Chaque année, le continent africain produit près de 19 millions de tonnes de déchets plastiques, mais à peine 12 % sont recyclés. Le reste s’accumule à ciel ouvert, dans les rues, les canaux et les zones côtières. Dans des villes comme Lagos, Nairobi ou Dakar, le plastique ne se contente plus de polluer, il redessine les paysages urbains, étouffe les sols et fragilise les écosystèmes.

Les lois interdisant certains plastiques à usage unique existent dans une quarantaine de pays africains. Mais leur mise en œuvre reste largement défaillante. Faible capacité de contrôle, informalité de la distribution, alternatives coûteuses pour les commerçants, le cadre réglementaire peine à se traduire en action concrète. À cela s’ajoute l’absence d’infrastructures de collecte et de traitement à la hauteur du volume généré.

Pourtant, quelques initiatives locales tentent de faire bouger les lignes. Des start-up développent des solutions de recyclage à petite échelle, certaines entreprises explorent la transformation de déchets plastiques en matériaux de construction, et des campagnes citoyennes de ramassage se multiplient. Mais ces efforts, bien que porteurs, restent isolés et insuffisants face à l’ampleur du défi.

Le vrai tournant reste politique et structurel. Il implique une réforme de la chaîne de production et de consommation, un soutien massif à l’innovation locale et une coopération régionale sur la gestion des flux de déchets. En l’absence de stratégie coordonnée, l’Afrique risque de devenir la décharge involontaire d’un système mondialisé de surconsommation. La lutte contre la pollution plastique ne peut plus être un simple enjeu environnemental, elle est devenue une condition de durabilité urbaine et de justice sociale.