Souveraineté pharmaceutique : Le Sénégal encore loin de l'objectif des 30 % en 2030
Le Sénégal veut augmenter la part de la production locale de médicaments, mais les industriels couvrent aujourd’hui moins de 10 % des besoins nationaux, loin des objectifs de 30 % en 2030 et 50 % en 2035.
Pour comprendre les blocages et améliorer l’accès des producteurs nationaux à la commande publique, un atelier a réuni, ce mercredi, les industriels, les acheteurs publics et les régulateurs. Les capacités de production existent, mais les entreprises locales peinent à accéder au marché public, qui représente environ 20 % du marché du médicament. Le reste, soit 80 %, est dominé par les grossistes privés.
Le professeur Yerim Mbagnick Diop souligne que l’industrie locale pourrait faire plus : « Si nous consommons tout ce qu’elle produit aujourd’hui, nous dépasserons les 30 %. Le problème vient surtout des difficultés d’accès au marché public. »
Il cite la complexité des procédures, les exigences techniques et financières ainsi que la concurrence des importations comme obstacles majeurs. Dans le secteur privé, la part de l’industrie nationale reste faible, autour de 3 %. Dans le public, elle atteint environ 18 %, encore loin des cibles fixées pour 2025.
Pour changer la donne, l’État a engagé plusieurs réformes : une corrélation passive pour favoriser la production locale lorsque les industriels en font la demande, une corrélation active, à travers une liste de médicaments souverains que le Sénégal prévoit de produire localement et de ne plus importer, d’ici 2035, une dérogation du Code des marchés destinée à faciliter l’achat de médicaments issus de l’industrie locale, un manuel de procédures de la SEN-PNA attendu pour clarifier les modalités d’accès à la commande publique.
Le docteur Mor Diagne, du ministère de la Santé, rappelle que ces efforts s’inscrivent dans la Stratégie de transformation systémique du Sénégal (ST2S) adoptée en 2024. Cette stratégie place la souveraineté sanitaire au centre des priorités nationales.
« Le Sénégal veut couvrir 50 % de ses besoins en médicaments d’ici 2035. Cela ne sera possible que si nous levons les obstacles qui freinent l’accès des industriels au marché public », affirme-t-il.
L’atelier vise à créer un cadre de dialogue entre industriels, SEN-PNA, DCMP, ARCOP et DSMP, afin d’élaborer une feuille de route commune pour renforcer l’industrie locale et sécuriser l’offre en médicaments.
Même si les objectifs de 2025 ne sont pas atteints, les acteurs restent optimistes. Ils misent sur la réforme de la commande publique, une meilleure coordination et des mesures d’appui, notamment sur l’énergie et la fiscalité, pour faire de l’industrie pharmaceutique un véritable pilier de la souveraineté sanitaire du Sénégal.
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