La population de Kédougou peut enfin pousser un ouf de soulagement. Après plus de deux ans de fermeture pour travaux, le bloc opératoire du centre de santé de Kédougou a été officiellement remis en service ce week-end. Une réouverture très attendue dans une région où les besoins en soins obstétricaux d’urgence demeurent criants.

Un processus long, mais couronné de succès

Selon Abdoulaye Barro, secrétaire exécutif du Comité de développement sanitaire (CDS) de Kédougou, cette réouverture est l’aboutissement d’un travail minutieux et d’une forte mobilisation locale.

« Depuis notre installation, nous nous sommes fixé deux objectifs : offrir des soins accessibles aux populations démunies et rouvrir ce bloc opératoire. Le directeur régional de la santé a joué un rôle majeur pour lever les obstacles qui freinaient cette reprise », explique-t-il.

L’une des principales difficultés tenait au maintien en poste de cinq sages-femmes jusque-là prises en charge par le district.

« Si nous avions perdu ces sages-femmes, le bloc n’aurait pas pu fonctionner. Le CDS a décidé de les prendre entièrement en charge pour garantir la continuité des soins », poursuit Abdoulaye Barro.

Le CDS s’engage également à assurer l’approvisionnement en médicaments essentiels pour le bloc opératoire. Mais les défis ne manquent pas, notamment sur le plan énergétique.

« Nous avons un groupe électrogène, mais le coût du carburant est exorbitant. En 24 heures, nous avons consommé plus de 240 litres de gasoil. À ce rythme, le CDS ne pourra pas supporter durablement cette charge. Nous lançons un appel aux bonnes volontés pour accompagner le fonctionnement du bloc », plaide-t-il.

Une réhabilitation complète et un équipement moderne

Présent lors de la cérémonie, le directeur régional de la Santé, le docteur Ababacar Mbaye, s’est réjoui de la qualité des travaux réalisés grâce au soutien de l’ISMEA, principal partenaire financier.

« ISMEA a respecté son engagement en réhabilitant complètement le bloc et en l’équipant de matériel moderne, capable d’assurer une prise en charge satisfaisante des patients référés », souligne-t-il.

La visite des installations a permis de constater plusieurs améliorations majeures à savoitr la réhabilitation totale du plafond qui présentait auparavant des infiltrations, l’installation d’une lampe scialytique neuve pour une meilleure visibilité en salle d’opération, l’aménagement d’un coin du nouveau-né doté d’une table chauffante, la mise en place d’un aspirateur électrique facilitant la réanimation néonatale et l’équipement d’une salle de réveil de quatre lits, chacun doté d’une source d’oxygène.

Un impact majeur attendu sur la mortalité maternelle

Le docteur Mbaye rappelle l’enjeu vital lié à la réouverture de cette structure.

« Le Sénégal enregistre une mortalité maternelle de 153 décès pour 100 000 naissances vivantes. À Kédougou, ce taux grimpe à 430, le plus élevé du pays. Ce bloc opératoire va permettre d’augmenter le taux de césariennes nécessaires pour sauver des vies », affirme-t-il.

La région dispose désormais de trois blocs opératoires opérationnels : celui du centre de santé de Kédougou, de l’hôpital régional et du centre de santé de Saraya.

« Avec la synergie de ces trois structures, nous pouvons espérer une réduction réelle et durable de la mortalité maternelle dans la région », conclut le directeur régional.

Un nouvel espoir pour les familles 

La réouverture du bloc opératoire sonne ainsi comme un nouveau départ pour l’accès aux soins obstétricaux et chirurgicaux dans une région où les distances et les moyens limités compliquent souvent les urgences.

À présent, les autorités sanitaires et les communautés locales espèrent une mobilisation solidaire pour garantir la durabilité de cet acquis essentiel.