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Le football sénégalais, la seule constante sportive qui fait bouger les autorités

Auteur: asi24.info - Charles Faye

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Les aveux du président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Me Augustin Senghor, selon lequel le Premier ministre lui a demandé de se démettre à l’instar de nombreux fédéraux qui ont rendu le tablier après les émeutes du samedi 13 octobre au stade Léopold Sédar Senghor et la disqualification du Sénégal suite à l’arrêt de la rencontre dominée par la Côte d’Ivoire (0-2), confirment au moins une réalité au Sénégal, l’équipe nationale de football est la seule constante sportive qui fait bouger les autorités, quel que soit son niveau.

C’est à croire que le football peut déclencher une révolution, même si la défaite concédée contre la Côte d’Ivoire est à mettre plus dans l’actif de la bande à Didier Drogba que dans le passif de la Fédération sénégalaise de football. A moins que l’on juge que le Sénégal classé loin derrière les meilleurs d’Afrique est supérieur à la Côte d’Ivoire.

Si ce n’est le cas, alors pourquoi tout ce raffut, d’autant que le vrai problème était sur les gradins. Émeute suscitée par un nombrilisme désormais érigé en règle dans notre pays ?

Le président de la FSF ne se fait pas prier pour dire sa conception des choses et il est difficile de lui donner tort, même s’il y a à redire dans sa gestion du football global.

« Certains membres du Comité exécutif ont fait savoir que le Premier ministre les a appelés personnellement pour leur demander de démissionner et ils l’ont fait. Moi je dis que quand le navire est troué de l’intérieur par ses propres membres ou par d’autres, je préfère, en bon capitaine, être le dernier à le quitter », conteste-t-il, contrairement aux démissionnaires.

Louis Lamotte le premier à partir, Joseph Koto et Karim Séga Diouf limogés au terme d’une réunion marathon et le président de la FSF invité à se démettre par le Premier ministre, tiennent du précédé connu de la lessive à grande eau gouvernementale. Un triste tableau connu du football sénégalais à chaque lendemain d’élimination jugée inacceptable, fût-il face à la meilleure équipe africaine du moment et 16e mondial.

Pour un pays qui ne compte comme hauts faits de guerre footballistique qu’une finale de CAN et un quart de finale au Mondial, le tout en 2002, c’est quand même gonflé, osons le dire. Mais enfin, le foot sénégalais a tant atteint le fond et tant fait prétention d’un savoir gagner-qu’il ne possède pas qu’il ne sait pas qu’il est devenu la risée de la planète foot.

Du moment que la raison habituelle et de rigueur est à l’éternelle remise en question footballistique, pourquoi pas un « ndeup national » ?

Comme le disait récemment le très respecté Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille, dans l’émission « Les spécimens » de Canal Plus, le Sénégal n’a pas un ministre des Sports, encore moins un ministre du football, il a un ministre de l’équipe nationale de football.

Malick Gakou, omniprésent sur les toiles, à la télé et dans les journaux plus d’une semaine avant le match a fait savoir et montrer à qui voulait le voir qu’il a fait sienne la rencontre Sénégal-Côte d’Ivoire. Par conséquent, le résultat étant ce qu’il est, il doit être le premier à en tirer les conséquences.

Des ministres, plus éloquents et grands noms du sport sont partis pour moins que la descente aux enfers du samedi 13 octobre. La clameur publique et le déchaînement d’une presse sportive, bizarrement timide pour ne pas dire silencieuse à propos de Malick Gakou, avaient eu raison du juge Youssoupha Ndiaye, Daouda Faye, pour ne citer que ceux-là. Ce n’est pas le cas pour Gakou, tant mieux pour lui.

Notre réflexion se voulant plus plus pointue et se fixant un cadre qui dépasse les périmètres du seul terrain de football grand temps, nous rappelons aux autorités que le sport est un ensemble de disciplines que l’on décline en termes de jeux d’abord, d’enjeux géopolitiques ensuite, comme l’indiquent Yann Bernardini et Frédéric Moser dans une étude intitulée « Le Sport : entre jeux et enjeux géopolitiques ».

Avant l’enjeu se passe le jeu

Il y a un minimum requis sans lequel il ne peut être question d’enjeux géopolitiques si ce n’est de montrer à la face du monde sa propre faiblesse. Et cela, le gouvernement de Macky Sall et Abdoul Mbaye ne le veut point certainement.

Pour que le football serve de miroir du Sénégal et assure par ses performances la promotion d’une nation solidement campée sur des valeurs de « Jom, fit, faaida, koleree, teranga », le préalable doit être campé. Il faut dresser le projet du football qui va de la détection a l’élite, en passant par la formation, la pratique de masse, le football amateur, le football professionnel et la représentation internationale.

Le chemin du football est celui du sport global, il commence dans sa phase géographique pour sa pratique générale, devient omniprésent sur le littoral, dans la ville, les villages, etc. et assure la représentation et le support des marques à travers les compétitions nationales et internationales.

C’est à ce titre que le ministre du Sport doit veiller à la pratique massive, démocratique du sport. La règle du jeu global avant l’enjeu géopolitique. Le ministre ne peut se substituer au délégataire auquel il donne les moyens afin que la Nation se serve de l’exploit pour s’affirmer dans le concert des nations.

L’autorité des Sports en collaboration avec les Finances et l’Economie crée les conditions de motivation et d’obligations de résultats grâce au cadre qu’il a mis en place, qui permet au sport d’agréger autour de lui et du football en particulier l’arsenal d’industries et de valeurs politiques.

Le projet sportif en tant que tel est attendu par les pratiquants tout comme les supporters qui se rassemblent les week-ends pour vivre et partager leur passion commune dans les meilleurs conditions de jeu et d’accueil. Voilà les terrains sur lesquels sont d’abord attendus les autorités avant que ne se posent la question tout essentielle des enjeux.

Le Président Senghor fait bien de le rappeler, même s’il faut lui rappeler qu’il est soumis à des résultats dans le champ de la massification du football et de l’élite. Idem pour son patron qui comme ses prédécesseurs est plus ministre de l’équipe nationale de football.

Par Charles FAYE

Auteur: asi24.info - Charles Faye
Publié le: Samedi 27 Octobre 2012

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