Ecœurés par l’ordonnance de la Crei de ne pas autoriser l’évacuation de leur client en France pour des raisons sanitaires, les avocats de Ibrahim Abou Khalil Bourgi dit Bibo ont fustigé la décision «inhumaine» de la Juridiction spéciale. Démunis de tout recours, les conseils du complice présumé de Karim Wade sollicitent une «intervention humanitaire» du Président Macky Sall.
«J’ai demandé une intervention humanitaire de la part du président de la République Macky Sall. Il n’est pas question qu’il se mêle d’un procès car il y a le principe de la séparation des pouvoirs. C’est pourquoi j’en appelle à lui (Macky Sall) pour une aide humanitaire afin de débloquer cette situation invraisemblable.» C’est l’appel que Corinne Dreyfus-Schmidt, membre du collectif des avocats de Ibrahim Abou Khalil Bourgi dit Bibo, complice présumé de Karim Wade, a fait à l’endroit du chef de l’Etat. Ce, après que la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) a décidé que leur client reste à Dakar et assiste aux audiences.
Face à la presse samedi, la défense de M. Bourgi s’est d’ailleurs offusquée de la décision qu’elle juge «inhumaine, inacceptable et scandaleuse» de la cour, qui refuse l’évacuation en France de celui qui est apparu le premier jour du procès sur chaise roulante et sous perfusion. Ce refus, souligne-t-on, «s’inscrit dans la logique de tous les organes de la Crei (Parquet et Commission d’instruction) qui, bien qu’informés depuis près de deux ans, et régulièrement relancés à ce sujet, ont systématiquement rejeté toutes les requêtes de M. Bibo Bourgi dont l’état de santé ne cesse de se dégrader». Mes Baboucar Cissé, Papa Leïty Ndiaye, Moïse Mamadou Ndior et Corinne Dreyfus-Schmidt estiment que la cour invoque la «jurisprudence Hosni Moubarack» qui avait comparu devant une cour sur une civière, pour justifier sa décision. Souffrant d’infection nosocomiale, M. Bourgi s’était vu décerné un mandat d’amener le 31 juillet dernier, à l’ouverture du procès de Karim Wade. Me Dreyfus-Schmidt de regretter : «La cour prend la décision inhumaine de faire comparaître devant elle, un homme qu’elle sait gravement malade et dans l’attente de soins urgents et vitaux, ce que confirment quatre rapports d’expertise commandités par les juges eux-mêmes.» A l’en croire, Bibo Bougi est placé devant un dilemme : entre le rendez-vous judicaire qui lui impose sa comparution et le rendez-vous de la vie qui lui impose de se soigner. A ces deux rendez-vous, l’avocate française tranche pour le second : «Sauf si le choix était fait d’engager son pronostic vital.»
Forts de ces arguments, les avocats de la défense plaident pour que le procès soit différé afin de permettre à leur client d’aller se soigner dans l’Hexagone. Ils interpellent les organismes des droits de l’Homme et l’Ordre des médecins du Sénégal dont les rapports médicaux ont été remis en cause par la Crei.
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