L’instauration du visa biométrique est ‘’inopportune’’ dans le secteur du tourisme, a déclaré Boubacar Sabaly, directeur d’hôtel et porte-parole du Comité de suivi et de veille du secteur touristique, pour qui l’Etat ''n’a pas pris suffisamment en compte l’impact négatif'' de cette mesure entrée en vigueur le 1-er juillet dernier.

‘’Nous ne sommes pas contre la décision souveraine de l’Etat du Sénégal qui est une décision régalienne. Par contre, il n’y a pas d’opportunité par rapport au secteur du tourisme. L’Etat n’a pas pris suffisamment en compte l’impact négatif de l’instauration de visa’’, a estimé M. Sabaly, par ailleurs président du syndicat d’initiative touristique de la région de Thiès.

Selon lui, les acteurs touristiques ont produit des documents pour démontrer à l’autorité que le visa ''va créer un impact extrêmement négatif aussi bien en termes de chiffre d’affaires que de pertes d’emplois''.

Les acteurs touristiques venus de toutes les régions du Sénégal se sont retrouvés mercredi à Saly-Portudal (Mbour), pour discuter de la problématique des visas et des perspectives d’un plan ‘actions. La rencontre était présidée par Mamadou Diallo, vice-président de la Fédération des organisations patronales de l’industrie du tourisme et de l’hôtellerie (FOPIT).

‘’L’application de la mesure, en l’analysant, a créé énormément de contraintes à ce secteur du tourisme. Les touristes et autres clients rencontrent des difficultés, aussi bien au niveau de l’aéroport de Dakar qu’au niveau des pays émetteurs. C’est parce qu’on n’a pas tenu compte de l’ensemble de la problématique du mode de fonctionnement du tourisme’’, a regretté Boubacar Sabaly.

‘’Nous avons le sentiment que l’Etat a tout simplement assimilé le tourisme aux seuls acteurs des tours opérateurs. Ce qui ne prend en compte l’ensemble des segments de vente du tourisme. Nous avons transmis un document aux autorités pour leur expliquer que les tours opérateurs ne représentent que 52% des ventes. Nous avons d’autres segments de vente qui ne sont pas concernés par le visa’’, a insisté Sabaly.

‘’Nous avons adressé aussi une correspondance à l’Etat du Sénégal, notamment au ministère du Tourisme et des Loisirs. A ce jour, nous n’avons pas encore reçu de réponse. Ce qui nous a amenés à suspendre les rencontres avec le ministre du Tourisme et des Loisirs, Youssou Ndour’’, a martelé M. Sabaly.

Pour le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration, des cafés et bars du Sénégal (SNTHCBS), Mamadou Diouf, ''le tourisme sénégalais était déjà mourant, avec beaucoup de difficultés qui le gangrènent''.

‘’Si maintenant, on nous ajoute ce visa biométrique, ça devient très grave, parce que nous avons un secteur en totale destruction, malgré son statut de pourvoyeur de devises à l’économie nationale. Il faut s’attendre à une perte importante d’emplois mais aussi à une crise nationale sans précédent, parce que le tourisme est un secteur transversal’’, a averti M. Diouf.