La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, est convoquée fin mai par la Cour de justice de la République pour s'expliquer sur son rôle dans l'affaire Tapie, a-t-on appris jeudi auprès de son avocat. À l'issue de son audition, l'ex-ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy sera soit mise en examen, soit placée sous statut de témoin assisté, a-t-il précisé. "Je confirme que c'est fin mai", a dit à Reuters Me Yves Repiquet, confirmant une information du site Mediapart. "C'est un non-événement. Depuis le 4 août 2011, il était normal qu'elle soit entendue", a-t-il ajouté. "Je ne suis pas du tout la gorge nouée." L'ancien bâtonnier n'a toutefois pas souhaité préciser la date précise de sa convocation. Mediapart évoque le 23 mai. Un porte-parole du FMI a refusé mercredi soir de commenter une affaire judiciaire en cours. "Le comité exécutif a été mis au courant de cette affaire, y compris récemment, et continue à exprimer sa confiance dans la capacité de la directrice générale à mener à bien ses missions", a-t-il dit. Une procédure visant Christine Lagarde est ouverte depuis l'été 2011 à la Cour de justice de la République, seule habilitée à traiter des délits concernant des ministres dans l'exercice de leur fonction, pour complicité de détournement de fonds publics et de faux. En 2007, alors ministre de l'Economie, elle a choisi de solder par un arbitrage privé un litige judiciaire concernant la revente en 1993, par le Crédit lyonnais, d'Adidas, contrôlé par l'homme d'affaires Bernard Tapie. Le tribunal arbitral, instance privée, avait condamné en juillet 2008 le Consortium de réalisation (CDR), structure créée en 1995 pour gérer le passif du Crédit lyonnais après sa quasi-faillite, à verser à l'homme d'affaires 285 millions d'euros d'indemnités, dont 45 millions à titre de préjudice moral (403 millions d'euros avec les intérêts). "ELLE NE PEUT PAS RESSORTIR COMME TÉMOIN" La directrice générale du FMI, dont le domicile a été perquisitionné fin mars, a démenti toute malversation et a exclu de démissionner. "Mme Lagarde aura (...) enfin l'occasion d'apporter pour la première fois à la Commission les explications et précisions qui l'exonèrent de toute responsabilité pénale", estime dans un communiqué Yves Repiquet, ancien bâtonnier de Paris. "Pour pouvoir être ainsi entendue, Mme Lagarde avait souhaité, dès décembre 2011, que le conseil d'administration du FMI lève à cette fin l'immunité attachée à sa fonction", rappelle-t-il. Un ancien ministre ne peut être entendu comme simple témoin, et sa convocation signifie qu'il sera soit placé sous statut de témoin assisté, soit mis en examen, confirme une source judiciaire. Il n'a toutefois pas souhaité donner de précisions sur le contenu de sa convocation. Celle-ci donne souvent des indications sur le statut envisagé par les juges, dit-on de source judiciaire. Les décisions de la Cour de justice de la République sont susceptibles d'un pourvoi en cassation. Des élus du centre et de gauche ont reproché à Christine Lagarde d'avoir choisi la voie d'un arbitrage privé pour régler ce litige, y voyant une "faveur" politique à l'égard de l'ancien ministre de François Mitterrand, qui avait surpris en soutenant Nicolas Sarkozy en 2007 lors de l'élection présidentielle. Les domiciles de son directeur de cabinet de l'époque, Stéphane Richard, actuel PDG de France Télécom, et de Bernard Tapie ont été perquisitionnés, ainsi que les domicile et cabinet parisiens de Claude Guéant, secrétaire général de Nicolas Sarkozy à l'Elysée au moment des faits. Outre la procédure visant Christine Lagarde, le parquet de Paris a ouvert en septembre dernier une information judiciaire pour "usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit" dans cette affaire.
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