La mort de cinq Sénégalais lors du naufrage d'un bateau survenu jeudi dernier au large de Lampedusa (Italie) illustre la persistance de l'émigration clandestine au Sénégal, selon les observateurs.
Les mouvements migratoires sont certes moins spectaculaires aujourd'hui que lorsque partaient des plages de Dakar de nombreuses pirogues en bois, bondées de candidats à l'émigration à destination des Iles Canaries.
Mais, cette émigration, par voies détournées, par le Sahara, le Maroc, l' Algérie et la Libye, de nombreux jeunes déterminés à aller chercher une vie meilleure en Occident, continue de faire la fortune des passeurs et?de semer le deuil de nombreuses familles sénégalaises.
"C'est à cause du manque d'espoir que les jeunes partent et prennent ces risques", soutient Ibou Gueye, un charpentier, spécialisé dans la construction de pirogues artisanales, comme celles qui faisaient cap vers Las Palmas avec des centaines de migrants.
M. Guèye, établi au quai de pêche de Hann (banlieue de Dakar), reconnaît toutefois que "c' est dangereux de prendre les pirogues qui ne sont adaptées pour un tel trajet" et qui "se détériorent parce qu' elles prennent l' eau et qu' elles sont surchargées". "Il faut aussi dire que les passeurs achètent des pirogues qui ne sont pas neuves pour des raisons de profit", ajoute-t-il.
L'émigration clandestine avait atteint son paroxysme entre 2005 et 2006 avec de lourdes conséquences notamment dans des zones de départ dont Thiaroye sur mer, un village traditionnel de pêcheurs (dans la banlieue de Dakar).
Des statistiques indiquent que 156 jeunes Sénégalais de ce village de pêcheurs avaient trouvé la mort, laissant 88 orphelins, tandis que 374 mineurs étaient détenus en Espagne et 210 jeunes rapatriés d' Espagne, du Cap-Vert et du Maroc pour la seule année 2006.
Selon plusieurs sources, des candidats à cette aventure déboursaient en cette période de forte affluence entre 200.000 et 300.000 Francs CFA (entre 400 et 600 dollars) par personne, à raison de 96 passagers par pirogue.
Pour réduire le phénomène, en septembre 2006, l'Espagne et la France avaient signé avec le Sénégal, des accords pour une gestion concertée des flux migratoires. Ces pays avaient également mis en place le Frontex (Agence européenne de gestion des frontières extérieures).
Plusieurs autres mesures avaient été prises par le gouvernement du Sénégal avec notamment la création de l'Agence nationale du Plan de retour vers l' Agriculture (Plan REVA) devenue en mai 2012 l'Agence nationale d' insertion et de développement agricole (ANIDA).
Aujourd'hui encore, des jeunes Sénégalais tentent encore par tous les moyens de migrer vers les pays développés, malgré l' ambition de leur gouvernement de créer 600.000 emplois d' ici à 2017.
"En 2015, nous devons tout faire pour que, à la fin de l' année, nous soyons à 60% de l' effectif cible qui devraient être de l' ordre de 250.000 emplois en plus de ceux qui ont été créés en 2014", a récemment assuré le ministre sénégalais de la Jeunesse, de l' Emploi, Mame Mbaye Niang.
En plus, le gouvernement sénégalais a lancé récemment le Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC) dans lequel, il compte injecter 100 milliards de francs CFA. Cette initiative cherche en principe à générer 300.000 emplois au bout de 5 ans.
Malgré ces projets et le mouvement retour au bercail amorcé par des centaines d' immigrés chassés par la crise en Europe, les jeunes continuent de risquer leur vie sur le chemin de l' émigration clandestine.
Face à cette situation, il est important de mettre l'accent sur la sensibilisation pour faire comprendre aux jeunes que l' émigration clandestine reste dangereuse. C' est l' avis du directeur des Sénégalais de l'extérieur, Sory Kaba.
Mais, cette pratique, a-t-il ajouté, continue depuis 2001, "de faire des morts" dont le nombre est difficile à déterminer.
Auteur: Xinhua
Publié le: Mercredi 18 Février 2015
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