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L’an 1 de Macky Sall : Le Bilan (par EL H. Malick SALL)

Auteur: EL H. Malick SALL

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« Toi qui entres ici, abandonne tout espoir » Voici l’écriteau que Dante, poète italien de renom, plaça sur la porte des enfers dans sa divine comédie au XIVème siècle. Tels sont les mots que nous serions tentés d’inscrire au frontispice de notre République tant le désespoir, depuis l’élection de Macky Sall, se répand d’une abjecte fatalité. 

En effet, un an après son arrivée au pouvoir, la nation va de mal en pis, elle tombe de Charybde en Scylla. 

La crise énergétique s’éternise, qui plonge de plus belle nos pénates dans les ténèbres. 

La crise alimentaire empire, qui grève le pouvoir d’achat déjà bien élimé des ménages. 

Le chômage pourrit toujours la nation sous des tombereaux de promesses fanées de Macky Sall. Et devant ce concours de misères, notre pays parait encore balloté, sans direction ferme, par un président bavard sur l’accessoire et muet sur l’essentiel. Ainsi donc, un an après la seconde alternance politique, il plane sur le Sénégal comme une odeur de zizanie, il y luit comme un reflet de fiasco. 

Macky Sall, aujourd’hui démonétisé, est en proie à une défaveur persistante de l’opinion. Les rubans de son état de grâce sont désormais fanés, les larges manches du magicien sont déchirées et son chapeau est vide. Dans la salle, les applaudissements sont devenus rares, les huées percent et les grincheux dominent. 

Vient maintenant l’heure du bilan d’étape.

Avant d’examiner plus en profondeur l’action du président de la République, il me semble à propos d’en ausculter, au préalable, la forme. Commençons d’abord par faire ce constat irréfragable qu’après un an de pilotage improbable au gouvernail de notre pays, Macky Sall peine à définir un cap et une cohérence politique lisibles. Il y’a, en effet, une impression de cafouillis permanent autour de l’action présidentielle. 

Hésitations sur la question de l’envoi de troupes au Mali, vasouillages sur la question de la médiation pénale : Macky Sall barguigne et navigue à l’estime. Et c’est toujours pitié de voir qu’un président de la République nanti d’une écrasante majorité parlementaire peine à fixer un cap et paraisse toujours tâtonner, en colin-maillard, entre plusieurs directions. 

D’ailleurs, sur la question de la médiation pénale dans le cadre de la traque des biens mal acquis, la cacophonie du pouvoir lui aura donné l’image d’une véritable pétaudière. Après que le très inutile ministre de la bonne gouvernance eût révélé que la médiation pénale recueillait les faveurs du roi, la garde des sceaux, dans la foulée, le désavouait sévèrement devant la nation ébaubie. Des couacs et bémols qui donnent à la musique de l’exécutif une symphonie beaucoup moins accordée que sur les partitions officielles. 

Or, aux heures obscures de la crise, la République ne doit pas être une cour de récréation.

Aujourd’hui, hélas, elle est devenue un pitoyable bac à sable où s’ébrouent les égos. Vient ensuite le sentiment que Macky Sall n’a pas vraiment les coudées franches, bridé qu’il est par le corset des alliances au sein de Benno Bokk Yakaar. Cette coalition contre nature de libéraux, de socialistes et de communistes n’est autre qu’un gloubi-boulga politique, une sorte de capilotade idéologique. 

Le goût des concertations, le protocole des négociations, l’appétit du consensus y sont fatals à la décision. Or, gouverner, c’est choisir donc décider. 

Et à trop vouloir ménager la chèvre et le chou, Macky Sall ne décide finalement de rien. Si Abdoulaye Wade était un hyperprésident qui décidait de tout, Macky Sall est un hypoprésident qui ne décide de rien. Avec l’hyperprésidence, Abdoulaye Wade provoquait une asphyxie du débat public, avec l’hypoprésidence, Macky Sall en provoque l’ankylose, la tétanie. 

Substituer l’hypoprésidence à l’hyperprésidence, c’est comme remplacer un champ de mines par des sables mouvants : il n’est pas certain que le pays ait gagné au change. Après les questions de forme viennent celles de fond. Tout d’abord, notons que la demande sociale, après un an de règne de Macky Sall, n’a jamais été aussi forte et laisse le pouvoir actuel bien à quia.

Et pourtant, pendant la campagne présidentielle, l’alors candidat Macky Sall s’était paré des plus belles chimères pour mettre en joie l’électorat sénégalais : création de 500000 emplois, baisse des prix des denrées alimentaires. Près d’un an après son élection, toutes ces promesses gisent dans la poussière et dans l’oubli. 

Aujourd’hui, des cohortes de jeunes diplômés s’amoncellent au quotidien devant les guichets clos de l’emploi. Et la crise alimentaire continue d’ouvrir ses crocs vers lesquels nous avançons transis. Dans le domaine de l’éducation, aucun autre pays ne se sera autant fourvoyé que le nôtre sur les chemins de l’errance. Dans tous les foyers scolaires du pays, on geint, on grommelle. 

Les enseignants soufflent sur les braises de leur interminable fronde. Pendant que les étudiants privés de leurs bourses, se disputent les enchères de la fureur et de la violence. S’il est vrai que l’année scolaire n’a pas été blanche, elle aura tout de même été grise. En ce qui concerne l’économie de notre pays, elle est engoncée dans une profonde léthargie. 

L’industrie est en pleine déliquescence et la fermeture des usines de la SOCAS n’est que le craquement annonciateur d’une longue et chaotique ère de désindustrialisation de notre pays. Sur les marchés financiers, les emprunts obligataires émis par l’état du Sénégal ne trouvent plus grâce aux yeux des souscripteurs.

Après le fiasco de l’émission obligataire du 12 juillet dernier, la note du Sénégal s’est vue affublée d’une perspective négative par les agences de notations. L’état du Sénégal, aujourd’hui démonétisé sur les marchés financiers, emprunte à des taux onéreux. La diplomatie sénégalaise, jadis si respectée, ne cesse, sous Macky Sall, de voir ses dorures s’écailler et son tranchant s’émousser. 

Sur la crise malienne par exemple, le président s’est fendu d’une belle palinodie en se montrant d’abord réticent à l’envoi de troupes au Mali avant de se rétracter sur demande expresse de La France. Aussi pouvons-nous affirmer sans ambages que le Sénégal, sous Macky Sall, n’est qu’un wagon de queue de la grosse locomotive française. 

En matière de justice, Macky Sall se sera lancé à corps perdu dans une sainte croisade contre l’enrichissement illicite. Sa première année au pouvoir aura été, tout entière, rythmée par les auditions à la queue leu leu des suppôts de l’ancien régime à qui la justice cherche noise. 

Toutefois, ces auditions sont, à tous égards, sélectives puisqu’elles ne visent que les dignitaires libéraux restés dans l’opposition. Ceux qui, comme Khoureychi Thiam et Aminata Tall, ont rejoint les rangs de l’apr ne sont nullement inquiétés par la justice. 

Rappelons aussi que Macky Sall, pour avoir été l’un des derniers grands seigneurs du Wadisme, ne saurait passer pour un paladin de la bonne gouvernance. Entre 2000 et 2008, il se sera, lui aussi, grassement enrichi dans la caverne d’Ali Baba. 

Ministre ou député, féal serviteur ou fretin courtisan : tous ceux qui ont approché l’assiette au beurre en ont aujourd’hui les doigts sales. Macky Sall y compris.

Après un an de règne de Macky Sall, la nation sénégalaise patauge dans la panade. La vie est chère, les coupures d’électricité s’éternisent et le problème du chômage demeure entier. Le bilan de Macky Sall est donc un désastre malgré les vaines ratiocinations du gouvernement qui soutient le contraire.

Aussi, l’immense souffrance qui lézarde les cœurs des sénégalais impose-t-il au chef de l’Etat d’arrêter de peloter le subalterne pour enfin toucher à l’essentiel. C’est là sa seule voie de salut.

EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE, 

Président du sillon des Opinions Libérales

milkspe@yahoo.fr

Auteur: EL H. Malick SALL
Publié le: Jeudi 04 Avril 2013

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