Guinée : La pilule du lendemain, entre solution d’urgence et usage abusif chez les jeunes femmes
De plus en plus utilisée en Guinée, la pilule du lendemain s’impose comme un recours fréquent à la contraception d’urgence chez de nombreuses jeunes filles et femmes. Facilement accessible en pharmacie et souvent perçue comme une solution rapide, face à une grossesse non désirée, elle demeure pourtant entourée de nombreuses incompréhensions. Les professionnels de santé alertent sur ses limites, son efficacité variable et les risques liés à une utilisation abusive, rappelant qu’elle ne saurait remplacer une méthode contraceptive classique.
Destinée à prévenir une grossesse après un rapport sexuel non ou mal protégé, la pilule du lendemain doit être utilisée uniquement dans les situations d’urgence. Mais à Conakry, son usage répété devient une habitude inquiétante.
Une jeune femme de 22 ans témoigne, sous couvert d’anonymat : « Je l’ai prise plusieurs fois, parce que je pensais que c’était sans danger. On se rassure entre amies en se disant que ça évite une grossesse, sans penser au reste. Après, on entend dire que ça peut dérégler les règles ou ne pas fonctionner. »
Pour éclairer sur ce sujet, le docteur Édouard Tolno, médecin généraliste au CMC de Ratoma, explique : « La pilule du lendemain agit en bloquant l’ovulation. Elle doit être prise après un rapport à risque, autour de la période ovulatoire, quand aucun préservatif n’a été utilisé. Deux méthodes existent : la prise d’un contraceptif d’urgence hormonal (pilule du lendemain) ou la pose d’un stérilet au cuivre. »
Le médecin précise que la pilule du lendemain ne doit jamais être utilisée comme une méthode de contraception régulière. « Certaines jeunes filles la prennent comme un bonbon, parfois plusieurs fois dans le même mois. Cela expose à des effets indésirables : maux de tête, vertiges, fatigue, vomissements, douleurs abdominales, voire des troubles menstruels », avertit-il.
Autre précision importante : l’efficacité de la pilule dépend aussi du poids corporel. « Elle est moins efficace chez les femmes pesant plus de 75 kg. À partir de 80 kg, elle ne fonctionne presque plus. Dans ces cas, il vaut mieux se tourner vers les implants ou le stérilet », souligne le Dr Tolno.
Concernant son efficacité, le médecin rappelle : « La contraception d’urgence n’est jamais efficace à 100 %. Norlévo atteint environ 98 % d’efficacité, si elle est prise dans les 12 heures suivant le rapport ; 85 % dans les 72 heures et beaucoup moins après trois jours. Passé ce délai, le risque de grossesse augmente. »
Face à la hausse inquiétante de son usage en Guinée, les spécialistes appellent à une meilleure sensibilisation sur la santé reproductive et la contraception. La pilule du lendemain reste une solution ponctuelle, non un moyen de prévention durable.
Pour une protection efficace contre les grossesses non désirées, les médecins recommandent d’adopter des méthodes contraceptives classiques, adaptées à chaque profil.
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