L’ex-ministre Farba Senghor dans une sortie récente sur Sen Tv avait fait une révélation qui en dit long sur la manière de procéder de Macky Sall. Ses nominations problématiques et ses difficultés manifestes à reléguer le parti derrière la patrie, tout le contraire d’un slogan chanté et vanté à tout bout de champ. Cette semaine, la galaxie Apr s’est vue renforcée avec la nomination du secrétaire général de l’Apr en Belgique, l’artiste Keyssi Boussou qui hérite du Grand Théâtre de Dakar.
L’apérisation est en bonne marche au Sénégal et ce n’est pas Macky Sall et ses proches qui diront le contraire. Macky, alors « simple agent à Petrosen », a vite fait de chasser le directeur d’alors, Oumane Ndiaye, pour prendre le contrôle de Petrosen, a révélé Farba Senghor.
Un procédé loin d’être anodin au rythme où vont les nominations au profit de la galaxie Apr, qui continue à étendre ses tentacules et ne compte épargner aucun secteur.
En effet le secteur de la presse n’est pas le seul à être confié à des membres et proches de la formation politique du président Sall. Le monde de la Culture n’est pas en reste car cette semaine, le Grand Théâtre de Dakar a basculé entre les mains de fidèles au président de la République qui continue à placer à des postes stratégiques les membres de sa formation politique. Il y a quelques jours, le journaliste Thierno Birahim Fall de l’Apr s’est vu confier la direction de l’Agence de presse sénégalaise dont il faut craindre qu’il ne devienne l’un des « bras armés » du pouvoir. Une nomination qui intervient après qu’une « plume du Macky », Ndiogou Wakk Seck en l’occurrence est parachuté à la tête du Conseil d’administration de la Rts, un autre média d’Etat. Appuyé de l’arrivée de Racine Talla à la direction de la Rts, la radio et télévision publiques. Une presse aux ordres ?
Ici, la question ne se pose pas en termes de compétence, mais plutôt sur l’appartenance politique des personnes nommées, le choix de ces journalistes qui ont été gratifiés de la direction de ces entreprises de presse au mérite seul d’appartenir au parti présidentiel, l’Apr, ce qui pose sans aucun doute un conflit d’intérêt voire des suspicions quant à un traitement objectif et équilibré de l’information.
A noter dans la même veine le lancement du nouveau magazine « Gouvernance » par le frère de Macky Sall, Aliou Sall. Une entreprise de presse qui peut être rangée dans la catégorie des médias qui flirtent avec le pouvoir et dont il faut craindre qu’ils ne soient destinés à la propagande comme ce fut le cas avec la création (du temps de Macky Sall Premier ministre) de ce qu’on a qualifié de journaux du Palais : « Le Message » et « Il est Midi » du même Diogou Wack Seck qui bénéficie d’un renvoi d’ascenseur lorsque Macky Sall le nomme Pca de la Rts.
On peut ajouter à cette liste loin d’être exhaustive la nomination toujours par Macky Sall de Penda Mbow, conseillère personnelle du président à la Francophonie. L’historienne est membre du Conseil d’administration de la fondation Servir le Sénégal, une organisation privée dirigée par la Première Dame, Marième Faye à qui elle doit sa nomination, selon bon nombre d’observateurs.
Last but not least, la nomination lundi de l’artiste promoteur et secrétaire général de l’Apr en Belgique, Keyssi Boussou, qui s’empare du Grand Théâtre de Dakar, un édifice culturel qui bascule entre les mains de membres de la formation politique au pouvoir.
Sans mentionner les ex-ministres Ibrahima Sall de la coalition Macky 2012 qui hérite de la Sicap, et l’ «Allemand» Abou Lô, l’un des premiers cadres de l’Apr qui largue les amarres à l’Artp, l’agence de régulation des télécommunications et des postes. L’Apr qui réclamait l’assemblée nationale et le (défunt) Sénat va certainement s’emparer du Conseil économique social et environnemental. Le pouvoir et ses alliés devraient ranger se garder de revendiquer le fameux slogan « la patrie avant le parti », car ce qui est en train de s’opérer dans les secteurs de la presse et de la culture est justement l’inverse de ces vœux pieux loin d’être effectifs dans les actes. En attendant, l’apérisation rampante de la République poursuit son petit bonhomme de chemin, lentement mais sûrement dans d’autres secteurs autres que la presse et la culture.
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