L'option que vous avez prise de battre campagne en faisant du porte-à-porte, comment comptez-vous la dérouler?
Je dispose à Thiès de suffisamment de relais pour qu’une fois que j’aurais fait certains points focaux, le message soit bien relayé. Ce message est très simple. Il s’agit donc pour moi, de m’appuyer sur ces relais et de le faire transmettre dans les coins et recoins de Thiès. Il sera lancé à partir d’un peu partout à Thiès, mais le message en question s'adresse en réalité aux Sénégalais.
Au-delà de cette campagne de porte-à-porte, quels autres types d’actions comptez-vous mener ?
A côté de cette campagne de porte-à-porte, je participe aussi à la campagne nationale du candidat de «Benno Bokk Yakaar», Macky Sall. Le mouvement «Yamale» fait partie intégrante de ce grand rassemblement de «Benno Bokk Yakaar» qui est constitué par les coalitions qui étaient candidates au premier tour de l’élection, ainsi que la société civile et les mouvements citoyens qui s’étaient impliqués dans le combat contre la candidature illégale de Wade.
Entre les malheurs que vous avez subis du régime et les considérations objectives, qu'est ce qui l'emporte sur votre choix, pendant votre campagne, de mettre un accent particulier sur les scandales dans les infrastructures?
La première raison qui explique ce choix, c’est que je parle de choses que je connais. J’ai horreur de parler de choses que je ne connais pas. La deuxième raison, c'est que justement, ce n’est pas moi qui ai choisi ce thème de campagne. C’est le non-candidat Wade qui a choisi ce thème, comme étant le point central de son bilan. Parce qu’il dit : «jugez-moi sur mon bilan». Et ce n’est même pas son bilan, parce qu’il est en fait aussi son programme. Il demande qu'on le laisse terminer ses chantiers entre guillemets. Ces chantiers d’abord ne lui appartiennent pas et les chantiers, ce sont des chantiers du Sénégal. Donc, ce sera toujours aux Sénégalais de les terminer. Donc ce n’est pas moi qui ai choisi ce thème de campagne. C’est Wade luimême qui l’a choisi, comme étant l’élément principal de son bilan, mais aussi de son programme. Donc je vais lui porter la réplique sur ce thème précis qui, comme je l’ai dit tantôt, est un thème que je connais. Il s’y ajoute une troisième raison qui est que nous sommes à l’épicentre géographique que constitue Thiès avec un thème qui a préoccupé, pendant longtemps, le débat politique du Sénégal. C’est ici que se sont passés les chantiers de Thiès, donc je pense qu’on ne peut pas occulter le thème des infrastructures à Thiès.
Parallèlement à votre campagne, vous allez en battre une autre en collaboration avec Idrissa Seck. En quoi cela va-t-elle consister ?
Ce sera très simple. Idy a toujours dit d’une manière générale, avec nous dans le cadre du M23, non à un troisième mandat de Wade. Il a dit qu’il s’en tenait à ça et justement celui qui incarne l’empêchement principal, le principal levier sur lequel nous devons nous appuyer pour qu’il n’y ait pas un troisième mandat de Wade, se trouve être le candidat Macky Sall au deuxième tour. Donc la conséquence logique est que, nous continuons ce combat à travers ce deuxième tour. Et il l’a affirmé, il va le faire, je vais le faire, Macky va le faire. C’est normal qu’on se retrouve ensemble sur ce thème précis. Et c’est pourquoi j’ai affirmé que nous allons battre campagne. Il est en train de le faire. Il a réuni ses troupes, il leur a donné des consignes. Moi aussi j’en ai fait de même et nous allons nous retrouver sur le terrain le jour où Macky Sall sera de passage à Thiès comme nous l’avons été à Dakar à chaque fois que les leaders se retrouvaient.
La grande offensive de charme des responsables du pouvoir pour faire gagner Wade à Thiès Wade ne vous fait-il pas un peu peur ?
Bon, ils sont dans leur rôle. Ils sont aussi en campagne, mais il s’agit de présenter des arguments contre d’autres. Moi je ne sais pas quels thèmes ils peuvent apporter pour faire élire leur candidat Wade. Ils emploient les arguments qu’ils peuvent pour donner leur produit périmé de 86 ans, leur produit qui a fait ce qu’il a fait à Thiès, qui a avoué publiquement, ici, que c’est luimême qui a arrêté exprès les chantiers de Thiès. Et que cela ne dépendait que de lui pour appuyer sur un autre bouton pour que ça reparte. Je pense qu’ils ont un produit qu’il sera très difficile de vendre aux Thiesssois. Maintenant s’il s’agit de folklore et de tapage, sur ce plan-là, ils ne trouveront pas de concurrents. Parce que nous avons décidé de ne pas en faire. Nous avons décidé de véhiculer un message clair et objectif aux Thiessois. Maintenant de l’autre côté, ils peuvent faire le tapage qu’ils veulent, les gens apprécieront.
Vous ne semblez visiblement pas douter un seul instant que Wade perdra de nouveau à Thiès ?
Non du tout, je pense que les gens qui ont voté au premier tour ici à Thiès contre Abdoulaye Wade, vont en faire de même. Je ne vois pas quels arguments ils peuvent apporter, pour que ces mêmes personnes votent pour Wade. Au contraire, c’est moi-même qui espère avec les explications que je donnerai comme je l’ai dit à mes amis du Pds, ils vont adhérer à mon message. Moi je ne leur demande pas de quitter le Pds, qu’ils soient Pds, Apr, Rewmi ce n’est pas ça qui est important. J’ai envie de dire à mes parents, à mes amis, aux Thiessois qui m’ont soutenu de tout bord, que leur soutien doit se traduire en actes concrets. Je pense bien au contraire que ceux qui avaient voté pour Idrissa Seck au premier tour, vont être attentifs au discours que je vais tenir.
Idrissa Seck et vous travaillez-vous à sécuriser vos votes, vu la détermination affichée par le pouvoir à inverser les tendances à Thiès ?
Le pouvoir est prêt à arracher le suffrage des Sénégalais, c’est différent. Ils ont essayé au premier tour en fabriquant des résultats, ils ne vont pas baisser les bras. Il ne leur reste en fait que cette possibilité. Mathématiquement, objectivement, politiquement, Wade n’a pas de possibilités pour gagner. Donc, il ne leur reste que cette possibilité à côté de celle qui consiste à perturber peut-être le scrutin. Ils vont essayer de créer les conditions pour que la volonté populaire soit détournée. Et là, rassurez-vous, nous sommes très vigilants. Et nous, les citoyens d’une manière générale, les pouvoirs publics, les observateurs, tout le monde est vigilant pour que le scrutin se déroule de la manière la plus fiable, la plus représentative possible et que le résultat annoncé soit celui sorti des urnes.
La circulation des gourdins qui est un sujet à l'ordre du jour, ça ne vous fait pas peur ?
Des voix autorisées se sont élevées, j’ai entendu le président du Sénat, j’ai entendu plusieurs responsables politiques et je me joins à eux, pour dire que c’est un domaine qui ne nous concerne pas directement. Il concerne des gens qui sont payés à faire respecter l’ordre public et à faire respecter la loi. Je crois qu’ils vont le faire très bien, parce qu’il y a quelques semaines, ils ont eu à fouiller le véhicule de Malick Noël Seck pour prendre des gourdins et ce qu’ils appelaient des armes blanches pour le traduire en justice. J’espère que la même vigilance et la même objectivité vont les guider pour que tous ceux qui sont là, au vu et au su de tout le monde, en train de confectionner ces armes blanches, soient traités de la même façon. Nous pensons que cet Etat de droit, que nous voulons pérenniser et dont nous croyons encore à l'existence, va s’exercer par rapport à ces gens-là.
Une campagne ne se fait pas sans moyens et vous, vous êtes au chômage avec la destruction de votre entreprise. Comment allez-vous assurer le financement de vos activités ?
Il y a une différence grande. Les moyens que nécessite notre campagne à nous, nous avons largement la possibilité de les mobiliser et nous sommes en train de le faire. Il s’agit de se déplacer, de prendre en charge notre logistique. Nous le faisons très bien. Parce que nous avons quand même nos ressources propres qui sont là. Maintenant si vous pensez à ce que les gens appellent les moyens entre guillemets que déploient ceux qui utilisent les ressources de l’Etat, où ceux qui utilisent d’autres méthodes par rapport aux populations, nous ne sommes
pas concernés. Parce que ce n’est pas notre approche. Je pense qu’il ne coûte pas grand-chose d’aller voir les populations, de se mettre en face d’elles et de leur parler. Ce que nous sommes en train de faire, le peu de moyens que ça coûte est largement à notre portée. Donc il ne se pose pas un problème de moyens de campagne à notre niveau.
Quelle sera la partition du mouvement «Yamale» dans le combat contre «l’achat de conscience», fortement dénoncée actuellement ?
En fait la partition du mouvement, je pourrais la placer dans le cadre global de la lutte citoyenne que nous sommes en train de mener, c'est que les gens aient des réflexes citoyens. L'«achat des consciences» nous le plaçons dans le cadre de la corruption qui est un sous-point de notre lutte. Un mal que nous avons vécu nous-mêmes à titre personnel et professionnel. Nous le plaçons aussi dans le cadre général qui est partagé d’ailleurs. Et je m’en réjouis, car d’autres mouvements citoyens se sont levés pour mener le même combat en marge des politiques. Nous ne pouvons pas avoir le monopole de la vertu. Cette vertu nous devons aussi la voir au niveau des politiques. Donc nous pensons partager cet élan-là avec d’autres organisations comme nos jeunes frères du mouvement «Y en a marre». Ils font un boulot admirable dans le civisme. Le nouveau type de Sénégalais dont ils parlent, nous en faisons nous aussi notre objectif. Ne pas jeter des papiers par terre, ramasser les ordures, tout cela participe de ce combat citoyen qui aussi comporte des aspects économiques. Que nous sachions que ce pays ne sera construit que par ses fils. Tout cela fait que nous ne pouvons pas stigmatiser un point particulier. Nous menons un combat citoyen global et nous pensons qu’au-delà de ces échéances, nous pouvons développer à partir de maintenant des actions pour que les dégâts que ce régime a causés au niveau de ce pays soient réparés. Parce que ça aussi, c’est un très grand chantier à côté des chantiers économiques.
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