Champion du monde 2014 avec l’Allemagne, André Schürrle a mis fin à sa carrière footballistique en 2020, à l’âge de 29 ans. Depuis, l’ancien grand espoir du ballon rond vit au rythme d’exploits sportifs plus extrêmes les uns que les autres, qu’il partage à ses abonnés sur Instagram et YouTube. Des performances qui forcent le respect pour un homme qui ne se retrouvait plus dans le monde moderne du football.

« Vous ne pouvez pas avoir une vie extraordinaire et faire ce que tout le monde fait !!! » Voici la description du dernier post « extrême » partagé sur son compte Instagram par André Schürrle, il y a trois semaines de cela, où on le voit avec ses amis, torse nu et en short, sous la neige et les vents glacés. Et c’est, plus globalement, ce qui semble être un parfait résumé des trente-quatre premières années de vie de l’ancien footballeur international allemand à la carrière imprévisible.

Grand espoir du football d’Outre-Rhin, André Schürrle marque les esprits dès ses premières saisons en professionnel, du côté de Mayence, où il marque 20 buts en 68 matchs. En 2011, à peine âgé de 21 ans, cet ailier droit de 1,84 m prend la direction du Bayer Leverkusen, où il trouve le chemin des filets à 23 reprises en 83 apparitions, avant d’être recruté en 2013 par Chelsea, où il peinera à confirmer l’ensemble des attentes placées en lui (14 buts en 65 matches). Une baisse de régime qui ne l’empêche pas d’être l’un des grands bonhommes du Mondial 2014 disputé au Brésil et remporté par l’Allemagne après une campagne où André Schürrle marque trois fois - dont un doublé en demi-finale face au pays hôte (7-1) - et délivre surtout la passe décisive pour le but du titre marqué par Mario Götze face à l’Argentine à la 113e minute (1-0, a.p.).

Un joueur qui s’est lassé du football à 29 ans

Le summum d’une carrière pour un footballeur professionnel, mais aussi le début de la fin pour André Schürrle, âgé seulement de 24 ans à l’époque. Car l’Allemand n’a jamais retrouvé sa passion pour le ballon rond au sortir du quatrième sacre mondial de la Mannschaft. Après des expériences à Wolfsburg (2015-2016), au Borussia Dortmund (2016-2020) puis deux prêts à Fulham (2018-2019) et au Spartak Moscou (2019-2020), il met un terme à sa carrière à 29 ans, après avoir résilié son contrat avec Dortmund. « La décision a mûri en moi depuis longtemps. Vous devez toujours jouer un rôle particulier pour survivre dans ce milieu, sinon vous perdez votre place et vous n’en obtiendrez pas une autre », expliquait-il à l’époque.

La fin d’une première vie extraordinaire, pas le début d’une vie comme tout le monde. Car depuis l’arrêt de sa carrière, l’Allemand, 34 ans aujourd’hui, vit une existence à 100 à l’heure. Sur les réseaux sociaux, Instagram comme YouTube, où il cumule plus de 5 millions d’abonnés, André Schürrle partage ses expériences sportives plus extrêmes les unes que les autres. Avec un rythme de vie basé, notamment, autour de la Méthode Wim Hof, qui mêle technique de respiration, exposition délibérée et graduelle au froid, ainsi que travail de l’esprit.

Torse nu par -19 °C et face aux rafales de vent

Ainsi, c’est en appliquant cette méthode extrême de résistance au froid qu’André Schürrle et trois de ses meilleurs amis se sont lancé le défi, en janvier 2023, de grimper la montagne Zugspitze, plus haut sommet d’Allemagne (2 962 mètres). Le tout torse nu, vêtu d’un simple short, d’un bonnet et d’une paire de gants. « La chose mentale et physique la plus dure que j’ai jamais faite, écrivait l’ancien footballeur après avoir affronté des températures terribles (-19 °C), des rafales de vent à 100 km/h, ainsi que de la forte neige et de la pluie. Les dernières minutes, je ne pouvais rien sentir et j’ai dû trouver quelque chose au fond de moi pour continuer à avancer ! » Une aventure devenue une habitude pour l’Allemand qui, malgré certaines critiques, grimpe chaque hiver une montagne le torse nu, face au vent et à la neige, en Pologne, en Autriche ou ailleurs dans l’Est de l’Europe.

Des conditions extrêmes qui ne l’ont pas dégoûté de l’ascension sans vêtements adaptés, bien au contraire. En juillet 2024, la bande à Schürrle repartait en vadrouille, toujours torse nu, cette fois à l’assaut du Gran Paradiso. 4 061 mètres d’altitude grimpés puis redescendus en l’espace de 13 heures, avec un départ à 3 h 30 du matin. « Très heureux d’être en vie, partageait le champion du monde 2014 à l’évocation de cette ascension. J’ai eu tellement de moments dans ce voyage où j’étais juste vraiment reconnaissant pour ma vie ! Pour l’univers et surtout pour tous les beaux moments que je peux vivre ! » Et dans le futur, la volonté de grimper toujours plus de sommets, avec notamment le Triglav (2 864 m, Slovénie), le mont Rose (4 634 m, Suisse) ou encore le mont Blanc (4 809 m, France).

Deux marathons et un semi en un mois

Et André Schürrle ne s’arrête pas là. Au cours de l’année 2024, le sportif s’est illustré par de nombreux exploits en course à pied. Pour lancer sa saison, le champion du monde 2014 se lance sur le marathon de Barcelone, six mois après avoir bouclé son premier marathon à Berlin. « Mais je n’étais pas aussi bien préparé à Berlin, explique-t-il dans une vidéo YouTube retraçant sa course en Espagne. Cette fois, je me suis plus entraîné et je veux vraiment voir si je peux tenir 42 kilomètres sans baisser le rythme. Je voulais vraiment dépasser mes limites physiques pour faire le meilleur temps possible. » Résultat, une distance bouclée en 3 h 52’50’’avant, une semaine plus tard, une nouvelle performance impressionnante.

Le week-end suivant, c’est en Italie que se trouve André Schürrle afin de disputer le marathon de l’Ultra-Trail de Chianti. 43,3 kilomètres et 1 614 mètres de dénivelé positif, bouclés en 5 h 43’49’’. Et le 7 avril, deux semaines plus tard, le voilà embarqué sur le semi-marathon de Berlin, avec 21 kilomètres avalés en 1 h 41’14’’. Le mois suivant, avec sa famille et ses amis, ils se lancent le défi de faire le plus de tours possible d’une piste d’un stade dans la capitale allemande. Résultat, 344 kilomètres cumulés, dont 44 pour le seul ancien footballeur, son record à l’époque. « Ampoules, douleurs musculaires, discours mental, inconfort, difficultés etc. sont exactement ce que je cherche dans ces courses ! », avouait-il sur son compte Instagram, encourageant chacun à « tester ses limites. N’ayez pas peur de tomber car on ne peut qu’apprendre et progresser. Sortez et faites des choses vraiment difficiles ».

Un objectif : « toujours repousser ses limites »

Mais sa performance la plus mémorable sur l’année 2024 reste probablement l’Everest Challenge, ou Eversting, réalisé à Palüdbahn, en Autriche, le 22 juin 2024. L’objectif : faire 17 fois la même ascension de 538 mètres à la suite - en redescendant en téléphérique - pour dépasser les 8 848 mètres d’ascension du mont Everest, dans l’Himalaya, le tout en trente-six heures maximum. Un départ à 5 h du matin pour un effort impressionnant de vingt-deux heures consécutives et plus de 9 282 mètres de dénivelé positif qu’André Schürrle a partagé sur YouTube et Instagram. « Vingt-deux heures dans la montagne… Je ne m’en rends même pas compte. J’ai tout donné et c’était l’un des meilleurs sentiments de ma vie que de terminer ce challenge. Je pense que le pire moment, mais en même temps le meilleur, a été après le tour 15, où je t’ai revu (il s’adresse au caméraman) mais j’étais complètement détruit mentalement et physiquement. Et tu m’as dit que Lino (son meilleur ami) était encore sur la montagne. C’était tellement bon de savoir qu’il continuait à pousser. Les deux derniers tours, j’avais l’impression de voler. »

Et si certains auraient pu voir dans cet exploit la fin des hostilités pour l’année 2024, André Schürrle, à peine deux semaines plus tard, était, comme vu plus haut, engagé sur l’ascension du Gran Paradiso, en Italie. Avant, le 7 septembre, de boucler les 44,2 kilomètres et les 3 146 mètres de dénivelé positif du marathon de l’Ultra-Trail de Terrex (Autriche) en 8 h 05’36’’. Trois semaines plus tard (29 septembre), il avale le marathon de Berlin en 3 h 28’45’’avant de participer, le 2 octobre, à l’Ö till Ö race de Cannes, une compétition alternant nage et course à pied.

Une année 2024 d’exploits sportifs extraordinaires pour André Schürrle, et un début d’année 2025 qui démarre sur les mêmes bases, avec l’ascension entre amis d’une montagne en Pologne, le tout torse nu, évidemment, malgré la neige et les conditions dantesques. Et si cela ne suffisait pas, l’ancien footballeur allemand sera au départ du Challenge Roth 2025, le 6 juin, en Bavière (Allemagne). Tout simplement l’un des triathlons les plus exigeants du monde, avec 3,8 kilomètres de nage, 180 kilomètres de vélo et 42 kilomètres de course à pied. « Je recherche toujours mes limites absolues, physiques comme mentales. Cette course me permettra d’encore mieux me connaître et c’est exactement ce que je recherche dans ce challenge », justifiait-il pour valider sa participation. Repousser ses limites, encore et toujours. Une véritable philosophie de vie pour un champion du monde 2014, qui ne semble jamais s’être aussi épanoui que depuis la fin de sa carrière footballistique.