Affligé par le taux de mortalité maternelle et néonatale élevé, Issa Cissokho, un orpailleur, réalise un hôpital ultramoderne dans son terroir. Situé à plus de 250 km de Tambacounda, la capitale régionale, et à plus de 300 km de Bakel, Soréto est un village riche par son sous-sol en or où s’éveillent tous les matins des milliers d'orpailleurs de diverses nationalités.

Ici, le mal qui avait toujours rongé le quotidien des habitants était le manque criant d’infrastructures sanitaires. Ce qui les obligeait à se rendre régulièrement au Mali voisin ou dans d'autres localités comme Kedougou ou Tambacounda, malgré l'état cahoteux des routes, pour avoir accès aux soins de santé.

Peiné par cette situation douloureuse, l'orpailleur Issa Cissokho, un fils du terroir, construit et équipe le poste de santé à Soréto, pour abréger la souffrance de ses concitoyens. Il y a seulement quelques mois, le village éprouvait d’énormes difficultés pour accéder aux soins de santé les plus élémentaires. Cette situation était, dit-on, à l’origine des nombreux cas de décès, surtout des femmes en état de grossesse lors d’évacuation sanitaire vers Tambacounda, Kédougou, voire le Mali, par la traversée du fleuve de la Falémé.

Ce qui a motivé la décision de l'orpailleur Issa Cissokho de bâtir et d'équiper un établissement sanitaire dernier cri sur cette terre qui l’a vu naître et grandir avec comme seul objectif : « Réussir et investir chez soi. » Les fruits ont tenu la promesse des fleurs, explique Issa Cissokho : « Personnellement, j’ai eu à accompagner des malades sur des charrettes, des motos et tricycles. D’autres sont décédés, d’autres ont perdu leur bébé pendant l’accouchement à mi-chemin de l’évacuation, au cœur de la forêt, à la merci des routes cahoteuses. J’étais profondément peiné de voir ces hommes, ces femmes, ces enfants mourir, faute de moyens. C’est ce qui a été le combat de tous les jours et Dieu merci, grâce à la volonté suprême et avec l’aide de mes parents, mes proches collaborateurs, j’ai réussi à construire cet hôpital entièrement équipé», dit-il lors de la cérémonie de clôture de la campagne de lutte contre les cancers du col de l'utérus et du sein, ce samedi à Kidira, dont il était le parrain.

Interpellé sur le coût global de cet immense investissement, l’homme ne s'est pas epenché là-dessus, en signe de modestie. Le poste de santé, devenu désormais une propriété publique, comprend une salle de consultations, des pavillons d’hospitalisation, des salles d’injection, une pharmacie et un dépôt fournis, une salle pour accompagnants, des toilettes, une maternité et des logements pour le personnel soignant qu'il a gracieusement offert à l'Etat. L’établissement sanitaire est aussi alimenté par une énergie solaire qui actionne un château d’eau fixé dans l’enceinte du poste.

Le président du Conseil départemental de Bakel, Mapathé Sy, les sous-préfets de Bélé et de Kenieba ont félicité le généreux donateur avant de lui souhaiter plus d’abondance pour que ce terroir béni de Soréto puisse davantage prospérer.

L’occasion était également propice pour les autorités administratives et territoriales d’appeler ses frères de toute la zone à unir leurs efforts et sortir les populations du gouffre de l’enclavement et de la pauvreté … Mapathé Sy n'a pas manqué de solliciter du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, d'élever le généreux donateur au rang de l'ordre du Mérite, à l'occasion de la prochaine fête de l'indépendance.

Au nom des autorités sanitaires, le médecin-chef du district sanitaire de Kidira, Saliou Gningue, a affirmé que ce joyau « ôtera des pieds des populations une grosse épine ayant longtemps précipité la mort de beaucoup de patients».

À signaler que le donateur a aussi remis une ambulance médicalisée, plus d'un scanner dont la réception est prévue les prochains jours. Une délégation venue des villages voisins s’est aussi réjouie du don ainsi que le porte-parole des étudiants, Kécouta Macalou.