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GASTON MBENGUE, PROMOTEUR DE LUTTE «Il y a beaucoup de vautours autour de l’arène»

Auteur: Futurs Medias

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Membre influent de l’Association des promoteurs en gestation, Gaston Mbengue revient sur les motivations qui ont poussé ses pairs au rassemblement. Il donne aussi la feuille de route. Une véritable fatwa.

Depuis mercredi, vous avez décidé de vous regrouper pour mieux faire face à la flambée des cachets des lutteurs. Comment est venue cette idée et qui en est l’initiateur ?

Personnellement, j’ai toujours affiché ma position. Je voyais le danger venir et j’avais tiré la sonnette d’alarme. Malheureusement, les gens ne voulaient pas me suivre. Mais, aujourd’hui, le mal est tellement profond qu’ils ne peuvent plus fermer les yeux. Car, il y a beaucoup de vautours autour de l’arène. Ces vautours passaient leur temps à nous diviser pour mieux régner. Ils faisaient croire à mes jeunes frères promoteurs que Gaston voulait seulement abuser d’eux. Mes jeunes frères ont compris et sont venus me voir pour me demander de convoquer une réunion parce que la situation est devenue difficile.

Je ne pense pas qu’on n’ait besoin d’Assise de la lutte pour résoudre des problèmes personnels. Nous fonctionnons par nos propres moyens et n’avons de compte à rendre à personne. C’est par élégance que nous appelons le ministre, le Cng et les managers de lutteurs à la table des négociations. Nous n’avons pas cette obligation. L’Etat du Sénégal devait être au premier plan de la lutte contre la hausse vertigineuse des cachets. Il ne l’a pas fait, mais nous avons eu la présence d’esprit de dire stop avant qu’il ne soit trop tard. Il faut aussi préciser que nous n’obligeons aucun lutteur à descendre dans l’arène contre son gré.

Bon sang, pourquoi devrons-nous être jaloux ou méchants par rapport aux lutteurs ? Ce discours est tenu par des lutteurs qui n’ont jamais touché 20 millions FCfa et sont à deux doigts de la retraite. Ils peuvent le dire aujourd’hui, mais il y a de cela quelques années, ils courraient après les promoteurs, le discours était différent.

En parlant de vautours autour de l’arène, vous faites allusion à qui ?

Ils sont nombreux. Je n’ai pas besoin de citer de nom. Ils ne sont guidés que par leur propre intérêt. Certains poussent les promoteurs à faire des folies et à prendre des décisions insensées. Pour un 50 mille, ils sont prêts à vous sacrifier. Aujourd’hui, chaque télé a au moins huit personnes qui s’occupent de la lutte, la discipline occupe une place de choix dans les journaux et même sur les sites Internet. Mais les promoteurs sont les seuls à subir les coups. Au nom de quoi, on veut nous imposer des choses ? Heureusement que mes jeunes frères ont compris maintenant. Cette guerre n’est pas la mienne parce qu’il ne me reste pas beaucoup dans l’arène, mais je vais la mener pour mes jeunes frères.

Il n’y a pas de fumée sans feu, ce regroupement ne renseigne-t-il pas sur vos difficultés à organiser des combats ?

Nous avons d’énormes difficultés. Les gens disent que les promoteurs ont hypothéqué leur maison. C’est un honneur. Il faut avoir un bien avant de penser à l’hypothéquer.

Votre association est-elle hiérarchisée ?

Pour le moment, c’est un regroupement où tout le monde est au même pied. Nous sommes des gens responsables.

«Le lutteur qui signera pour un promoteur un cachet de 80 millions le fera à ses dépens»

Un regroupement des promoteurs n’est pas nouveau. On en a connu dans le passé, mais ça n’avait pas eu les effets escomptés. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau pour qu’on puisse s’attendre à quelque chose de différent ?

Ce n’est pas pareil. Cette fois-ci, nous allons parler le même langage. La preuve, la réunion a été ouverte à la presse. Nous n’avons rien à cacher. Les gens qui veulent nous déstabiliser n’ont qu’à s’armer de courage. Le mouvement ne va pas s’essouffler.

Et si quelqu’un vous échappe ?

Je ne pense même pas à cette éventualité. Je suis un homme loyal et je pense que les autres seront animés de cet état d’esprit. C’est à l’état de projet, mais nous avons décidé de prendre des mesures contre tout lutteur qui s’aventure à signer des contrats avec un aventurier. Par exemple : le lutteur qui signe pour un cachet de 80 millions avec un autre promoteur qui n’est pas de l’association sera boycotté par les promoteurs qui la composent. Ce n’est pas encore effectif, mais si quelqu’un veut profiter de la situation en proposant un cachet de 80 millions FCfa, le lutteur qui signera pour lui le fera à ses dépens. Nous allons le boycotter pour de bon. Nous sommes en train de mûrir la réflexion.

La concurrence entre les promoteurs a hissé les cachets des lutteurs à ce niveau…

(Il coupe) Nous assumons notre part de responsabilité. La concurrence entre les promoteurs est à l’origine de tout. Aujourd’hui, nous avons fait notre autocritique et avons reconnu nos erreurs. Pour ne pas les répéter, nous avons pris des décisions.

«Les cachets varient entre 100 mille et 75 millions FCfa»

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous ne faites que des montages, mais c’est le sponsor qui paie ?

Balla Gaye 2 et Tyson qui ont tenu ce discours savent pertinemment que le cachet des lutteurs ne vient pas exclusivement du sponsor. Le sponsor leader, c’est Orange. Avec son package, je ne peux pas organiser plus de deux journées. En plus, j’épuise le budget avant de recevoir la globalité de la somme. C’est faux aussi de dire que c’est le sponsor qui choisit le lutteur. Le sponsor parle en termes de manifestation et de journée, libre au promoteur de discuter avec les lutteurs à même de donner satisfaction. Tout l’argent du sponsor ne peut pas être distribué à deux lutteurs alors que le promoteur a, par exemple, huit journées à organiser. Mieux, nos partenaires ont parfois d’énormes problèmes pour mettre la main sur certain lutteur. Deuxièmement, certains d’entre eux mènent une concurrence terrible aux jeunes promoteurs. Certains sponsors qui ne sont pas du calibre d’Orange signent directement des contrats avec les lutteurs.

Le cachet, vous l’avez plafonné à combien ?

Nous avons décidé de le plafonner à 75 millions FCfa. Pour le moment, nous n’allons signer aucun combat en vue de la saison prochaine. Certains avaient donné des avances, mais sont prêts à tout perdre.

Pour les ténors, vous avez plafonné à 75 millions et pourtant certains d’entre vous paient des sommes dérisoires aux jeunes lutteurs…

Nous avons catégorisé. Désormais, aucun lutteur ne touchera moins de 100 mille FCfa. Les lutteurs qui touchaient 40 mille FCfa auront désormais 100 mille FCfa. La première catégorie entre dans une fourchette de 100 mille à 10 millions FCfa. La deuxième de 10 à 20 millions FCfa. La troisième de 20 à 40 millions FCfa. Et la quatrième de 40 à 75 millions FCfa.

Votre plateforme n’épargne pas non plus le Cng et les télévisions…

(Il coupe) Nous allons demander à rencontrer le Cng pour revoir le règlement dans sa globalité. Nous avons beaucoup de respect pour eux, mais avons aussi notre mot à dire pour la bonne marche de la discipline. Le Cng a fait un travail énorme, mais une œuvre humaine n’est jamais parfaite. Dans la sérénité, nous allons essayer de la parfaire. Pour les télés, les droits nous appartiennent. Désormais, chaque promoteur va signer des contrats avec deux télévisions dont l’une aura l’exclusivité. Elle va donner le signal. Les autres vont discuter avec la télévision détentrice des droits pour avoir accès au stade. L’entrée d’une caméra sera payante en fonction du stade où la manifestation va se produire. Nous n’allons plus laisser les gens venir filmer gratuitement et aller exploiter les images sans payer.

Dans tout cela, pourquoi brandir la menace d’une année blanche ?

Nous n’allons pas faire d’année blanche, mais contraindre les lutteurs qui refusent les propositions à l’année blanche. Celui qui refuse un cachet de 75 millions FCfa connaîtra une année blanche. Le promoteur aura la possibilité d’organiser des combats parce qu’il a la possibilité de payer entre 100 mille et 75 millions FCfa. Des combats alléchants. Avec un budget de 200 millions FCfa, on peut organiser pour 40 lutteurs. Je suis un opérateur économique, avec 200 millions FCfa, je peux avoir 20 conteneurs de 40 pieds. J’aurais moins de problèmes.

Saliou Gackou

Auteur: Futurs Medias
Publié le: Mardi 03 Juillet 2012

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