Ce n’est pas que l’argent liquide qui est introuvable au Sénégal. Il y a quelques semaines, c’est le gaz butane qui avait disparu du marché, à l’heure où les coupures de courant rythment le quotidien des Sénégalais, quels que soient leurs lieux de résidence. Aujourd’hui, c’est toute une capitale, Dakar, qui est privée d’eau depuis une semaine.

Une pénurie d’eau avec son lot de désagréments et ses risques pour la santé des populations, qui ne sont pas loin de faire les frais d’un scandale sanitaire que l’autorité minimise. Comme si cette incompétence de la Sénégalaise des Eaux (SDE) n’inspirait pas grand chose au gouvernement, si ce n’est la publication d’un communiqué laconique dans lequel il déclare « ne ménager aucun effort et de concert avec la SDE (Sénégalaise des eaux) travailler à soulager les populations à travers l’installation de citernes d’eau plus nombreuses dans les quartiers affectés ». Un texte qui en dit long, l’autorité ne mesurant pas l’ampleur des dégâts, étant donné que la consommation de cette eau peut s'avérer dangereuse pour les populations.

Jusqu’ici personne ne s'interroge sur le rôle dans cette affaire, de la directrice de la Sones, Madame Anta Seck nommée en avril dernier. Et il y a de quoi mettre en cause ses compétences vu la manière on ne peut plus maladroite dont cette crise a été gérée. Si les compétences d’Anta Seck sont indexées, c’est aussi un choix du chef de l’Etat qui est remis en cause, contesté. D'où la responsabilité de l'Etat au plus haut sommet.

Parce qu’on ne peut priver une population d’une denrée aussi élémentaire que l’eau pendant 7 jours, leur imposer un tel calvaire et rester en poste à la direction de Sones comme si de rien n'était, alors qu’on aurait pu prendre ses dispositions. Ce qui n’a pas été fait, les autorités préférant se réfugier dans leur mutisme habituel, les associations consuméristes, inaudibles.

En lieu et place d'une conférence de presse du Premier ministre sur les inondations, c'est sur la question de l'eau que devrait se prononcer Mimi Touré, et expliquer aux Sénégalais pourquoi l'Etat peine à prendre des mesures et sanctionner les fautifs.

Toutefois, « l’usine de Keur Momar Sarr a repris son fonctionnement, sa production d’eau vers Dakar. C’est progressivement qu’on va constater l’approvisionnement », tente de rassurer le directeur de la communication de la Sde, Cheikh Tidiane Fall. Précisant qu’il est possible que certaines localités « continuent de subir des perturbations ». Ce qui revient à dire que la pénurie d’eau va perdurer; aussi, qu’il y a eu mensonge, la Sde étant allée au-delà des 48 ou 72 heures de coupure prévues initialement. A regretter que cette pénurie d’eau, qui dure depuis jeudi dernier, n’aura aucune incidence sur la facture toujours salée des usagers de l’eau, comme c’est le cas pour l’électricité. Et il y a de quoi redouter des émeutes de l’eau, après les émeutes de l’électricité qui ont mis en juin 2011 la capitale sénégalaise sens dessus dessous.