A Guéoul, localité située dans le département de Kébémer, la douleur est encore vive. Un fils du terroir, Ameth Guèye, a rendu l'âme dans des conditions particulièrement atroces à Golf-Sud: il travaillait dans un chantier, il y était chargé de creuser un puits. Et c'est son frère consanguin,

 Babacar Guèye, qui a décidé de se faire violence en montant au créneau pour faire un témoignage sur lui. « Ahmed et moi nous avons le même père. Nous sommes tous nés dans cette maison, c'est mon cadet d'un an. Mais tout le village pensait que nous étions des jumeaux, car on se ressemblait trop, et puis nous avions la même taille », pleure Babacar Guèye. « (…) 

Il avait toujours voulu être enterré auprès de ses deux parents au cimetière de Guéoul », confie le grand frère.Au sein de sa famille, l'on rapporte qu'après plus d'une dizaine d'années d'absence de Guéoul, son village natal, il avait récemment effectué dans la plus grande discrétion, un déplacement au cimetière où repose son père et sa mère. Il y aurait passé toute la journée. Voulait-il dire au revoir à ses deux parents ? La réponse à cette question hante toujours le sommeil des membres de sa famille. Certains de ses frères ajoutent: après ce recueillement, il a effectué la prière de 14 heures à la Grande mosquée Serigne Alioune Bâ, avant de retourner sur Dakar. 

Pourtant, le défunt demeure aujourd'hui encore plus que jamais un grand mystère pour ses proches. En effet, depuis 1990, il n'était pas retourné à son fief natal malgré les appels du pied de ses amis avec qui il partageait la même équipe de football. "Ahmed gaucher", comme aimaient à l'appeler ses coéquipiers, avait préféré rester dans la capitale sénégalaise. En effet, même s'il n'avait jamais donné les vraies raisons l'ayant poussé à partir en « exil forcé », il se susurre que les forces mystiques l'auraient « chassées de son village ».Voulaient-elles empêcher le gaucher magique de poursuivre sa carrière de footballeur ?

 En tout cas selon quelques  indiscrétions confiées à nos confrères du quotidien L'Observateur, Ameth Guèye, pourtant doté de grandes prédispositions intellectuelles, avait quitté l'école à quelques jours des examens de l'entrée en sixième. C'était en 1972. Ses camarades n'arrivent toujours pas à s'expliquer les raisons de cet abandon. Ses proches signalent d'ailleurs qu'une fois dans le cimetière, Ameth Guèye est directement dirigé vers les tombes de ses parents. « Il n'a pas assisté à l'enterrement de son père, et pourtant il m'a clairement dit au téléphone qu'il s'est recueilli pendant des heures devant la tombe », a encore révélé, Babacar Guèye, le cœur gros. Certains, évoquant la mort tragique de ce natif de Guéoul, soufflent qu'il serait « retenu au fond du puits par les forces mystiques ». Voilà autant de faits mis sur la table par ses parents, pour clamer haut et fort, qu'Ameth Guèye « était un homme peu ordinaire »