Selon Europe 1, quatre suspects ont pénétré dans le musée vers 11h30 ce matin, se faisant passer pour de simples visiteurs, lunettes noires vissées sur le nez. Tandis que deux d'entre eux ont feint une dispute pour faire diversion, deux autres ont soudainement sorti couteaux et marteaux de leur poche et brisé le plexiglas recouvrant l'oeuvre avant de la lacérer vigoureusement. Ils s'en sont ensuite pris à un deuxième cliché représentant une religieuse en pleine prière, «Soeur Jeanne Myriam», du même artiste. Trois gardiens ont alors tenté de s'interposer. Mais ils n'ont rien pu faire. D'après le musée, les vigiles ont été «molestés» et «menacés physiquement avec le marteau».  «Je suis persécuté au téléphone. J'ai reçu 30 000 mails des intégristes»Le collectionneur des lieux, Yvon Lambert, est encore sous le choc. «C'est incroyable. Deux oeuvres foutues pour toute cette histoire, ça devient insupportable.» Depuis l'inauguration de son exposition intitulée «Je crois aux miracles» le 12 décembre dernier, il a dû faire face à plusieurs menaces et moyens de pressions pour retirer l'oeuvre de Serrano. «Je suis persécuté au téléphone. J'ai reçu 30 000 mails, je n'exagère pas, 30 000 mails des intégristes. Cette ignorance, cette intolérance... c'est le Moyen Age qui revient à grand pas !» s'emporte-t-il.  Une indignation partagée par le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand, qui a condamné «une atteinte à un principe fondamental, celle de la liberté de création et d'expression qui s'inscrit dans le cadre de la loi».  Des signalements des quatre suspectsSamedi, des manifestants s'étaient rassemblés devant le musée, indignés que la photo qu'ils qualifient de «blasphématoire» puisse figurer dans une telle collection. Le 7 avril, l'évêque d'Avignon, en personne, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, avait lui aussi demandé le retrait de l'oeuvre, dénonçant un cliché «odieux» qui «bafoue l'image du Christ sur la croix, coeur de notre foi chrétienne».  La Fondation Lambert a décidé de porter plainte pour la destruction des deux oeuvres. Les gardiens qui ont tenté de s'interposer ont eux aussi déposer une plainte pour agression. Si les quatre suspects courent toujours, les policiers auraient déjà recueilli des signalements permettant de faire le rapprochement avec certains des manifestants présents samedi devant le musée d'Avignon.