L'université Cheikh Ahmadoul Khadim (UCAK) de Touba a franchi une étape majeure en obtenant de l'Autorité nationale d'assurance qualité (ANAQ-Sup) l'avis favorable pour l'habilitation institutionnelle à délivrer les diplômes de licences et de masters. Les responsables de ce temple du savoir ont tenu un point de presse ce mercredi 31 décembre 2025 pour expliquer le processus de cette prouesse et décliner leur ambition consistant à bénéficier de l'accréditation.

Dans son discours d'ouverture devant la presse, Serigne Ahmadou Badawi Mbacké, président du complexe Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba, a fait le rappel historique de ce temple du savoir réalisé par le Khalife général des mourides à hauteur de 37 milliards F CFA.

Serigne Mountakha Mbacké a concrétisé un vœu de Khadim Rassoul à travers l'implantation de ce complexe reconnu par l'État du Sénégal. À trois ans d'existence, Serigne Ahmadou Badawi Mbacké a tiré un bilan satisfaisant. Pour lui, l'université Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba sera parmi les meilleurs instituts. Il a remercié le Khalife Serigne Mountakha Mbacké et tous ceux qui ont contribué à ce travail jusqu'à ce jour.

Le recteur de l'université Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba a expliqué les enjeux de cette habilitation : "Nous nous réunissons aujourd'hui sous la présence de Serigne Amadou Badawi Mbacké, président du complexe Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba, et sous le Ndigueul du khalife général des Mourides Serigne Mountakha Mbacké pour vous restituer les résultats de l'habilitation institutionnelle de l'Université Cheikh Amadoul Khadim."

Il a précisé : "Il est important de retenir que, actuellement, le gouvernement du Sénégal a retenu deux critères pour reconnaître les diplômes délivrés dans l'enseignement supérieur, que ce soit une université publique ou une université privée. Il n'y a que deux critères. L'institution en question, qui souhaite une reconnaissance de ses diplômes, l'université qui souhaite une reconnaissance de ses diplômes, doit d'abord avoir l'habilitation institutionnelle à délivrer ses diplômes basée sur un arrêté donné par le ministère de l'Enseignement supérieur. C'est le premier critère."

"Le deuxième critère pour la reconnaissance des diplômes, c'est que les diplômes doivent être accrédités après aussi l'évaluation de l'ANAQ-Sup", a-t-il ajouté.

Neuf mois de travail rigoureux

Le recteur a détaillé le processus d'évaluation : "Tenant compte des orientations données par le Khalife général des Mourides, appliquées par le président du complexe Cheikh Ahmadoul Khadim, Serigne Ahmadou Badawi Mbacké et l'ensemble des responsables du complexe, nous avons pensé que dans la démarche qualité, dans la démarche d'excellence exigée par le Khalife général des mourides, nous devons soumettre notre université à la procédure d'habilitation institutionnelle."

"C'est pourquoi nous avons répondu à l'appel à manifestation d'intérêt de l'ANAQ-Sup, pour qu'on soit évalué pendant l'année 2025. Cela a nécessité, à l'intérieur de l'université, un travail important qui a duré plus de neuf mois", a-t-il expliqué.

Il a poursuivi : "Nous avons respecté les procédures de l'ANAQ-Sup, c'est-à-dire soumettre une demande d'habilitation, faire la formation des différents acteurs qui seront impliqués dans l'évaluation, évaluation par nous-mêmes et évaluation externe, mais aussi utiliser le référentiel d'auto-évaluation et soumettre notre rapport d'auto-évaluation."

"Cela a impliqué la mise en place d'un comité, qu'on appelle comité de pilotage de l'auto-évaluation, qui s'est réuni tous les dimanches pendant neuf mois pour élaborer le rapport que nous avons soumis, comme exigé par l'ANAQ-Sup à partir de son site, en fournissant nos éléments de preuve", a-t-il détaillé.

Le Pr Lamine Guèye de poursuivre : "Après avoir soumis ce rapport, l'ANAQ-Sup l'a jugé recevable et a sollicité l'université pour organiser la visite des experts externes. Parce que l'ANAQ-Sup ne se contente pas de la description de l'université par ceux qui sont dans l'université, mais envoie des experts externes qui viennent évaluer eux-mêmes le fonctionnement de l'université."

"Nous avons reçu en ce mois de décembre l'équipe des experts désignés par l'ANAQ-Sup, compétents dans ce domaine, qui après avoir visité l'université, a rencontré toutes les parties prenantes de manière autonome et de manière transparente et a élaboré son rapport d'évaluation externe, nous l'a soumis. Nous n'avons pratiquement pas eu d'objection concernant ce rapport", a-t-il révélé.

Il a annoncé : "Ce qui fait que les autorités de l'ANAQ-Sup ont amené ce rapport d'évaluation externe au niveau du conseil scientifique de l'ANAQ-Sup qui a déclaré que l'université Cheikh Ahmadoul Khadim a l'avis favorable à l'habilitation institutionnelle lors de cette session tenue récemment au niveau de l'ANAQ-Sup. Maintenant, cet avis nous a été transmis. C'est pour cela que nous en parlons aujourd'hui, pour remercier tout le monde, mais aussi faire connaître cet avis à toute la communauté mouride."

Le recteur a souligné l'importance de cette étape : "Il est important de noter que c'est un résultat qui est majeur parce que ça conditionne la reconnaissance des diplômes que nous délivrons, mais aussi ça montre que l'université respecte les critères de qualité attendus par une université au niveau du Sénégal et à l'international."

Enfin "je voudrais remercier toutes les personnes, toutes les autorités qui ont accompagné cette université. C'est le résultat du complexe Cheikh Ahmadoul Khadim. C'est le résultat de toute la communauté mouride que nous remercions d'avoir appuyé l'université à engager cette démarche et à avoir, dès le dépôt, dès l'étude approfondie, un avis favorable à délivrer les diplômes."

"Nous nous engageons à aller vers une autre phase qui est l'accréditation des diplômes. Nous sommes extrêmement optimistes du déroulement de cette phase parce que l'expérience acquise dans l'habilitation, qui est une procédure assez difficile, nous permettra aussi d'aborder avec sérénité et, je pense, un bon résultat les accréditations", a déclaré le recteur.

Une université ouverte à tous

Le Pr Lamine Guèye, sous le contrôle de son vice-recteur Pr Ibrahima Thioub et du président du complexe Cheikh Ahmadoul Badawi Mbacké, a tenu à clarifier la vocation de l'université : "J'en profite pour dire à toute la communauté mouride et aux Sénégalais aussi que ce n'est pas une université réservée aux ressortissants de la communauté mouride ni aux élèves de Touba. Tout le monde vient ici. Nous avons une plateforme qui est ouverte à tout bachelier qui veut venir à l'Université Cheikh Ahmadoul Khadim."

Il a précisé : "Ce qui fait que, évidemment, naturellement, il y a une forte demande des bacheliers de Touba qui sont fortement représentés dans notre population estudiantienne. Mais nous avons des étudiants qui viennent de toutes les régions du Sénégal. Comme d'ailleurs c'est le cas pour l'Institut du Coran, qui accueille des étudiants qui viennent de très loin du Sud. Comme c'est le cas du Majalis, aussi qui accueille des élèves qui viennent de tout le Sénégal."

"Donc ce n'est pas une université réservée aux fils des mourides. C'est une université de la communauté mouride ouverte à tout Sénégalais qui veut étudier les sciences islamiques, les langues arabes ou d'autres métiers enseignés dans cette université", a-t-il insisté.

Le recteur a également évoqué l'ouverture internationale de l'université : "Nous recevons même, à partir de cette année, des étudiants qui viennent de l'étranger, notamment de la sous-région. Il y a eu deux bacheliers gambiens qui sont arrivés. On a un Guinéen qui a soumis. Il y avait même un ressortissant du Mali qui a soumis. Donc c'est une université ouverte à tous ceux qui veulent étudier ces sciences culturelles comme nous l'a demandé Serigne Mountakha Mbacké."