1970 : « Mon baptême de l’air. Je prenais l’avion la première fois pour aller passer mes vacances en France. J’étais tellement heureuse que je n’ai pas dormi de la nuit. Le plus cocasse, c’est que, comme je tiens toujours à mon paraître, je me suis dit que ne descendrais pas à Paris sans prendre une douche.
Je suis allée dans la cabine de toilette avec mon gant pour prendre une douche, sans me rendre compte que l’eau coulait au dehors. Tout à coup, l’hôtesse a toqué à la porte et m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai répondu que je prenais ma douche. Ils ont tous éclaté de rire. «Prendre une douche dans un avion ?». C’était la première fois qu’il voyait cela. Une fois à Paris, je me suis rendue sur Les Champs-Elysées et une fois devant une boutique très cotée dénommée Clarence, j’étais excitée à la vue des belles chaussures. Cette boutique habillait les femmes de chefs d’Etat et des milliardaires de l’époque. J’étais devant la vitrine et je me suis dit que dès qu’un jour j’aurais de l’argent, je reviendrais pour acheter des chaussures. Quand j’ai ouvert «Shalimar», je m’y suis rendue pour acheter 3 paires de chaussures. Et en 1984, lors de mon premier passage à la télévision nationale (Orts actuel Rts), j’ai demandé au caméraman de faire un gros plan de mes chaussures escarpins qui, à l’époque, m’avaient coûté 200 000F cfa. J’avais toujours rêvé de posséder pareilles chaussures et Dieu, dans sa magnanimité avait exaucé ma prière.»
31 DECEMBRE 1981 : «Le 31 décembre 1981 : cette date marque l’ouverture du complexe Shalimar couture.
C’est une date qui m’a particulièrement marquée. Parce que ce jour-là, j’au eu un accident en me rendant au travail, précisément à l’Asecna, en compagnie de mon fils, qui allait encore au jardin d’enfant. J’ai pris place à coté du chauffeur laissant mon fils occuper le siège arrière.
Au croisement des rues 22 et 25, un violent choc failli tout faire basculer. J’ai entendu un grand fracas et senti une forte douleur au visage. J’ai entendu les cris de mon fils et les gémissements du chauffeur. Un camion venait de débouler sur notre gauche et avait heurté de plein fouet notre véhicule. En quelques secondes, je réalisais que ce jour-là j’ai frôlé la mort. Le chauffeur a eu 6 côtes et la jambe gauche fracturées. Mon fils, lui, avait une vilaine blessure à la tête.
Quand à moi, j’eus les mains déchiquetées par les bris de verres, une fracture au sternum ainsi qu’une ouverture au niveau du menton. Je suis restée clouée au lit pendant des jours et on me soulevait quand je devais effectuais le moindre mouvement. C’était très difficile, douloureux et extrêmement pénible.
Deux jours plus tard, mon patron, un gabonais, est venu me rendre visite. En voyant mon état, il m’a dit ceci : « Madame, vous avez donné de votre sang et vous allez vous faire un nom dans ce métier, croyez-moi »
A l’époque, je n’avais que deux vieilles machines dans mon garage. Et aujourd’hui, Dieu merci.»
15 JUIN 1983 : « Cette date coïncide avec le décès de mon père. Il s’est éteint à 17 heures et à 23h, j’ai accouché de mon 4e enfant. Je suis entrée dans la phase de travail dès qu’on m’a annoncé le décès de mon papa. Il était hospitalisé à l’hôpital Principal de Dakar. J’étais presque à terme mais cette mauvaise nouvelle a précipité mon accouchement. Mon père était mon grand ami. Mais ce qui m’a le plus chagriné, c’est que je n’ai pas pu voir mon père une dernière fois. Je n’ai pas non plus pu assister à ses obsèques alors que j’étais à Dakar parce que j’étais hospitalisée à la clinique. Et pourtant, c’est moi qui l’ai fait admettre à l’hôpital Principal l’avant-veille. Tout a été fait en mon absence. Cela m’a fait trop mal. Mais telle était la volonté du Tout Puissant et je l’ai acceptée. »
30 AOUT 1986 : «Cette date restera à jamais gravée dans ma mémoire parce qu’elle a vu naître l’unique fille que Dieu m’a donné. J’ai longtemps désiré cette fille. Mes premiers enfants étaient des garçons et je rêvais d’une fille. Quand j’ai accouché, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je faisais des va-et-vient entre ma chambre et la crèche pour vérifier si elle était toujours là, si on ne l’avait pas confondue avec un autre bébé. Une nuit, je suis allée à la crèche vers 4 heures du matin et j’ai trouvé l’infirmière sur place. Elle était tellement surprise qu’elle a crié avant de me rassurer en ces termes : «Mme Dieng, il faut vous reposer. Vous m’avez flanqué une de ces trouilles. Votre bébé est là, intacte et il ne lui arrivera rien.»
18 AOUT 1995 : «J’ai perdu ma mère, Dialla Gueye, à cette date. Je venais de finir la construction de ma maison sise aux Almadies et qui porte son nom. J’y ai emménagé en juillet 1995. Ma mère n’a passé qu’une seule nuit dans cette maison. Et le lendemain, vers 11h du matin, ses premières paroles, furent de dire qu’elle avait rempli sa part du contrat avec Dieu et qu’elle pouvait mourir tranquille maintenant. Elle a toujours prié pour que Dieu me rétribue les bonnes actions que j’ai toujours eues à faire. Elle était fière de moi parce que quand j’ai commencé à gagner de l’argent dans la couture, j’avais immédiatement pensé à construire une maison pour mes parents. Ce geste avait beaucoup touché ma mère et l’avait fortement marqué. C’est pourquoi, elle me disait toujours qu’elle ne serait pleinement heureuse que le jour où je construirais ma propre maison de son vivant, et qu’elle puisse la bénir et ainsi remplir son contrat envers Dieu. Ce même jour-là, vers 16 heures, alors qu’elle faisait ses ablutions pour la prière de « Takousane », elle fit un faux-pas et eut une fracture du fémur. Admise à l’hôpital, elle ne revint plus à la maison. Elle s’était éteinte et s’en était allée rejoindre mon regretté père. Ce matin du 18 août 1995, un vendredi, jour de mosquée, ce jour restera toujours gravé dans ma mémoire.
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