Des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans le calme à Tambacounda, dans l'est du Sénégal, pour exiger la libération d'un opposant au régime du président Abdoulaye Wade emprisonné dans cette ville, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les manifestants, venus à l'appel du M23 qui regroupe une soixantaine d'organisations de la société civile et de partis politiques, ont défilé, sous forte surveillance policière, dans les rues de la ville pendant près de trois heures aux cris de Libérez Malick Noël, considéré comme un prisonnier politique.

Malick Noël Seck, dirigeant de Convergence socialiste, mouvement affilié au Parti socialiste (PS, opposition), a été condamné le 20 octobre à deux ans de prison ferme pour menace de mort et outrage à magistrat. D'abord incarcéré à Dakar, il a ensuite été transféré à Tambacounda.

M. Seck avait remis le 10 octobre au Conseil constitutionnel une lettre dans laquelle il estimait immorale la candidature de Wade et dénonçait le silence des cinq magistrats du Conseil à ce sujet, menaçant d'organiser des manifestations devant le Conseil constitutionnel à Dakar.

Une des responsables de son mouvement à Tambacounda, Yeya Diallo, qui lui a rendu visite en prison récemment, a affirmé qu'il était très fort physiquement, mais que ses conditions de détention étaient indignes. Il est dans une petite cellule avec un autre détenu, a-t-elle rapporté à l'AFP.

Les manifestants ont également exigé du chef de l'Etat qu'il ne se représente pas pour un nouveau mandat à la présidentielle de février 2012, comme il en a exprimé l'intention.

En fin d'après-midi, les partisans du président Wade, beaucoup moins nombreux, ont également marché dans Tambacounda, emmenés par le maire de la ville, Oury Ba, membre du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) et le ministre de l'Economie maritime, Khouraïchi Thiam.

Il n'y a pas d'oppostion à Tambacounda, a déclaré M. Thiam, affirmant que le chef de l'Etat était un démocrate et que, si par extraordinaire l'avis du Conseil constitutionnel était contre la volonté des 90% de Sénégalais en décident de ne pas valider sa candidature à la présidentielle, il se retirerait.

Abdoulaye Wade, 85 ans, a été élu une première fois en 2000 pour sept ans, puis réélu en 2007 pour cinq ans après une modification en 2001 de la Constitution instituant un quinquennat renouvelable une fois. En 2008, le septennat a été rétabli.

Ses opposants, dont le M23, affirment que son troisième mandat est anticonstitutionnel, ses partisans affirment qu'il s'agit d'un second quinquennat légal, le décompte ne devant se faire qu'à partir de 2007, sur la base de la nouvelle Constitution adoptée en 2001.

Le Conseil constitutionnel doit publier la liste des candidats autorisés à se présenter 29 jours avant le scrutin présidentiel, dont le premier tour a été fixé au 26 février 2012.