Santé maternelle : Ramata, survivante de la fistule et de l’abandon
Sa vie, marquée par la fistule obstétricale, est un parcours parsemé de douleurs physiques intenses, d’abandon conjugal et de précarité économique. Pourtant, Ramata Niang, c’est son nom, au cœur de ces épreuves, a puisé sa force dans l’amour indéfectible de sa famille et l’espoir tenace d’une guérison qui lui redonnera la dignité et la sérénité. Mère de quatre enfants, elle incarne le visage poignant de cette réalité trop souvent oubliée.
Âgée aujourd’hui de 30 ans, elle raconte comment elle a été atteinte par cette maladie qui l’a bouleversée. « Elle s’est déclarée à la suite de mon dernier accouchement survenu dans des conditions précaires. Après une chute violente, j’ai senti que quelque chose n’allait plus. Mon intimité était comme figée, endormie, silencieuse. Très vite, j’ai perdu le contrôle de mes besoins naturels. Je ne pouvais plus me retenir d’aller aux toilettes. Ce qui était à la fois humiliant et douloureux », narre-t-elle face aux journalistes en caravane dans la région de Tambacounda, la semaine dernière, pour la promotion de la santé reproductive, maternelle, infantile et des adolescents (Srmia) en partenariat avec la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme).
« Mon mari m’a abandonnée, après 15 ans de mariage »
Dans l’espoir de guérir, Ramata fait le tour de plusieurs hôpitaux, sans obtenir de résultat. Le désespoir grandissait, jusqu’au jour où l’a orientée vers une sage-femme basée à l’hôpital régional de Tambacounda. «Après lui avoir confié toute ma souffrance, elle m’a inscrite dans son registre et m’a expliqué que le traitement de la fistule n’était possible qu’en période d’hivernage. Lorsque cette saison est arrivée, elle m’a rappelée pour entamer les soins. Grâce à cette prise en charge, j’ai pu enfin retrouver ma santé. Je suis aujourd’hui complètement guérie », dit-elle.
Avant de poursuivre : «Mais cette épreuve m’a coûté cher. Mon mari m’a abandonnée, après 15 ans de mariage, épuisé par les dépenses qu’il avait engagées pour ma guérison. Influencé par sa famille, il a fini par croire que j’étais devenue un fardeau. Seuls mes parents sont restés à mes côtés. Ils ont tout donné pour moi. »
Ramata Niang a vécu deux longues années avec cette maladie. Deux années de honte, de douleur et d’isolement. Et même après la guérison, deux mois plus tard, elle souffre jusqu'à présent d’une infection urinaire. «Aujourd’hui, je nourris l’espoir de retrouver ma vie conjugale et de reconstruire mon foyer. Je souhaite juste trouver un petit travail, même modeste, afin de pouvoir nourrir mes enfants », prie-t-elle.
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