Depuis hier, toute circulation sur les routes nationales No 4 et 5 est interdite de 18 heures à 6 heures du matin. La mesure est contenue dans un arrêté du Gouverneur qui veut ainsi diminuer les risques de braquage sur les axes routiers. Cette décision vient renforcer l’enclavement d’une région qui, depuis quelques jours, ne reçoit ni bateau, ni avion.(Correspondance) - En tant que garant de la sécurité publique dans la région, le Gouverneur de Ziguinchor pouvait-il être insensible aux actes de violences perpétrés sur les axes routiers par des hommes armés supposés rebelles du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) ? La réaction du chef de l’exécutif régional incite à répondre par la négative à cette question. Aujourd’hui, plus que jamais, la question sécuritaire est au cœur des préoccupations de Léopold Wade qui a, au lendemain du braquage meurtrier de Kawane, convoqué un conseil de sécurité. Une réunion de crise qui a sans doute influencé la décision du Gouverneur qui a décidé de réglementer la circulation notamment sur les axes routiers réputés insécures.

Désormais donc, toute circulation sur les routes nationales No 4 et 5 est interdite. Et cela, de 18 heures à 6 heures du matin. Une mesure qui s’applique aux axes routiers, Ziguinchor-Séléty et Sénoba-Ziguinchor. Ce choix, en tout cas, n’est pas fortuit puisque ces deux routes, véritables cordons ombilicaux entre Ziguinchor et la Gambie et entre la capitale du sud et le reste du Sénégal sont des routes à problèmes. Deux axes routiers qui, depuis vingt ans, sont les terrains de prédilection des éléments armés, supposés membres de la branche armée du Mfdc.On se rappelle que les braquages les plus meurtriers ont eu lieu sur ces routes.

En 2001 par exemple, treize chauffeurs et apprentis ont été sauvagement abattus par des hommes armés à Niahoump sur la route nationale No 4, dans le département de Sédhiou. Quelques mois plus tard, sept personnes son tuées à Bélaye, dans le département de Bignona, sur l’axe Ziguinchor Séléty. Deux événements qui révèlent l’activisme des bandes armées sur les routes de Casamance.

D’autres braquages, tout aussi sanglants, inciteront les autorités à autoriser le blocage de la circulation à certaines heures. Une mesure sécuritaire qui n’est pas sans conséquence sur les populations, notamment, sur les voyageurs en provenance de Dakar. Très souvent, les retards enregistrés au bac de Farafégné en Gambie contraignent les usagers à un voyage nocturne. Si bien que le voyage, commencé la veille, se termine le lendemain. Qui, à Ziguinchor n’a pas passé la nuit soit à la frontière, soit à Saré Alkaly, soit à Oulampane etc. parce que simplement, la route est fermée à la circulation à une certaine heure pour des raisons de sécurité ?

Ces scénarii risquent de se reproduire avec ce nouvel arrêté du Gouverneur. Surtout que cette fois, la mesure prend effet plus tôt, c'est-à-dire, à partir de 18 heures. Une décision commandée par la recrudescence de la violence sur ces axes routiers et qui contribuera hélas à renforcer l’enclavement de la Casamance en général et de la région de Ziguinchor en particulier. Car, depuis quelques jours, le bateau Aline Sitoé Diatta a interrompu ses rotations sur la capitale du sud pour un entretien technique, alors que la crise à Air Sénégal International a fini d’isoler la région.