MTTA
Calendar icon
Thursday 07 August, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Monnaie unique de la CEDEAO : Un eco à deux vitesses se précise

image

Monnaie unique de la CEDEAO : Un eco à deux vitesses se précise

La CEDEAO a tranché. La future monnaie unique de la région, l’eco, sera lancée en 2027. Mais le consensus tant attendu sur les critères de convergence n’a pas eu lieu. Plutôt qu’un report supplémentaire, les chefs d’État ont opté pour une approche différenciée. Une adoption à deux vitesses se profile désormais, confirmant un tournant pragmatique dans un projet longtemps freiné par les déséquilibres macroéconomiques et les divergences de trajectoires.

Le noyau dur de cette première phase devrait se structurer autour de l’axe Abuja-Abidjan, avec la Côte d’Ivoire comme moteur politique et technique. Alassane Ouattara, fervent défenseur d’un eco adossé à l’euro, impose progressivement sa ligne. Cette orientation, bien qu’assumée, suscite des réticences parmi les pays anglophones de la région, notamment le Nigeria et le Ghana, soucieux de préserver leur autonomie monétaire.

Ce scénario exclut, de facto, les économies encore éloignées des critères initiaux, comme la maîtrise du déficit ou de l’inflation. Il acte une réalité souvent occultée depuis le lancement du projet en 2003. L’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest est moins un aboutissement économique qu’un instrument de recomposition géopolitique.

Le projet eco devient ainsi un révélateur de rapports de force régionaux, plutôt qu’un levier d’harmonisation effective.

Dans les faits, cette phase pilote pourrait renforcer les tensions internes au sein de la CEDEAO. Mais elle offre aussi un cadre opérationnel à ceux qui souhaitent avancer. Le risque principal réside dans la fragmentation institutionnelle que pourrait induire une adoption partielle mal préparée, notamment sur les plans juridiques, bancaires et fiscaux.

En misant sur la flexibilité, les dirigeants ouest-africains renoncent à l’idéal d’une convergence totale à court terme. Mais ils injectent du réalisme dans un processus trop longtemps enlisé.

Reste à savoir si cette nouvelle impulsion tiendra ses promesses ou si elle consacrera l’eco comme un projet symbolique, porté par quelques-uns et regardé avec distance par les autres.

Auteur: AICHA FALL
ESABAT banner

Commentaires (11)

  • image
    Inquiet il y a 21 heures

    Hum, je ne sais pas quoi penser de ça ????qu'un spécialiste m'eclaire...en tout cas je ne le sens pas. En quoi ça avantage le Senegal? Et la France dans tout ça ? la banque de France ? Faisons très attention..

  • image
    Rr il y a 21 heures

    La monnaie de Macron

  • image
    Bachir il y a 21 heures

    Article clair net et consis. Merci

  • image
    mustapha hihihihih il y a 20 heures

    comme le cfa...ça vaudra rien du tout...aucune banque ne change du cfa en europe.

  • image
    Lamine il y a 20 heures

    Les faux économistes africains et autres ’’experts en finance’’ n’arrêtent pas d’alarmer tout le monde sur de prétendus ‘’dangers’’ menaçant la stabilité monétaire en cas de sortie du CFA. Or, si ne pas appartenir à la zone CFA équivaut ipso facto à l’instabilité monétaire, alors tous les autres pays du monde seraient confrontés à l’instabilité monétaire, car aucun autre pays au monde, en dehors de nous, n’appartient à la zone CFA. Tous les autres pays du monde, sans exception, ont leur propre monnaie distincte, séparée et indépendante. Et pourtant le ciel ne leur tombe pas sur la tête faute d’appartenir à la zone CFA. Car, si tant est que le franc CFA est un remède magique contre l’inflation et garantit une stabilité monétaire à nulle autre pareil, moi je voudrais bien qu’on m’explique pourquoi Djibouti, un minuscule pays de la Corne de l’Afrique et qui a pourtant sa propre monnaie distincte et indépendante (le franc djiboutien), a un taux d’inflation (0,4%) moins élevé que tous les pays de la zone CFA, sans exception ; pourquoi le Maroc, un pays qui a pourtant sa propre monnaie distincte et indépendante (le dirham), a un taux d’inflation (0,4%) moins élevé que tous les pays de la zone CFA, sans exception ; pourquoi les Seychelles, un autre minuscule pays africain qui a aussi sa propre monnaie distincte et indépendante (la rupee), a un taux d’inflation (0,48%) moins élevé que l’écrasante majorité des pays de la zone CFA, y compris les plus performants en matière d’inflation tels que le Bénin (1,8%), le Burkina Faso (1,6%), la République Centrafricaine (1,2%), le Gabon (0,7%), le Sénégal (0,8%), etc. Voir ici pour juin 2025 : https://tradingeconomics.com/country-list/inflation-rate?continent=africa Je pense que, tout comme le meilleur n’est pas garanti, le pire n’est pas non plus garanti, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Il existe bel et bien des moyens d’éviter une trop forte instabilité monétaire ou une trop forte inflation qui en est l’un des aspects. D’ailleurs dans le cas le plus connu à l’issue d’une création de nouvelle monnaie, celle de la Guinée, l’hyperinflation n’a pas résulté juste de l’existence d’une nouvelle monnaie. On oublie trop souvent de dire que la Guinée n’a pas été confrontée à une hyperinflation juste parce qu’elle a créé sa propre monnaie indépendante. Non. Au contraire, tout allait bien après la création de la nouvelle monnaie. L’hyperinflation qui a suivi a été artificiellement créée et entretenue par la France qui a fabriqué des milliards de fausse monnaie et en a inondé le marché guinéen. Donc, ce n’est pas parce que la Guinée a créé sa propre monnaie qu’elle a été confrontée au problème de l’hyperinflation. C’était un problème sciemment créé par la France. Et la France compte sans doute refaire la même chose avec l’AES. A n’en pas douter.

  • image
    Lamine il y a 20 heures

    De toutes les façons, ce n’est pas parce qu’il y a un risque que nous devons renoncer à notre souveraineté monétaire. Des pays (Nigeria, Ghana, etc.) ont connu et connaissent encore aujourd’hui (Venezuela, Zimbabwe, etc.) une hyperinflation mille fois plus forte que celle qu’on prédit chez nous. C’est un problème qui est déjà derrière eux pour certains (Ghana, Nigeria, etc.) ou qui est encore présent pour certains autres (Venezuela, Haïti, Liban, Iran, Argentine, etc.), mais ces pays ne se sont pas effondrés pour autant et n’ont pas sombré dans le chaos total pour autant. Au Venezuela, l’inflation moyenne par an tourne autour de 180 % et 200 % aujourd’hui. La monnaie libanaise (la lira) a perdu entre 95% et 100% de sa valeur. En Iran l’inflation a dépassé les 100% en un an. Etc. Etc. D’ailleurs, ces cas ne sont rien à côté de certains cas historiques bien connus. En Hongrie, entre 1945 et 1946, le taux d’inflation MENSUEL était estimé à 4,19 × 10²⁶ % (soit 419 000 000 000 000 000 000 000 000 %). Les prix des produits sur le marché DOUBLAIT TOUTES LES 15 HEURES. Il a fallu même imprimer un nouveau billet de 100 TRILLIONS DE TRILLIONS !!!! Oui, vous avez bien lu. En 2008 au Zimbabwe, le taux d’inflation MENSUEL avait atteint 79,6 milliards % !!!! Le prix des produits DOUBLAIT TOUTES LES 24 HEURES. Et il existe beaucoup d’autres cas encore. Mais as-tu entendu dire que ces pays n’existent plus ou que les dirigeants envisagent d’abandonner toute idée de monnaie nationale ou d’en confier la gestion à quelqu’un ? Non ! L’inflation est juste un problème courant, d’ailleurs très courant dans le monde moderne, mais ce n’est pas la fin du monde. Ces pays n’ont songé, à aucun moment, à renoncer à leur souveraineté à cause de l’inflation. Nous, on nous dit : ’’Attention ! Attention ! Ça va être la catastrophe si vous créez votre propre monnaie’’. Or, non seulement LA CATASTROPHE N’EST PAS GARANTIE, mais ce n’est pas parce qu’il pourrait y avoir des problèmes qu’il faut renoncer à notre indépendance. Car il n’y a pas d’alternative à l’indépendance. C’est soit l’indépendance, quel qu’en soit le prix, soit l’esclavage. On ne peut pas conditionner son indépendance à ceci ou à cela. L’indépendance ne souffre d’aucune conditionnalité. Certes, l’indépendance vient avec des responsabilités, mais il faut s’assumer.

  • image
    Lamine il y a 20 heures

    De nombreux pays ont connu une hyperinflation inouïe qui s’en sont relevés et sont aujourd’hui des économies prospères. C’était le cas de la Hongrie au sortir de la Seconde guerre mondiale et plus récemment, le cas du Nigeria et du Ghana il y a tout juste quelques années. En 2022 au Ghana, l’inflation a bondi à 31,26 % et même 54% à la fin de cette année-là, signe évident d’une crise sérieuse, pour ensuite descendre à 22,85 % (soit une baisse d’environ 15 points) en 2023. Le mois dernier, en juin 2025, l’inflation est tombée à 13,7 %, son niveau le plus bas depuis décembre 2021 et les dirigeants locaux tablent aujourd’hui sur une inflation à 9%, voire moins en fin d’année. Cela fait des décennies que le Ghana connaît ce jeu de yoyo entre pics d’inflation et creux (désinflation) traduisant une certaine instabilité monétaire. Pourtant le Ghana a sans aucun doute l’économie la plus solide d’Afrique de l’Ouest tant en termes d’IDH (le Ghana se situe au 143eme rang mondial contre 157eme pour la Côte d’Ivoire par exemple) qu’en termes de PIB/habitant (8.027 dollars en 2024 pour le Ghana contre 7645 dollars pour la Côte d’Ivoire). Qu’on arrête donc d’agiter constamment l’épouvantail de l’inflation pour tenter de nous dissuader d’avoir notre propre monnaie. L’inflation est un phénomène récurrent et, d’une certaine manière, inévitable dans les économies modernes, une donnée permanente des économies modernes et les raisons en sont autant structurelles, monétaires que politiques. Personne ne peut les maîtriser toutes et garantir une totale stabilité monétaire et le franc CFA ne garantit pas une totale stabilité monétaire. La zone CFA fait mieux que beaucoup de pays, mais il y en a aussi beaucoup qui font mieux que la zone CFA aussi bien en Afrique que hors d’Afrique. Les raisons sont diverses : on peut évoquer la non convertibilité, l’industrialisation, des facteurs géopolitiques, etc., mais c’est un fait. Beaucoup de pays en Afrique et hors d’Afrique font mieux que la zone CFA en termes de maitrise de l’inflation et de stabilité monétaire. Les faits sont les faits et les faits sont têtus. Par exemple, parmi les 10 pays qui, en 2022, avaient le taux d’inflation le plus bas (Afghanistan, Sri Lanka, Costa Rica, Bahamas, Brunei, Panama, Sénégal, El Salvador, Djibouti, voir ici https://worldpopulationreview.com/country-rankings/inflation-rate-by-country), seul le Sénégal appartenait à la zone CFA. Pourtant nous avons 14 pays africains appartenant à la zone CFA. Parmi les 10 pays ayant la plus forte inflation, toujours en 2022 (Argentine, Syrie, Sud Soudan, Palestine, Zimbabwe, Turquie, Iran, Nigeria, Malawi), certains sont indéniablement des puissances économiques à l’échelle régionale (Argentine, Turquie, Iran, Nigeria) et d’autres (Syrie, Sud Soudan) sont des pays faillis, non pas tant en raison de l’inflation que de la guerre. L’inflation n’est pas la première cause de leur situation économique dégradée. Elle en est même un effet. Seul le cas du Zimbabwe relève, dans une certaine mesure, de l’inflation. Donc, certaines économies sont plus ou moins stables que d’autres, mais on ne peut pas arguer du risque d’inflation pour nous empêcher de créer notre propre monnaie. C’est un problème auquel nous pouvons être confrontés comme nous pouvons ne pas y être confrontés : il n’est ni fatal, ni irrémédiable.

  • image
    Babacar il y a 20 heures

    Nous ne voulons pas d’une ‘’réforme’’ du franc CFA/ECO et encore moins d’un simple changement de nom sans toucher à la garantie par la France et à la parité fixe qui sont des astuces de filou pour voler nos richesses et nous maintenir dans la pauvreté. NOUS VOULONS LA FIN DU FRANC CFA, C’EST-A-DIRE LA FIN DE TOUT ‘’ACCORD DE COOPERATION MONETAIRE’’ AVEC LA FRANCE. NOUS VOULONS UNE MONNAIE TOTALEMENT INDEPENDANTE DE TOUTE INTERFERENCE ET DE TOUTE INGERENCE DE LA FRANCE. La France doit se tenir en dehors de nos affaires monétaires. Nous voulons une monnaie africaine avec un nom authentiquement africain. Plus aucune monnaie africaine ne doit s’appeler ‘’franc’’ ou ‘’éco’’ (écu). Nous ne sommes pas des ‘’Francs’’, l’ethnie fondatrice du pays appelé ‘’France’’.

  • image
    Les complexes il y a 19 heures

    Notre probleme, c'est la Cote d'Ivoire qui defend encore les interets de la France

  • image
    ECO-WACRON (Watarra-Macron) il y a 18 heures

    Ça sent l'ECO- WACRON 😢... Bon Dieu aide nous contre ces vaut riens... 70 ans de CFA ça suffit....

  • image
    TEXAN il y a 17 heures

    La valeur intrinseque d'une monnaie ne se decrete pas ! Elle doit plutot reflecter de la performance des aggregats macroeconomiques du pays concerne. Au Senegal , c'est le secteur reel et non le secteur monetaire qui est en panne. Par consequent, cette revendication identitaire est tout a fait erronnee.

Participer à la Discussion