Liberté d’information : La fondation KAS et la CJRS alertent sur les défis de la presse sénégalaise
La Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS), a organisé, samedi dernier, un séminaire sur le thème "Liberté d’information face à la crise économique dans un État de droit". L’événement a réuni journalistes, juristes, communicants et spécialistes des médias autour des enjeux actuels qui traversent la presse sénégalaise.
Le premier panel a porté sur la nécessité de garantir l’indépendance des médias dans un contexte marqué par de fortes contraintes économiques. L’expert en droits des médias, Bouna Manel Fall, a dénoncé l’opacité qui règne dans le secteur de la publicité, principal moteur financier de nombreuses rédactions. "La gestion de la publicité est une véritable nébuleuse. On ne connaît pas réellement la manne financière qu’elle génère. D’où la nécessité d’une réforme approfondie", a-t-il déclaré.
Il a plaidé pour une application stricte des dispositions prévues dans le futur Code de la publicité, notamment les articles 4 alinéa 2, 6 et 58, afin de mieux encadrer ce secteur stratégique.
La communicatrice Sophie Ly Sow a, pour sa part, insisté sur la contribution essentielle des femmes dans le processus de construction démocratique. "Notre construction nationale passe par nous les femmes", plaide Mme Sow.
Le second panel a donné la parole à plusieurs professionnelles des médias venues partager leurs réalités et les obstacles qui entravent leur évolution. La journaliste Faty Dieng a évoqué les résistances auxquelles se heurtent les femmes lorsqu’elles aspirent à occuper des positions de leadership ou à traiter certains sujets sensibles. "Elles se heurtent à un système difficile à briser, sans logique. Quand j’ai voulu retracer l’itinéraire de l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba, on m’a dit que c’était impossible pour une femme", a soutenu Mme Dieng.
La présidente de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), Aminata Fall Niang, a pour sa part alerté sur la faible protection accordée aux femmes et aux enfants dans le traitement médiatique, en particulier dans les faits divers. Elle se désole que "dans les faits divers, il n’existe quasiment aucune protection pour les femmes et les enfants. Leur vulnérabilité est trop souvent ignorée".
Au terme des échanges, les participants ont souligné l’urgence de repenser les modèles économiques des médias, de renforcer l’éthique professionnelle et de promouvoir une meilleure prise en compte des droits des femmes dans les rédactions.
La KAS et la CJRS ont réaffirmé leur engagement à accompagner les acteurs du secteur dans la construction d’une presse libre, indépendante et inclusive, condition essentielle au renforcement de l’État de droit au Sénégal.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion