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Sukarou Koor, mba Niak sa Goro

Auteur: Maria et spechy

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Sénégalaises… sénégalaises… En ce mois béni du Ramadan, posons-nous et parlons de … soukarou koor. Nous le savons bien, qui dit Ramadan au Sénégal, dit Soukaou koor. Si l’expression ne te parle pas alors disons “Panier ndogou” qui est la forme la plus moderne du Soukarou Koor

Que celle qui ne s’est pas encore sentie agressée par ces nombreuses publicités (panneaux et spots publicitaires, publications facebook et même E-mails) sur les “Paniers Ndogou”, lève la main.

Selon la tradition sénégalaise, donner le “soukarou koor” revenait à offrir du sucre pendant le mois de Ramadan à certaines familles souvent démunies de son entourage. Au fil du temps, le soukarou koor est devenu l’affaire des femmes et s’est vu pratiquement réservé aux belles mères et belles sœurs. De ce fait, on ne se contente plus de sucre ou de riz, le soukarou koor est constitué d’un ensemble de cadeaux parmi lesquels on pourrait compter, la ration alimentaire, les tissus (basin riche ou Ganila, pas de khartoum s’il vous plait) et bien sûr n’oublions pas les sommes d’argent faramineuses.

Il n’y a aucun mal à faire plaisir à sa belle-famille, direz-vous. Certes, mais ce qui est choquant dans cette histoire vient du fait que bon nombre de ces dames qui la pratiquent en oublient la philosophie. Le soukarou koor n’est plus question de solidarité, générosité, il est devenu une obligation envers sa belle-famille. Et, les belles filles à leur tour ne lésinent pas sur les moyens pour répondre aux attentes du camp adverse. Ainsi, le Ramadan vient avec son lot de stress qui n’a rien à voir avec les privations qu’il nous impose; pour certaines femmes, comment faire pour ne pas se voir attribuer le palme de la “vilaine belle fille” est le vrai problème. Celles qui dérogent à la règle du soukarou koor sont souvent mal à l’aise car se sachant, pas à l’abri des piques de leurs belles mères. Alors quand elles n’en ont pas les moyens, elles sont prêtes à  s’endetter pour s’assurer la sympathie de ces dernières.

Hélas, cette pratique est tellement ancrée dans notre société que plus rien ne peut y mettre fin, pas même la pauvreté, pas même  la cherté de la vie.

Pendant que le mois du Ramadan est idéal pour se remettre en question, notamment sur  certaines pratiques de notre société, nous en profitons pour faire dans l’excès, le déraisonnable.

Pourquoi offrir un repas, des présents qui se facturent à des centaines de milliers de francs pour être dans les bonnes grâces de “Goro Sama” pendant que des personnes de notre entourage, ou pire, de notre  propre famille, peinent à trouver de quoi couper le jeun?

Et, quand les hommes s’y mettent à leur tour, nos chances de voir disparaître cette pratique s’anéantissent. Souvent, il arrive que le mari, soucieux de l’image de sa femme,  finance l’achat des cadeaux destinés à sa propre famille, se joignant ainsi à la mascarade. Oui, une vraie mascarade car  nous faisons semblant de sortir le sukarou koor de gaieté de cœur, par générosité ou altruisme alors que le seul but est de ne pas être pointée du doigt. Ce qui est malheureux, dans la plupart des cas, la personne qui fait l’objet de ces efforts n’est pas celle qui en a le plus besoin, vous  la trouverez en embonpoint, bien installée dans son fauteuil de “drianké”, ivre d’encens en vraie “ adja sénégalaise”.

Pour 2013, nous parlons encore de Soukaro kor ou Panier Ndogou mais qu’en sera-t-il des années à venir, sachant que la société sénégalaise n’a pas son égale en matière d’innovations futiles.

Auteur: Maria et spechy
Publié le: Vendredi 12 Juillet 2013

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