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Sidy Lamine Niass (Pdg de Walf) : «Macky Sall n’est pas fidèle en amitié»

Auteur: Pape NDIAYE

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La défenestration de Mbaye Ndiaye, d’Alioune Badara Cissé et d’Ibrahima Sall est la parfaite illustration que le président Macky Sall n’a pas le sens de la fidélité en amitié, selon Sidy Lamine Niass. Parce que, pour lui, on ne se sépare jamais de ses amis avec qui on gouverne. Le Pdg du groupe Wal Fadjri s’attend également à un autre réaménagement ministériel, puisque convaincu que le chef de l’Etat n’a pas encore trouvé la bonne équipe capable de dérouler son programme «Yonou Yokouté».

Raisons du limogeage de Mbaye Ndiaye

«La crise faisant suite à la manifestation des thiantacounes ne me semble pas être à la base du départ de Mbaye Ndiaye. En fait, dans ces évènements, l’Etat a joué au machiavélisme en voulant diaboliser ses adversaires et a échoué. Ils savaient tous qu’il y aurait des manifestations, mais ils ont laissé faire. Certains parlent même d’infiltration. Ils voulaient que la population puisse s’attaquer à ces thiantacounes. C’était une stratégie. Je ne pense pas que le ministre de l’Intérieur ait été surpris. Il y avait une stratégie et c’était difficile, voire impossible que cela marche dans un pays aussi avancé où existe la liberté d’expression. D’ailleurs, dès le lendemain des casses, la presse a été unanime à s’interroger pour savoir où était l’Etat. Djibo Ka disait que quand il était ministre de l’Intérieur, lors des événements du 16 février 1993, le président Diouf suivait avec lui, jusqu’à des heures tardives, les émeutes, au moment où lui s’occupait de ses éléments sur le terrain. Le président Diouf suivait les informations en temps réel. A plus forte raison un chef d’Etat, ancien ministre de l’Intérieur qui a nommé un fidèle ami à ce poste. C’est cette confiance qui était le garant entre Macky Sall et Mbaye Ndiaye. Entre l’idéal et la real politik, il y a toujours une différence».

Nomination du général Pathé Seck

«Le ministère de l’Intérieur est très sensible puisqu’il s’agit de la sécurité et de la stabilité d’un pays. Cela ne peut pas dépendre d’un technicien, fût-il un homme du sérail. On dit souvent que ces derniers réussissent rarement dans leur domaine. Avec l’expérience, on a vu que peu de ministres envoyés en terrain connu réussissent leur mission. Il y a la rivalité et beaucoup d’éléments qui entrent en jeu. Ce ministre doit être entouré de techniciens parce que c’est un domaine technique. Tout doit se passer selon les règles et traditions bien établies. Le Sénégal a une longue tradition démocratique.  D’ailleurs, depuis longtemps, il est confronté à un problème de leader politique et étatique, malgré tout, le pays marche. Sa vieille tradition démocratique fait que les militaires n’ont jamais pensé à faire un coup d’Etat, contrairement à ce qui se passe dans les pays qui nous entourent. Ici, il n’y a jamais de menace de régionalisme ou d’ethnicisme parce que le Sénégalais est d’essence républicaine. Cette administration avec ses cadres bien formés, ses traditions et ses coutumes doit bien entourer l’homme de confiance du président. Car, quand il y a des failles dans le système, cela agit comme un effet boomerang que le président de la République prend en pleine figure».

Arrivée de Mankeur Ndiaye

«Mankeur Ndiaye est un grand diplomate que je connais très bien. J’ai travaillé avec lui sur un dossier d’envergure internationale qui intéressait le monde entier avec Paul Diouf de la présidence. C’est quelqu’un de très capable qui est au diapason de ce qui se passe dans la presse écrite, sur l’Internet, les chaînes de télévision et de radios. Il est sensible à tout ce qui se passe. Il sait ce qu’est la diplomatie et il ne s’arrête pas à des formules. C’est un grand technicien et un fonctionnaire rompu qui n’est pas en terrain inconnu».

Défenestration d’Alioune Badara Cissé

«Le président définit la politique étrangère de son pays qu’il fait exécuter par son ministre des Affaires  étrangères. Ce dernier lui rend compte régulièrement. Il n’est pas forcément un technicien, mais il doit être entouré de techniciens. C’est un domaine qui a une tradition protocolaire et des règles connues à l’échelle mondiale. Le ministre des Affaires étrangères qui est l’homme de confiance du président de la République est entouré de ses techniciens qui lui mettent toutes les formes pour qu’il n’y ait pas de failles. Sous le régime de Wade, c’était encore plus visible avec le ministre d’Etat Madické Niang qui entretenait une complicité et une étroite collaboration avec le chef de l’Etat qui lui confiait des missions précises qu’il ne confierait qu’à un homme de confiance. Madické travaillait avec des techniciens chevronnés qui maîtrisaient leur domaine. Et il a pu réaliser des choses que beaucoup de gens n’attendaient pas. Pourtant, il n’est pas un diplomate de formation, encore moins de carrière. C’était difficile de le voir réussir dans ce domaine, mais il bénéficiait de l’orientation et de la confiance sans faille de l’autorité».

Macky Sall, l’infidèle

«Macky Sall n’est pas fidèle en amitié. Le cas de Mbaye Ndiaye, d’Alioune Badara Cissé et d’Ibrahima Sall est venu confirmer ceux qui en doutaient. D’ailleurs, chaque fois qu’il me parlait alors qu’il se trouvait dans l’opposition, je doutais de sa fidélité et de sa sincérité. Or, il s’agit de qualités requises d’un bon chef d’Etat. D’ailleurs, chaque fois qu’il m’arrivait de discuter avec des hommes d’Etat comme Abdou Diouf et Jean Collin, je me rendais compte qu’ils aimaient beaucoup insister sur la sincérité, la fidélité et la loyauté. La loyauté, c’est vis-à-vis de la patrie. Quant à la fidélité et à la sincérité, c’est à l’endroit de ses amis et de ses partisans. Si vous négligez la fidélité et la sincérité de ceux qui vous entourent, vous perdez beaucoup. On ne se sépare jamais de ses amis en gouvernant ; ce n’est pas seulement un problème de confiance, mais un problème de responsabilité. Car, dans la responsabilité, on a besoin de l’ami. Nous sommes dans un pays où la situation est préoccupante et où il y a une crise profonde. Il n’y a pas eu d’avancées et qui n’avance pas, recule. Comme la croissance ne se mange pas, ainsi que le notait à juste raison, un jour, Moustapha Niass, les ménagères ont besoin d’avoir quelque chose dans leurs paniers. «Il s’y ajoute que la dette intérieure étouffe les entreprises qui tardent à voir la couleur de leur argent. En réponse à cette situation de marasme économique, le président nous explique que c’est parce que l’argent sale ne circule plus. Il oublie qu’il a un Etat. Il n’est ni un imam, ni un abbé pour faire un sermon. Ce qu’on lui demande, c’est de veiller à la loi et de laisser la justice faire son travail. Le président se cherche. Je ne pense pas qu’il ait trouvé la bonne équipe capable de conduire la destinée des Sénégalais et en mesure de pouvoir faire face, efficacement, à la demande sociale.».

Chasse aux alliés

«Le slogan la patrie avant le parti, c’est comme dire les fruits avant les racines pour l’arbre. C’est-à-dire les racines sont moins importantes que les fruits. Pourtant, si vous coupez les racines de l’arbre, vous pourrez avoir une récolte, mais vous n’en aurez pas une autre. C’est pour dire que le président de la République a besoin d’une base. Il est assis sur une branche qu’il ne se doit jamais de scier. Qu’avait fait Wade après avoir chassé Diouf du pouvoir ? Il s’est occupé de son parti. C’est à travers cette base que le président parvient à gouverner en toute quiétude. Oui, le parti fait partie de la patrie. Ce sont des citoyens sénégalais qui en sont membres, qui mouillent le maillot pour gagner des élections et c’est grâce à eux qu’il est arrivé au pouvoir. La première chose quand on arrive au pouvoir, c’est de se séparer de ses amis de circonstance. Aujourd’hui, c’est le contraire que l’on voit. On se sépare des deux alliés importants : la coalition Macky 2012 et l’Apr».

Maintien d’Augustin Tine aux Forces armées

«A la survenue de n’importe quelle bévue aux frontières, c’est le président de la République qui est impliqué. Sur ce plan, le ministre en charge de ce département doit être quelqu’un qui lui rend régulièrement compte de la situation. D’autant que nous sommes entourés de pays instables comme la Guinée-Bissau, la République de Guinée, le Mali, la Mauritanie et la Gambie. Et la situation est difficile pour l’Armée avec la crise en Casamance. Dans ces conditions, il faut aux Forces armées un fidèle qui rend compte à temps réel au président parce que l’erreur est fatale. Le président de la République ne peut se suffire de s’appuyer un allié».

Rassemblés par Pape NDIAYE

Auteur: Pape NDIAYE
Publié le: Mercredi 31 Octobre 2012

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