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Système de santé sénégalais : Le diagnostic alarmant des parlementaires

Auteur: Yandé Diop

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Système de santé sénégalais : Le diagnostic alarmant des parlementaires

Les parlementaires ont un diagnostic sans complaisance sur l’état du système sanitaire sénégalais, à l’occasion de l’examen du projet de budget 2026 du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique en commission. En cours d’examen ce jeudi, le budget est arrêté à 274,2 milliards FCFA en autorisations d’engagement (AE) et 217,2 milliards FCFA en crédits de paiement (CP). Si les parlementaires ont salué les efforts engagés par le département dirigé par le Dr Ibrahima Sy, ils ont, en revanche, dressé un tableau préoccupant, marqué par la cherté des soins, le déficit criant de personnel qualifié, les dysfonctionnements dans l’accueil des patients et l’insuffisance d’équipements médicaux modernes.

Des soins devenus inaccessibles pour de nombreux Sénégalais

 L’un des points les plus dénoncés concerne le coût des soins dans les structures publiques, jugé excessif par les députés. Certains ont évoqué des cas où « le simple ticket d’accès à l’hôpital peut atteindre 10 000 FCFA, un montant insupportable pour de nombreuses familles vivant dans la précarité ». Cette situation, estiment-ils, « remet en cause le principe d’équité dans l’accès aux soins et éloigne une grande partie de la population du système de santé formel, au profit des pratiques traditionnelles ou de l’automédication ». Les parlementaires ont ainsi appelé à une régulation plus stricte des tarifs appliqués dans les établissements publics et à un renforcement conséquent des mécanismes de prise en charge sociale.

Des conditions d’accueil décriées

Au-delà du coût, les députés ont vivement critiqué la qualité de l’accueil dans certains hôpitaux et centres de santé. Le cas d’un nouveau-né décédé devant l’hôpital de Diourbel, faute de prise en charge rapide, a été rappelé avec insistance, illustrant les failles dans la gestion des urgences. Ils ont également attiré l’attention du ministre sur une question écrite antérieure relative aux conditions d’accueil dans les maternités, souvent jugées indignes et peu respectueuses des patients, en particulier des femmes enceintes. Face à ces critiques, une exigence claire a été formulée : « humaniser les soins, améliorer la formation du personnel à l’accueil des patients et instaurer un meilleur contrôle de la qualité du service public de santé ».

Un déficit criant de personnels spécialisés

 Le manque de médecins spécialistes, d’infirmiers, de sages-femmes et de personnel qualifié reste un problème majeur, surtout dans les zones rurales et enclavées. Les députés ont notamment sollicité plus de spécialistes pour des localités telles que Bakel, Bettenty, Foundiougne, Goudomp, Kédougou, Tambacounda, Malem Hodar, Nioro, Boundou et le Fouta. Ils ont également plaidé pour une meilleure prise en charge des internes et des étudiants en spécialisation (DES), avec une rémunération plus équitable et des conditions de travail décentes, ainsi que pour une intégration plus rapide des contractuels dans la Fonction publique, dont certains accusent plusieurs mois de retard de salaire. Les agents de santé communautaires, véritables piliers de la santé primaire, ont eux aussi fait l’objet d’une attention particulière, les députés demandant une revalorisation de leur statut.

Un maillage sanitaire jugé insuffisant

Au niveau des infrastructures, la carte sanitaire du pays a été largement remise en cause. Les parlementaires ont demandé la construction ou l’érection de nouveaux hôpitaux et centres de santé à travers le territoire, notamment. « Des hôpitaux de niveau 3 à Tambacounda, Bignona et Ziguinchor, des hôpitaux de niveau 1 à Bakel, Mbacké, Darou Mouhty, Médina Sabakh et Saint-Louis (hôpital Alioune Badara Cissé), des centres de santé à Bounkiling, Nguekhokh, Popenguine, Kayar, Koutal, Gandiaye, Médina Baye, l’érection de certaines structures, comme Malicounda, en hôpital à part entière, des ambulances médicalisées ont été réclamées pour des zones reculées, en particulier pour les îles (Bettenty) et plusieurs postes de santé de l’intérieur du pays » sont recommandés.

Des plateaux techniques insuffisants et vétustes

 Le manque ou la vétusté des équipements médicaux a également été pointé du doigt. Les députés ont réclamé un relèvement du plateau technique de nombreux hôpitaux, notamment à Tivaouane, Touba, Linguère, Richard Toll, Kaolack, Podor, Guédiawaye et Diourbel. Parmi les besoins urgents évoqués : « des scanners pour certains hôpitaux, des incinérateurs et groupes électrogènes, des morgues dans les localités insulaires, des équipements adaptés pour les personnes en situation de handicap, particulièrement les femmes ». 

Ces défaillances logistiques, selon les parlementaires, compromettent gravement la qualité des soins et obligent fréquemment les patients à se déplacer vers Dakar, contribuant à la saturation des hôpitaux de la capitale.

Auteur: Yandé Diop
Publié le: Jeudi 04 Décembre 2025

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