Les prix des légumes frais montent en flèche et cela occasionne des désagréments aux restaurateurs et aux gérants de fast-foods. Rama Sèye, une dame d’une trentaine d’années, nous apprend qu’ils vivent chaque année un vrai supplice lors de la saison des pluies. Trouvée dans son restaurant qui, en ce début d'après-midi, ne compte que quelques clients, elle ne s’est pas fait prier pour laisser ses marmites un court moment afin de nous éclaircir sur le sujet. «C’est très dur pour nous en ce moment. Tous les légumes ont vu leur prix augmenter, les choux, les carottes, les tomates. Les haricots verts sont devenus quasiment introuvables», renseigne-t-elle. Rama, qui tient son restaurant depuis 3 ans et tout près du marché, en sait long sur les prix qui se pratiquent. Néanmoins, bien qu’elle soit obligée de dépenser ces temps-ci en légumes plus que de coutume, elle n’ose pas augmenter le prix des plats qu’elle sert à ses clients. C’est contrainte qu’elle maintient les tarifs : «Il y a plusieurs restaurants autour de moi et ils vendent moins cher. Je vend mes plats à 600 F Cfa et eux à 400 F Cfa, mais j’ai l’habitude de servir des mets de bonne qualité à mes clients». La tenancière qui pratique déjà un prix plus élevé que ces proches concurrents ne peut pas proposer un coût plus élevé, de peur de voir ses clients aller vers les autres. Non seulement elle ne peut pas vendre ses plats à plus de 600 F, mais, en plus, elle n’oserait pas changer le menu auquel elle a habitué ses clients et qui fait le succès de son commerce. La restauratrice révèle : «Parfois, je m’aperçois quand je fais les comptes que je n’ai même pas récupéré l’argent que j’ai investi dans les achats. Et le lendemain, par souci de fidéliser ma clientèle pour des jours meilleurs, je rachète la même quantité que d’habitude». Sur le ton de l’évidence, elle avoue qu’il lui arrive de vendre à perte, toutefois, elle n’a pas d’alternative, il lui faut persévérer faute d’avoir une autre activité que la restauration.
Pour ne pas perdre leur clientèle les restaurants obligés de maintenir les prix
Le constat est pareil chez sa concurrente qui tient non loin d’elle le restaurant «Keur Mama Diarra». En revanche, moins luxueux, l’endroit est réservé aux ouvriers du marché et par conséquent les prix y sont plus abordables. Ici tous les plats se vendent à 400 F Cfa. Toutefois, tout comme Rama Sèye, la gérante essaie de faire de son mieux avec la variation des prix. Elle nous explique qu’elle gère le restaurant seulement depuis 4 mois et qu’à son arrivée les légumes étaient abondants sur le marché. Et cela était facile pour elle de concocter ses plats. Tout comme Rama, elle a dorénavant des difficultés avec son budget : «Je peux dépenser 25 000 F Cfa et me retrouver en fin de compte avec 20 000 F Cfa. Je me fatigue à aller au marché, préparer les plats et servir les clients et au final, je n’ai aucun bénéfice», se désole-t-elle.
Il est facile d’imaginer que la solution pour cette femme serait d’augmenter les prix afin de faire face aux réalités du marché, ou bien changer le menu afin de proposer des mets sans légumes, pourtant, tel ne peut être le cas. La restauratrice raconte : «Ce restaurant est ouvert depuis 2006. Quand je suis arrivée, les clients avaient déjà leurs habitudes, c'est-à-dire les plats qu’ils préfèrent et un prix qu’ils avaient coutume de payer depuis des années. Donc je ne pouvais que m’y conformer, au risque de perdre ma clientèle ».
Adeptes de crudités, les fast-foods pâtissent
Les restaurants ne sont pas les seuls touchés actuellement par la flambée des prix. Au fast-food «Jakarloo Chez Joe», la nourriture servie est souvent accompagnée de crudités qui coûtent présentement aussi cher sur le marché. Gérante depuis plus d’un an, Khadija Sène informe qu’ils dépensent plus en légumes que les mois précédents. La jeune femme déclare que c’est devenu difficile pour eux de faire des recettes entre les lundis et les mercredis. «Nous avons beaucoup plus d’acheteurs les week-ends, généralement du jeudi au dimanche. Ce sont les jours où les gens viennent en masse et l’on peut acheter les légumes plus cher sans pour autant enregistrer de pertes».
Toutefois de nombreux habitués des marchés prédisent que les légumes se feront plus rares d’ici le mois prochain qui coïncidera avec le Ramadan. Plus on entrera au cœur de l’hivernage, plus les prix grimperont.
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