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Moody’s vs Doing business : quand l'histoire se répète en 12 ans

Auteur: Mbaye Sadikh

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Moody’s vs Doing business : quand l'histoire se répète en 12 ans

Il arrive des moments où l’histoire semble se répéter. Et pour le Sénégal, c’est presque à une décennie près. Depuis l’annonce de la dernière dégradation de la note du Sénégal par Moody’s de B3 à Caa1, les réactions se multiplient du camp du pouvoir ; et c’est parfois des réactions d’indignation suivie d’accusation. Les partisans du régime sont d’autant plus en colère que la note tombe au lendemain du forum invest in Sénégal qui a recueilli 13 mille milliards de promesses d’investissement, selon les autorités.

La porte-parole du gouvernement a été l’une des premières voix autorisées à charger l’agence de notation. « Nous constatons la note de Moody’s pour la regretter. (…) Voir une note défavorable au lendemain de cet engagement laisse perplexe. On sent un acharnement », déclare Marie Rose Khady Faye qui ajoute : « Cette situation remet en cause même le FMI, qui ne s’était pas rendu compte de ce manque de transparence ».

Quant à Me Babacar Ndiaye, Directeur Général de la Société Nationale de Recouvrement, il accuse Moody’s d’être à la solde d’intérêts inavoués. « Cette note de Moody’s nous conforte dans notre conviction que ces institutions de notation établies en dehors du continent africain ignorent royalement nos réalités économiques et budgétaires et s’aventurent sciemment à dégrader leurs notes sur les pays africains au service des intérêts de groupes qui veulent toujours maintenir l’Afrique dans un cycle de domination économique ». Me Ndiaye reproche à Moody’s de ne pas prendre en compte « les énormes efforts effectués par l’Etat du Sénégal dans l’assainissement du climat budgétaire ». Ce qui lui fait dire que « cette note (est) dénuée de fondements objectifs et d’éléments sérieux ».

Ce qui est frappant dans ces réactions, c’est qu’il y a 12 ans, les Sénégalais ont assisté au même scénario ou presque. La seule différence réside dans l’institution cible des autorités de l’époque. Arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall s’était juré d’améliorer la place du Sénégal dans le classement doing business de la Banque mondiale. Il avait alors entrepris beaucoup de réformes en 2013 dans l’espoir d’un meilleur classement l’année suivante. Quand le rapport a été publié en 2014, ç'a été un véritable coup de massue. Le Sénégal est à la 178ème place sur 185 pays. Autrement dit, parmi les bons derniers.

Pour Macky Sall, c’était insupportable. "J'ai eu beaucoup de regrets lorsque j'ai lu le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale où véritablement, ce qui a été noté est aux antipodes de l'ambition que j'ai pour ce pays". Comme Pastef aujourd’hui, Macky Sall aussi déplorait la non prise en compte des efforts des nouvelles autorités. «les dernières mesures d’amélioration du climat des affaires durant le troisième trimestre de l’année 2013 n’ont pas été prises en compte dans le classement du rapport Doing business 2014», ajoutait-il.

Ministre de l'investissement à l'époque, Diène Farba Sarr avait fait exactement ce que Marie Rose Khady Faye a fait aujourd’hui : remettre en cause l’institution. « Je doute de la sincérité des résultats proclamés dans le cadre du Doing Business 2014. Avec le classement du Sénégal, je subodore que le Doing Business ne peut plus être un référentiel pour les investisseurs et un outil de travail pour les administrations", fulminait-il.

En 2015, lorsque le Sénégal a été bien classé, Macky et ses alliés ont oublié les doutes et remises en questions du rapport ; ils se sont alors congratulés. L’attitude a été la même avec d’autres rapports et d’autres institutions. Quand la note ou le classement est bon, il reflète le travail des autorités, quand c’est mauvais, c’est de l’acharnement ou un manque de sérieux de la part des institutions internationales

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Aujourd’hui, Pastef voue aux gémonies le Fmi et l’agence Moody’s. Son patron, Sonko est en première ligne. « À cette heure, le Fonds monétaire international devait signer un autre programme avec le Sénégal, s’il n’était pas dans la tricherie ou s’il n’y avait pas mêlé de la politique », a déclaré le PM en Italie. Demain, quand un accord sera trouvé avec le Fmi et la note revue à la hausse, le Fmi deviendra un partenaire privilégié sur qui on peut compter et Moody’s une agence crédible à la renommée internationale.

Auteur: Mbaye Sadikh
Publié le: Lundi 13 Octobre 2025

Commentaires (3)

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    Bara il y a 1 jour

    Le problème est dans la com, il y a un différence totale entre les communiqué de l'APR et celle de Pastef.
    Angleterre n'est pas pomme de terre, et Pomme dou moromou konkorong.

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    Cheikh il y a 1 jour

    Sous Wade le Senegal avait une bonne place dans Doingbusiness, je me rappelle à l’époque la compléxée Aminata Niane ex DG apix qui parcourait toute la presse en parlant de doingbusiness moi je disais que l’etat devrait faire du doingfitness car il y avait à l’époque beaucoup de 8x8 et les gars se partageaient les terrains de Keur Gorgui, VDN aeroport et les logements de l’Etat. Le Senegal maquillait ses chiffres et avait de bons resultats dans ces classements bidons de bretton woods et autres institutions à la solde des impérialistes.
    Le Senegal devrait maintenant vivre et travailler dans le réél vrai et non dans des illusions. Il est temps de faire l’économie des maigres moyens que nous avons et de vivre dignement en abandonnant toutes les spéculations sur le logement, le cout de la vie et les loisirs futiles.

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    Xeme il y a 1 jour

    Les insulteurs de la secte APR risquent de débarquer pour s'en prendre à l'article. Ils n'aiment pas qu'on leur rappelle qu'ils avaient fait ce qu'ils condamnent aujourd'hui. C'est l'habitude que j'ai de rappeler. C'est pourquoi ils me suivent toujours de leurs insultes.

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