À l’occasion du 67e anniversaire de l’indépendance de la Guinée, célébré le 2 octobre 2025, l’ancien président Alpha Condé a livré une déclaration politique marquante. Renversé le 5 septembre 2021 par un coup d’État militaire, il dresse un bilan alarmant de la situation sous la gouvernance du CNRD et lance un appel solennel à la mobilisation nationale contre la junte au pouvoir.Dans son message, Alpha Condé dénonce avec vigueur ce qu’il qualifie d’« enterrement de la démocratie » et de confiscation des institutions par les autorités de la transition. « Depuis maintenant quatre ans, la situation de notre pays est plus que dramatique. La démocratie a été enterrée, les institutions confisquées. Les droits humains sont bafoués avec des arrestations, des détentions arbitraires, des enlèvements brutaux et des disparitions forcées », a-t-il souligné.

L’ancien président évoque également une justice aux ordres, une peur généralisée et une censure étouffante, qui auraient réduit au silence toute voix contestataire. « La corruption et l’enrichissement illicite, au détriment des citoyens, ont pris une ampleur dépassant tout entendement. La pauvreté et le chômage se sont aggravés, et les populations vivent dans le désespoir », a ajouté le Professeur Condé.

Une économie « désorientée » et un pays « isolé diplomatiquement »

Sur le plan économique et social, Alpha Condé estime que la Guinée a perdu sa dynamique de développement depuis son renversement. « Aucun projet majeur nouveau n’a vu le jour. Les grands chantiers que nous avions lancés ont été désorientés et désarticulés pour servir des intérêts mafieux, au mépris de l’intérêt général. Aucun investissement structurant n’a été entrepris. La Guinée est isolée diplomatiquement, privée d’opportunités et de crédibilité », a-t-il déclaré.En lieu et place de la refondation promise par les militaires, il déplore une « désolation générale et un climat de peur ».

« La Guinée appartient à son peuple »

L’ex-dirigeant appelle ses compatriotes à retrouver l’unité nationale et à rejeter les divisions ethniques ou partisanes. « La Guinée n’appartient à personne. Elle appartient à son peuple. Ce peuple a le droit inaliénable de choisir ses dirigeants, de protéger ses libertés et de bâtir sa prospérité », a-t-il rappelé.

S’adressant aux victimes, aux exilés et à tous les citoyens affectés, il promet un retour à la dignité nationale. « Si Dieu le veut, avec la mobilisation de tous, nous allons libérer notre pays des mains de ce groupe de criminels pour redonner au peuple toute sa dignité, sa liberté et sa pleine souveraineté », a-t-il lancé.

« Dire Non à la junte, Oui à la démocratie »

Pour conclure, Alpha Condé a fait un parallèle historique avec la lutte pour l’indépendance de 1958, appelant à une nouvelle résistance. « En 1958, nos aînés ont su dire Non à la domination. Aujourd’hui, nous devons dire Non à cette junte barbare, non aux kidnappings et Oui à la démocratie, au rétablissement de l’ordre constitutionnel civil, à la réconciliation et à l’unité nationale. La Guinée a souffert, mais elle n’est pas vaincue », a-t-il déclaré.