Agroécologie et changement de paradigme pour une souveraineté alimentaire : À Niaguis, les organisations paysannes de l’Afrique de l’Ouest portent le plaidoyer
Après une immersion d’une semaine au centre agroécologique de Niaguis, les organisations paysannes de femmes du Burkina Faso, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal rentrent renforcées et mieux outillées pour aider leurs communautés respectives dans la promotion de l’agroécologie et les sensibiliser sur la nécessité de rompre avec l’agriculture intensive. À charge pour ces dernières de porter le plaidoyer communautaire auprès de leur gouvernement pour accompagner la pratique agroécologique, seule voie, à leur avis, pour arriver à la souveraineté alimentaire, avec une alimentation plus saine.
Ce camp a regroupé une centaine de participants, novices et habitués, sur la thématique ʺLes techniques de conduite des cultures horticoles en agroécologie ʺ.
Fatou Bintou Diop, présidente de l’Union des groupements paysans de Mékhé à Tivaouane et trésorière de l'organisation Nous sommes la solution, affirme que ce camp a été très bénéfique : ʺNous avons les écartements, le temps de pépinières, les pépinières avec les alvéoles, la préparation du sol, comment on teste le sol. Nous avons aussi échangé beaucoup de choses. C’est une formation très intéressante.ʺ Et selon elle, l'agroécologie peut aider à booster la production au Sénégal.
Une pratique saine sans utilisation d’engrais ni de pesticides et qui, au Burkina Faso, commence à faire des effets avec le régime de la transition, selon Catherine Soulama, membre de la Fédération nationale des organisations paysannes. Pour sa première expérience à ce camp international en agroécologie, elle dit rentrer avec une expérience riche en apprentissages de nouvelles pratiques qui peuvent servir sa communauté confrontée à un manque d’espace à cause de l’insécurité.
ʺLors des formations qu'on a reçues ici, on a fait la culture hors sol. Quand je prends le cas spécifique de mon pays, présentement nous sommes confrontés à un problème d'insécurité. On a le déplacement massif des populations vers la ville. Cette technique hors sol peut porter un plus à ma communauté, parce que je pourrais aider les déplacés internes et même la population à assimiler ces méthodesʺ, se réjouit Soulama.
"Au Burkina Faso, nos autorités sont en train de valoriser l'agroécologie au niveau des écoles et au niveau des déplacés internes. Donc, si un déplacé interne a un petit espace, avec la culture hors sol que nous venons d’apprendre, on peut l’accompagner plus encore à aller dans l’agriculture et s’alimenter de façon saine", a ajouté, la Burkinabé.
Monique Noumo Konan, coordonnatrice de Nous sommes la solution en Côte d’Ivoire, une habituée du camp, dit avoir "passé près d'une semaine à apprendre les bonnes pratiques de l'agroécologie. Et ce que j'ai beaucoup appris cette année, c'est de rendre un peu plus formelle la chose de l'agroécologie pour dire que l'agroécologie, ce n'est pas de l'anarchie, ce n'est pas quelque chose de désordonné, de bien ordonné. Et cette année, nous avons appris à diagnostiquer la santé d'un sol. Ensuite ce qu'il faut apporter au solʺ. Et le camp de cette année va leur permettre d’être encore plus professionnelles dans cette pratique agricole, nous a-t-elle assuré.
Monique Noumo Konan demande aux femmes du Sénégal de s'approprier l'agroécologie. Elle exhorte les autorités africaines à accompagner la promotion de cette agriculture respectueuse de l'humain, de la biodiversité, du climat et de la santé. ʺC'est une agriculture qui ne va pas nous causer de problèmes et nous permet d'atteindre la souveraineté alimentaire, dans la bonne santé et dans la protection de l'environnement et du climatʺ, a-t-elle conclu.
D'une trentaine de participants la première année, ce camp compte une centaine d’adhérentes. ʺIl y a un engagement des acteurs autour de la promotion de l'agroécologie. Parce que la première année, on a eu à convier une trentaine de personnes. Mais au fur et à mesure qu'on avance, les demandes sont extrêmes pour participer à ce camp international parce que les résultats sont visibles. Au niveau des pays, les gens constatent qu'il y a vraiment une évolution au niveau des différentes pratiquesʺ, a soutenu Mariama Sonko.
Une raison suffisante pour la présidente mouvement panafricain Nous sommes la solution d’être rassurée sur la pertinence de ce type d’agriculture qui intéresse de plus en plus de jeunes, au-delà des femmes. Mariama Sonko, de faire savoir que ʺ dans l'agroécologie, nous recherchons la souveraineté alimentaire. Et pour être souverain, il faut arriver à avoir le droit de produire ce que vous voulez manger et aussi d'avoir la possibilité de le faireʺ, a affirmé MMe Sonko.
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