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Suppression du Sénat, du fonds commun des magistrats, de la Vice-présidence : Macky Sall, des décisions publiques accélérées

Auteur: Bocar SAKHO

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Applaudissements et cris de joie ont accueilli les derniers décrets du chef de l’État. Pour «masser» le Peuple, il a annoncé prudemment la suppression du Sénat alors que les audits qui devaient renforcer la légitimité gouvernementale étaient dans une phase de piétinement. Après la suppression annoncée du Sénat ajoutée à celle de la Vice-présidence et du Fonds commun des magistrats, le chef de l’État s’ancre davantage dans l’imaginaire des Sénégalais après les années de «gaspillage» et de «dépenses de prestige». Il s’astreint à répondre aux exigences d’un Peuple étreint par le drame des inondations.Ce qui renforce ce concept inventé par ses stratèges articulés autour du Nouvel ordre de priorités (Nop) et la Patrie avant le parti.  Mame Less Camara, analyste politique, assimile ces décisions prises sous la pression populaire à une vérité simple de la science politique : «La patrie avant le parti est un slogan à élection pour rompre avec la gestion du Pds. C’est un instrument qui montre qu’il n’y a pas de traitement préférentiel dans la gouvernance ou dans la gestion de l’Etat. C’est juste en surface, mais en profondeur il y a un autre discours qui se tient. On serait naïf de le croire. Nous sommes en politique, le spectacle est total.»  Dans ce contexte fortement tendu qui aurait pu précipiter les premières turbulences de son régime, le chef de l’Etat a su s’éviter une crise inu­tile en répondant fa­vora­ble­ment à l’appel de son Peuple. Khadiya­tou­lah Fall, professeur à l’Université Chicoutimi, pense que ces dernières décisions constituent «un acte fondateur, un geste qui rend vraiment crédible la figure que veut porter Macky Sall alors que son image commençait à devenir floue. La patrie avant les partis veut dire «le Peuple» avant les partis et Macky Sall a trouvé l’occasion de montrer  qu’il est du côté d’un Peuple qui souhaite la suppression du Sénat et qui attend  dans l’immédiat autre chose que de la rhétori­que.»Le conte de fées aurait pu s’achever s’il n’avait pas cédé devant la pression populaire qui vilipendait la Chambre haute. Mais, sa cote de popularité flambe. Un jeu d’équilibriste dans lequel Macky Sall se faufile avec dextérité. Tamsir Jupiter Ndiaye, analyste politique, voit autrement ce slogan usité à satiété par les nouvelles autorités après chaque décision de grande ampleur. En disséquant les différents décrets présidentiels, le chef de l’État montre qu’il essaie de respecter ce slogan de campagne tiré dans le stock des jeux de mots de ces conseillers en communication. «Non ! Un slogan de campagne ne peut pas être une nor­me politique de gouvernance. Nous sommes en contradiction. De toute façon, la patrie sera toujours au-dessus du parti. Alors que l’Apr n’a pas de passé, il est en train de se construire un avenir. En même temps, le président de la Républi­que se construit une image politique en se disant : ‘’Je suis l’es­poir.’’» Tamsir Jupier ajoute : «En vérité, nous assistons à une substitution de responsabilités entre l’Apr et le Pds. Ensuite, tant qu’il sera à la tête de son parti, le chef de l’État n’aura jamais une position arbitrale. En définitive, la patrie avant le parti est maladroit et mal vu. Ça met en compétition la patrie et le parti.»Slogan de campagneMame Less Camara : «Pour ne pas être en porte à faux avec les populations, on doit répondre à leurs attentes comme la suppression du Sénat. C’est cela qui doit orienter les actes quotidiens du gouvernement. Il a su aussi que le gouvernement n’a pas les moyens de tenir les promesses de réduire le coût de la vie et de l’électricité.» Dans le microcosme présidentiel, on mesure l’intérêt stratégique de ces décisions et aussi les retombées positives qu’elles peuvent en­gen­drer en gains politiques. La suppression du Sénat est une aubaine pour Macky qui voit sa légitimité renforcée. Car, les inondations ont ré­veillé les vieilles rancœurs et auraient même suscité une défiance populaire. Seydou Guèye, porte-parole de l’Al­liance pour la République (Apr) s’incline devant le courage de son mentor. Il salue les décisions «courageuses largement approuvées par les ci­to­yens face aux périls qui menacent notre Nation.» Rompu à la rhétorique, le Secrétaire général du gouvernement surligne justement le con­tenu de ce concept patrie avant le parti en amoindrissant l’importance des frustrations nées de la suppression de la Cham­bre haute. «Que va­lent les frustrations ou des intérêts personnels face aux souffrances des populations ? Un des signes attendus d’un président de la Répu­blique est d’écouter, d’entendre et de donner suite aux clameurs de ses citoyens», dit-il.Ces derniers temps, l’opinion est alarmée par une telle résurgence des appétits… des hommes politiques alors qu’elle croyait que Benno bokk yaakaar était devenue un havre de paix où les ambitions seraient désormais tues pour l’intérêt supérieur de la Nation. «Ça n’a pas été le cas», dit Jupiter Ndiaye. Car, les élections sénatoriales ont permis de montrer que l’accession à des postes de décisions continue toujours d’orienter les actions politiques de nos dirigeants.
Auteur: Bocar SAKHO
Publié le: Mardi 04 Septembre 2012

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