pour traiter un dossier. L’efficacité administrative repose aujourd’hui sur des outils numériques modernes", dit-il.
Transparence et corruption : les maux d’une Administration négligée
Le manque de transparence dénoncé par les plus hautes autorités, notamment le Premier ministre, trouve, selon Dramé, son origine dans les conditions précaires des agents. "Un agent mal rémunéré, mal encadré, devient vulnérable à la corruption. Avant d'exiger des résultats, l’État doit d’abord garantir aux agents un environnement professionnel adéquat", martèle-t-il.
Il cite l’exemple du secteur agricole, pourtant prioritaire dans la stratégie nationale d’autosuffisance, mais qui ne bénéficie pas de financements suffisants. « Le Protocole de Maputo préconise 10 % du budget national pour l’agriculture. Nous sommes loin du compte. Comment espérer des résultats dans ces conditions ? ».
Un autre point soulevé demeure la mauvaise affectation des agents après leur recrutement. Même si la Fonction publique procède selon les diplômes, il arrive souvent que les profils soient mal orientés, faute d’un véritable dialogue entre les ministères et les recruteurs. "Certains agents se retrouvent dans des ministères où leur profil n’a aucun lien avec les besoins du service. Il faut revoir ce système", assure M. Dramé. Il propose de renforcer la méthode de sélection par appels à candidatures internes, qui permettrait de recruter les meilleurs profils en toute transparence.
Politisation de l’Administration : "une catastrophe"
Enfin, Omar Dramé a dénoncé la politisation rampante de l’Administration, qu’il qualifie de véritable menace pour la stabilité et la performance de l’État. "L’Administration doit être neutre. Les politiques passent, l’Administration reste. Si on politise la gestion, c’est toute la structure étatique qui s’effondre", indique Oumar Dramé.
Pour lui, la réforme du service public ne sera efficace que si elle repose sur une approche participative, centrée sur le renforcement des compétences, le respect des carrières et la valorisation des agents à tous les niveaux.
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