Calendar icon
Thursday 02 October, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Prise en charge du cancer du sein : L’éternelle problématique du diagnostic tardif

Auteur: Yandé Diop

image

Prise en charge du cancer du sein : L’éternelle problématique du diagnostic tardif

Le mois d’octobre, consacré à la sensibilisation au cancer du sein à travers la campagne mondiale Octobre Rose, est un prétexte pour mesurer l’ampleur des défis que doit relever le Sénégal face à cette maladie. La Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (LISCA) a donné le coup d’envoi de cette édition par une grande randonnée pédestre qui a réuni plus de 2 600 participants. La présidente de la LISCA, le Dr Fatma Guenoune, a tiré la sonnette d’alarme sur les cancers encore trop souvent diagnostiqués tardivement et sur les moyens de prise en charge qui demeurent insuffisants.

Un diagnostic encore trop tardif

Le cancer du sein est aujourd’hui l’un des cancers les plus fréquents au Sénégal. Chaque année, selon la LISCA, le pays enregistre environ 1 836 nouveaux cas et 976 décès. Ces chiffres alarmants s’expliquent en grande partie par la détection tardive. « Malheureusement, 70 % des femmes viennent à des stades avancés de la maladie, où il n’est plus possible de les sauver. Tout ce que nous pouvons faire à ce stade, c’est les accompagner dignement », regrette le Dr Guenoune. Elle insiste sur l’importance du dépistage précoce, recommandé dès l’âge de 40 ans, qui permet d’augmenter les chances de survie et de réduire les coûts élevés liés aux traitements lourds.

Des moyens concentrés à Dakar

Depuis sa création en 1985, la LISCA a accompagné plus de 4 500 patientes grâce à la chimiothérapie et à la radiothérapie, mais l’accès aux soins reste inégal. Dakar concentre l’essentiel des infrastructures et du plateau technique, créant une véritable fracture sanitaire. « Il ne faut pas que seul Dakar soigne le cancer. Nous devons créer des unités de prise en charge dans les hôpitaux régionaux et développer la radiothérapie dans d’autres zones », plaide la présidente de la LISCA

Cette centralisation a des conséquences directes : les patientes venant de régions éloignées doivent parcourir de longues distances pour se faire soigner, avec des coûts de transport et d’hébergement souvent insoutenables pour des familles déjà fragilisées. La LISCA a aussi mis en avant un autre défi majeur : le manque de structures d’hébergement pour les patientes venues des régions. « L’État nous avait octroyé un terrain de 500 m² à Yeumbeul pour construire une maison de vie. Nous avons déjà un partenaire, Dubaï Port World, qui a accepté de financer le projet. Les fonds sont disponibles depuis 2023, mais nous attendons la levée des restrictions sur le terrain pour démarrer les travaux », explique le Dr Guenoune. Cette maison d’accueil serait un soulagement pour de nombreuses femmes obligées de dormir dans des conditions précaires, parfois même à l’hôpital, faute de moyens pour se loger pendant la durée des traitements.

Les limites du plateau technique

Au-delà du déficit d’infrastructures, la prise en charge du cancer souffre d’un manque d’équipements modernes et en nombre suffisant. Les appareils de radiothérapie sont concentrés dans la capitale et peinent à répondre à la forte demande. Le Dr Guenoune plaide ainsi pour un renforcement du plateau technique, non seulement pour réduire les délais de traitement, mais aussi pour améliorer la qualité des soins. L’absence de matériel adapté allonge les files d’attente et compromet les chances de guérison des patientes.

Octobre Rose : dépistage et sensibilisation de masse

Pour cette édition 2025, la LISCA a fixé un objectif ambitieux : dépister 15 000 femmes et distribuer 2 000 bons de mammographie subventionnée. « Chaque fois qu’une anomalie sera détectée, la mammographie sera gratuite et toutes les patientes testées positives seront accompagnées jusqu’au diagnostic et au traitement », assure la présidente. Le programme prévoit 15 activités tout au long du mois : consultations gratuites au siège de la LISCA du lundi au vendredi, campagnes itinérantes dans différentes localités, et une grande journée de sensibilisation et de dépistage le 11 octobre au Stade de l’Amitié.Si les actions de la LISCA contribuent à briser le tabou autour du cancer et à soutenir les malades, elles ne suffisent pas à elles seules à inverser la tendance.

La lutte contre le cancer du sein au Sénégal nécessite une volonté politique forte, des investissements conséquents dans les infrastructures régionales et une mobilisation durable des partenaires. « Nous avons réussi à sauver près de 50 % des patientes accompagnées. Mais nous pouvons faire mieux si les femmes se font dépister tôt et si les moyens sont renforcés », conclut le Dr Fatma Guenoune.

Auteur: Yandé Diop
Publié le: Jeudi 02 Octobre 2025

Commentaires (1)

  • image
    biga il y a 8 heures

    sadio degage

Participer à la Discussion