Désaccords entre Patrice Talon et Boni Yayi : Et si ce n’était pas une querelle de personnes ?
Dans un entretien exclusif accordé à la presse nationale en début de semaine, le président béninois Patrice Talon a laissé entendre que son prédécesseur Boni Yayi s’employait avec beaucoup d’énergie à faire échec à toutes les réformes qu’il entreprend depuis son arrivée au pouvoir en 2016. Il suggère ainsi qu’il y a un problème de personne entre lui et Boni Yayi.
La preuve, le dirigeant dira plus loin dans l’interview qu’il y a une « guéguerre » entre lui et Boni Yayi et que cette guéguerre « est en train de pourrir l’environnement politique et social » de même que « la paix, la quiétude et la concorde » dans le pays.
Boni Yayi pour le multipartisme intégral
Il ajoutera ceci : « Notre relation nuit au Bénin ». Mais, à la vérité, qu’est-ce qui oppose vraiment Boni Yayi et Patrice Talon depuis 2016 ?
Si nos souvenirs sont bons, il n’y a que deux choses. Les réformes politiques et les lois qui complexifient la vie de l’opposition. Prenons la réforme du système partisan. Cette réforme favorise la création de grands ensembles politiques au Bénin. Le but est de réduire le nombre de partis au Bénin.
Boni Yayi est pour le multipartisme intégral tel que proclamé par la Conférence nationale des Forces vives de la nation de février 1990. Même si la réduction des partis politiques est souhaitable dans l’absolu, l’ancien président ne veut surtout pas que l’on contraigne des groupes politiques à se fédérer pour créer de grands partis politiques, car c’est cela l’idée de la réforme du système partisan.
Les FCBE ne bénéficient pas de la confiance des démocrates
Venons-en maintenant, aux lois qui complexifient la vie de l'opposition, comme le Code électoral. Ce texte révisé a introduit pour la première fois le parrainage des candidats à la présidentielle.
Avant l’avènement du régime Talon, les postulants au fauteuil présidentiel n’avaient pas besoin de recourir au parrainage d’un maire ou d’un député.
Il se trouve que c'est ce système de parrainage qui exclut aujourd’hui, Les démocrates de la course à la Présidentielle d’avril 2026. Le parti n’a pas réussi à obtenir les 28 parrainages nécessaires à la validation du dossier de son duo de candidats à cause des états d’âme d’un de ses députés.
Le président Talon estime que Les démocrates auraient pu éviter cette situation en signant un accord de gouvernance avec les Forces cauris pour un Bénin Émergent, comme l’autorise le Code électoral. Pour lui, « même modéré, FCBE » demeure un « parti d’opposition qui disposait de 6 à 7 parrainages ».
Il se trouve que Boni Yayi n’est pas dans cette logique, parce qu’en réalité, les FCBE dont parle M. Talon ne bénéficient pas de la confiance des démocrates et de l’opposition en général. Ce parti est pointé du doigt pour ces liaisons incestueuses avec le pouvoir en place. La preuve, il a eu besoin du parrainage des députés de la mouvance pour faire valider le dossier de son duo de candidats à la Présidentielle de 2026.
Un parti naît pour conquérir et exercer le pouvoir
Dans un tel conteste, on peut comprendre que Boni Yayi n'ait pas voulu s’associer à cette formation politique. De plus, un parti naît pour conquérir et exercer le pouvoir. Pourquoi doit-il signer des accords avec des formations politiques qui participent à la même compétition que lui. Même si ce sont des déclarations d’intention, comme le dit si bien M. Talon, elles rendent les parties redevables l’une envers l’autre.
Boni Yayi ne s’inscrit pas dans cette logique et on peut bien le comprendre. Il ne parait donc pas totalement juste de faire croire au peuple béninois que les désaccords entre Boni Yayi et Patrice Talon sont une querelle de personnes.
Commentaires (1)
Enfantillages qui ne resolvent pas les vrais enjeux du pays.
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