Le légendaire stade Maracanã, véritable temple du football brésilien et symbole de la ville de Rio de Janeiro, pourrait bientôt changer de propriétaire. Le gouvernement de l’État de Rio a, en effet, annoncé son intention de mettre en vente cette enceinte historique, provoquant une vague d’indignation au sein de la population et du monde sportif.

Selon le quotidien "Marca", la Commission de constitution et de justice de l’Assemblée législative de Rio (ALERJ) a récemment révisé un projet de loi pour y inclure la cession du Maracanã parmi une trentaine de biens publics destinés à être vendus. Cette décision a immédiatement suscité un tollé, tant le stade incarne une part essentielle du patrimoine culturel et sportif du Brésil.

Rodrigo Amorim, président de la commission, a défendu cette mesure en invoquant la nécessité de réduire les dépenses publiques : « Le gouvernement dépense une fortune pour entretenir le Maracanã, environ 160 000 euros par match », a-t-il déclaré. 

Selon lui, la vente du stade, accompagnée de celle du complexe voisin Aldeia Maracanã, pourrait rapporter plus de 320 millions d’euros. L’objectif affiché serait de redynamiser ces espaces tout en allégeant la dette de l’État, qui doit rembourser près de 1,9 milliard d’euros au gouvernement fédéral d’ici 2026.

Construit en 1950, à l’occasion de la Coupe du monde, le Maracanã, qui à vu jouer les plus grands joueurs brésiliens comme Pelé, Zico, Ronaldo, Romario, Ronaldinho et Jairzinho, est entré dans la légende lors du fameux « Maracanazo », cette défaite historique du Brésil face à l’Uruguay (2-1) en finale de la Coupe du monde 1950. 

Avec une capacité initiale proche de 200 000 spectateurs, il a été profondément rénové pour accueillir la finale du Mondial-2014 et les Jeux olympiques de 2016, ramenant sa capacité actuelle à 78 838 places.

Ce n’est pas la première fois que son avenir fait débat. En 2011, l’homme d’affaires Eike Batista avait déjà tenté d’en prendre le contrôle avant les grands événements sportifs des années suivantes. Aujourd’hui encore, Rodrigo Amorim insiste : la démarche ne vise pas uniquement à générer des recettes, mais surtout à donner au stade une nouvelle utilité économique et sociale. « Plus que de faire entrer de l’argent, il s’agit d’éviter la dégradation de ces espaces et de leur redonner une vie productive », a-t-il conclu.

Le projet sera soumis au vote de la commission plénière dans les prochaines semaines. En attendant, la perspective de voir le Maracanã passer dans le privé continue d’alimenter un vif débat au Brésil, pays où le football est bien plus qu’un simple sport, une véritable passion nationale.