Calendar icon
Sunday 28 December, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

VOIRIE, ASSAINISSEMENT, AMÉNAGEMENT, ÉLECTRIFICATION... Sur Ziguinchor, souffle le bel espoir de renouveau

Auteur: Daouda MANE et Tata SANE

image

Ziguinchor entame sa mue. La capitale du Sud du Sénégal, région meurtrie par presque trois décennies de lutte fratricide, est une ville en chantier. Des travaux lancés par le nouveau maire, Abdoulaye Baldé, grâce à l’appui de l’Etat et des bailleurs comme la Banque mondiale et l’Union européenne.

C’est par le bateau « Aline Sitoë Diatta » que nous nous rendons dans la capitale du Sud. A partir de la Pointe St-Georges, le défilement des berges et des forêts de palétuviers est impressionnant. Quelques heures après, Ziguinchor-la Douce, qui s’étend sur les bords du fleuve Casamance, s’offre à notre vue. Du port, nous nous rendons compte que la ville n’a rien perdu de son naturel mélancolique. Ses comptoirs et édifices colossaux rappellent un centre-ville, un ensemble de dignes vestiges d’un passé colonial. Les effluves de boue émanent du fleuve. Le cœur de Ziguinchor est entouré d’une mince ceinture de bâtiments récents et, plus loin, d’une immense couronne pittoresque faite de quartiers aux maisons pour la plupart en banco. Organisés comme des villages, ces quartiers sont d’une beauté faite de simplicité et de propreté. Les routes de Ziguinchor sont parfois bitumées ou latéritiques. Fondée en 1560, cette cité tire son nom du groupe baïnouk Iziguichos. Cette ancienne mare est devenue un ancien comptoir portugais, mais n’a connu la prospérité qu’au 18è siècle. Cité verte fleurie, elle paraît une oasis pour quelqu’un qui vient du Nord du Sénégal, la partie sahélienne du pays.

Ziguinchor, c’est aussi cette image permanente de plus de vingt-sept ans de situation de ni guerre ni paix avec son cortège de misères et de souffrances. Puis, la catastrophe du bateau « Le Joola » qui continue de l’endeuiller dont le septième anniversaire a eu lieu le samedi 26 septembre dernier.

Aujourd’hui, malgré quelques spasmes, les populations se forcent à croire à la paix. Quant au nouveau maire, Abdoulaye Baldé, il a choisi la voie du développement à travers des actes concrets pour instaurer cette paix tant désirée dans cette région meurtrie. « Nous avons la pleine conscience qu’il faut créer des emplois parce qu’il n’y a que cela qui peut développer la région mais aussi ramener la paix », a-t-il dit.

Depuis les locales du 22 mars dernier, qui l’ont porté à la tête de la ville, l’édile a lancé une série de travaux qui doivent changer le visage de cette ville aux allures de gros village. En tout cas, c’est l’impression qu’on a dès qu’on pénètre dans certains quartiers de Ziguinchor où cases, maisons en zinc et immeubles cohabitent.

Infrastructures routières, réfection et amélioration de l’éclairage public, désensablement, curage des caniveaux, création d’une usine de pavés qui fait travailler de nombreux jeunes, terrassement de la Place de Gao sont, entre autre, des chantiers en cours dans la ville. Au total, « une dizaine de projets sont en cours ou prévus », souligne le maire-adjoint chargé des grands travaux, de l’assainissement et des espaces verts, Samba Gakou.

Le symbole de la colombe

C’est sous un ciel menaçant de ce samedi 26 septembre que nous débutons la visite des chantiers. Le grondement du ciel, mêlé à des gros éclairs, présage d’un orage. Il n’en est rien. Il n’y a qu’une fine pluie. Les chantiers sont nombreux et certains même réceptionnés comme la Place Jean-Paul II (ancien rond-point Gall Diaw).

Elle comprend un monument en forme de palmier fait de blocs de pierres basaltiques. La statue, à la base élargie et au sommet rétréci, est surmontée d’une colombe, symbole de paix, qui prend son envol comme si elle voulait emporter avec elle le malheur de la région. « En tout cas, c’est notre vœu le plus cher », confie l’un de nos guides, Mamadou Fall dit « Momo ». Les bordures sont en pavé. Le mur de la Cathédrale, faisant face à la place, est peint en couleur verte avec des palmiers et des colombes. Derrière ce flanc, plus exactement dans l’enceinte de l’Eglise, se trouve une grande croix lumineuse.

Au quartier de Grand-Dakar, est sorti de terre un centre multifonctionnel destiné à la jeunesse. Il est implanté sur l’ancien site « Les Cases », un dancing, jadis très célèbre de la ville. Le beau bâtiment destiné à la jeunesse de Ziguinchor comprend, entre autre, des salles de spectacle, de conférence, d’informatique, un restaurant. Conçu en forme de cercle (avec rez-de-chaussée plus étage), il pourra servir de cadre à toutes les couches socioculturelles de la région naturelle de la Casamance. Le gros œuvre est presque terminé. « La fin des travaux est prévue en fin décembre », souligne « Momo » Fall. Il s’agit, pour le maire Abdoulaye Baldé, d’offrir aux artistes et aux jeunes « un environnement culturel beaucoup plus développé ». D’où la construction de ce « Théâtre de Verdure au niveau de « Les Cases » avec un centre d’exposition qui permettra aux artistes plasticiens, aux musiciens de venir s’y produire », explique le maire qui confirme que d’ici le mois de décembre ou au tout début du mois de janvier 2010, le complexe sera terminé. Dans le même cadre, la ville s’est enrichie d’une autre radio, la Zig-Fm, créée par l’édile de Ziguinchor qui a également doté sa mairie d’un site Web.

Mais les travaux qui semblent attirer l’attention du visiteur, sont, sans nul doute, ceux ayant trait à la voirie. Et ils sont nombreux en cours d’exécution. Les quartiers aux rues jadis impraticables comme Kandé, Tilène, Santhiaba, Kajor, en sont les grands bénéficiaires. Notamment la route qui va de la future Place Aline Sitoë Diatta, située à l’entrée de la ville en venant de Dakar, jusqu’à l’église de Tilène et même le quartier Alwar, en passant par le quartier Baneto. Les travaux ont été arrêtés du fait de l’hivernage. Cependant, le terrassement a permis, malgré quelque boue, aux véhicules de l’emprunter. « Le dallage est accompagné de l’assainissement et il est également prévu l’éclairage public », note M. Gakou. En effet, sur certaines rues, la canalisation est déjà réalisée et il ne reste que le pavé central. Le matériau disponible est entreposé le long des trottoirs en attendant la fin de la saison des pluies. Une autre rue quitte le Boulevard 54 et longe le marché Tilène avant de croiser la première à Baneto. Elle est en 2X2 voies avec des trottoirs et surtout une canalisation centrale.

Ces travaux font revivre Baneto devenu un carrefour puisque plusieurs routes s’y croisent. « Il est prévu un rond-point à Baneto où se croisent toutes les rues de la zone, avec à la clé, une grande statue », informe Samba Gakou. Et d’ajouter : « au total, pour ce premier programme, 13 kilomètres de rues seront faits en pavé. A terme, la ville bénéficiera d’une vingtaine de kilomètres de rues en pavé », non sans préciser que ces travaux s’inscrivent dans le cadre du Precol (financement Banque mondiale et Agence de développement municipal - Adm) que le chef de l’Etat a bien voulu accorder à Pikine et Ziguinchor.

« Notre ville a réussi la prouesse de réunir la somme nécessaire pour le financement », s’enorgueillit M. Gakou. Certaines voies sont très longues, telle celle qui quitte le château d’eau (au quartier Néma) pour finir au marché central St-Maur-des-Fossés, traversant ainsi tout le quartier Kajor.

Samba Gakou d’expliquer que si toutes ces rues sont faites en pavés, c’est parce que Ziguinchor est une marre. « C’est pourquoi notre choix est porté sur les pavés à la place du goudron », explique-t-il.

De nombreux projets en perspective

Outre ces travaux en cours d’exécution, il y a, dans le programme de la ville, des travaux de réhabilitation, à compter de ce mois, du rond-point Amadou Bélal Ly et de la mythique Place Gao, tous situés dans le quartier Boucotte. La Place Gao est le site où a eu lieu le premier attentat de la crise casamançaise.

Comme d’habitude, elle grouille de monde, notamment des jeunes qui jouent au football. Notre visite suscite une certaine curiosité chez certains. Il y est prévu un plateau sportif multifonctionnel (hand-ball, basket-ball, volley-ball), tandis que, de l’autre côté, le terrain de football sera conservé. Entre les deux parties, l’allée sera en pavé. Des bancs et l’éclairage public y seront installés. Après la Place Gao, cap sur le quartier Boudody où sera aménagé le quai des pirogues et qui sera dénommé « Berge de Boudody ». A quelques encablures, dans le centre-ville ou quartier Escale, un terrain a été cédé au ministre de la Culture pour « l’érection du musée de Ziguinchor ».

Cependant, le plus grand projet du maire Abdoulaye Baldé demeure sans conteste l’aménagement de la Place Aline Sitoë Diatta, un rond-point situé à l’entrée de la ville en venant de Dakar. Comme les principaux carrefours de Ziguinchor, elle comportera une statue de l’héroïne du Cabrousse « en grand format ». Les espaces situés à l’est et à l’ouest du rond-point seront remblayés, pavés et aménagés à l’image de la « Promenade des Thiessois » ou des « Berges du Sine », tandis que celui compris entre le garage et la route menant à Dakar sera transformé en espace vert. De même, le Boulevard 54 sera fait en enrobé dense et ses caniveaux refaits.

« Ainsi, le boulevard peut servir de lieu de défilé du 4 avril », explique le maire-adjoint chargé des travaux, Samba Gakou. Tous ces travaux nécessitent d’énormes ressources financières. Mais l’appui extérieur ne fait pas défaut. « Nous avons le soutien des Espagnols pour la construction de la berge de Boudody », a dit M. Gakou.

L’avis mitigé de l’homme de la rue

Malgré la volonté de l’équipe municipale de moderniser la ville de Ziguinchor, à travers la construction d’espaces destinés à la jeunesse, certains habitants de la ville estiment que l’urgence est ailleurs, au moment où d’autres se félicitent de cette mue.

Tranquillement assis sur un banc en bois, suivant un match de football à la Place Gao, le jeune Oumar Bayo fait partie des chercheurs d’emplois. Et pour lui, c’est cela l’urgence : trouver des emplois aux jeunes et non faire des rues. « Il est vrai que l’équipe municipale vient de s’installer. Mais, dans tous les cas, ses membres doivent savoir que la priorité n’est pas dans la construction de routes », déplore-t-il. Et d’ajouter que ces autorités gagneraient à créer de petits emplois pour les jeunes. « Je n’ai rien contre ces travaux. Cependant, il est bon de commencer par le commencement. A Ziguinchor, toutes les usines devant employer des jeunes sont fermées. Cette équipe doit faire preuve d’imagination et d’innovation », estime-t-il. En réalité, ils sont nombreux, ces jeunes qui pensent comme Oumar Bayo. « L’heure n’est plus à la théorie. Depuis l’installation de cette équipe municipale, Ziguinchor continue de vivre dans l’obscurité. Ce n’est pas normal. Ce que je leur demande, c’est de promettre moins et de travailler plus », indique le jeune Pape Ibrahima Ndiaye.

Mais à ce désespoir des jeunes, s’oppose l’espoir nourri par les adultes. Moustapha Diouf estime que le temps de grâce de ces autorités n’est pas encore terminé. « Ils viennent à peine de s’installer. J’ai bon espoir que cette équipe fera mieux que la précédente. La preuve vient d’être faite avec le curage des canaux mais, surtout, l’implication des jeunes pour la pose des pavés », explique-t-il. M. Diouf estime que l’Etat doit s’investir pour que les usines de la ville soient rouvertes afin de permettre aux jeunes de travailler. « Je comprends l’inquiétude des jeunes, mais je leur demande de patienter », déclare-t-il. Abondant dans le même sens, El Hadj Barro se veut également rassurant. « Le maire va respecter ses promesses à la lettre », rassure-t-il.

A Tilène souffle un vent nouveau avec l’ensemble des travaux routiers qui y ont cours. Et les populations apprécient favorablement. C’est le cas de Maurice Ndiaye. La rue passant devant sa maison fait partie des chantiers. « La construction de cette rue jadis impraticable pendant la saison des pluies permettra de désenclaver notre quartier. Le choix des pavés nous rassure pour la durée de vie de l’ouvrage », fait-t-il savoir, non sans souhaiter un bon éclairage public. « Il peut être rassuré, la construction des rues va de pair avec l’assainissement et l’éclairage public », souligne le maire-adjoint Samba Gakou.

Auteur: Daouda MANE et Tata SANE
Publié le: Lundi 12 Octobre 2009

Commentaires (0)

Participer à la Discussion

Règles de la communauté :

  • Soyez courtois. Pas de messages agressifs ou insultants.
  • Pas de messages inutiles, répétitifs ou hors-sujet.
  • Pas d'attaques personnelles. Critiquez les idées, pas les personnes.
  • Contenu diffamatoire, vulgaire, violent ou sexuel interdit.
  • Pas de publicité ni de messages entièrement en MAJUSCULES.

💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.