RDC-Sénégal (2-3) : une «bombe pipi» sur Pathé Ciss, témoignages flippants sur le chaos du stade des Martyrs
Les Lions ont dominé les Léopards à Kinshasa dans une atmosphère surréaliste où les Sénégalais, joueurs, journalistes et supporters, étaient la cible de Congolais déchaînés. Des témoins racontent dans L’Observateur. Extraits.
Fatima Sylla, journaliste (2STV) : «Sincèrement, j’ai paniqué»
«Le jour du match, le président de la communauté sénégalaise de Kinshasa m'appelle pour m'avertir qu'à 13 heures, si je me trouve encore à l'hôtel, je ne pourrai pas accéder au stade, tant la ferveur à l'extérieur est intense et incontrôlable. Effectivement, à mon arrivée, un monde fou m'attend, dans le vrai sens du terme. J'ai l'habitude de faire vivre aux téléspectateurs l'engouement d'avant match une fois sur place, mais cette fois, les supporters congolais ne me laissaient aucune marge de manœuvre. Ils me criaient dessus, m'insultaient, et m'interrompaient à plusieurs reprises. L'insécurité qui règne est inexplicable. Je rejoins ensuite les supporters sénégalais, qui rallient le stade sous escorte des militaires.
«Les Congolais semblent viser particulièrement Paco, la ‘mascotte’ des Lions, le plus exposé à cause de sa tenue aux couleurs du Sénégal. C'est à cause de lui que l'accès au stade nous est initialement refusé. Ce fait pousse le président des supporters à intervenir, expliquant que je suis journaliste et que Paco représente simplement les équipes nationales sénégalaises. Finalement, ils nous laissent passer. Mais, une fois à l'intérieur du stade, la situation dégénère. Les insultes pleuvent de tous côtés.
Devant cette foule déchaînée, je ressens l'urgence de prévenir via mes réseaux que les Sénégalais présents au stade des Martyrs sont en danger. L'enceinte ne peut tout simplement pas contenir cette masse de spectateurs. C'est incroyable et terrifiant à la fois. Je n'ai même pas l'occasion de recueillir les réactions des supporters sénégalais concernant leurs pronostics pour le match.
«Des sachets d'eau me sont jetés, accompagnés d'injonctions à quitter cette tribune. A ce moment, le président des supporters sénégalais me conseille de changer de vêtements, d'adopter des habits neutres qui n'évoquent en rien l'identité sénégalaise. Je quitte alors la tribune des supporters pour rejoindre celle des journalistes. Mais là encore, toutes les places sont occupées par des supporters congolais. Lorsqu'ils se rendent compte que nous sommes Sénégalais, les insultes redoublent. Heureusement, la presse congolaise présente sur place nous sécurise jusqu'à la fin du match.
«Sincèrement, j’ai paniqué. C’est la première fois de ma vie que je ressentais une telle peur. J'ai vu des hommes prêts à affronter les militaires sans la moindre once. de peur. Ils se font frapper sans fuir. J'ai eu peur, vraiment peur. Heureusement, à mes côtés, des journalistes sénégalais tels que Mbaye Sène et Cheikh Tidiane Gomis, me rassuraient. Ma panique vient de l'inédit de la situation, de ce spectacle qui semble relever d'un autre monde Nous retenons la victoire, certes, mais même les joueurs sont éprouvés par cette effervescence. Cette expérience, bien que marquante, a été avant tout dangereuse.»
Sidy Talla, photographe (Eyelitstudio) : «Nous avons dû prendre place dans le bus des Lions»
«Tout au long du match, nous avons vécu dans une ambiance délétère. Des moments de panique ont surgi à plusieurs reprises, notamment lors du saccage du stade, en plus des jets de projectiles et de l'odeur persistante des gaz lacrymogènes. Il y avait également ce qu'ils appellent les ‘bombes pipi’. Des sachets d'urine projetés sur nous. J'ai vu Pathé Cissé touché par l'un de ces projectiles alors qu'il tentait de protéger Pape Matar Sarr après son but.
«À la suite de la victoire des Lions, la situation a dégénéré : les manifestations de colère des Congolais étaient indescriptibles. Je n'avais jamais connu un climat aussi tendu. À cet instant, ma sécurité est devenue ma priorité. J'ai rangé mon matériel, conscient que c'était véritablement un sauve-qui-peut. Nous avons tenté de nous fondre dans le groupe des joueurs sénégalais, escortés pour rejoindre les vestiaires. Trois heures après le match, nous avons dû prendre place dans le bus des Lions pour pouvoir quitter le stade. Mais, heureusement, tout est bien qui finit bien.»
Cheikh Tidiane Gomis, journaliste (Wal fadjri) : «J’ai eu une altercation avec un policier qui s'en prenait à un confrère»
«Le jour du match, je suis arrivé au stade dès 11 heures du matin, et celui-ci était déjà rempli. La densité de la foule aux abords du stade était saisissante, presque effrayante. La panique nous a accompagnés jusque dans les tribunes. La section réservée aux supporters sénégalais a soudain été assaillie par des individus qui ont forcé les barrages. Leur langage était injurieux et leurs gestes menaçants; leur objectif semblait clair : nous intimider. Ils étaient dangereux, jetant des sachets d'eau et même d'urine. Ainsi, nous avons vécu la tension du match avec cette présence oppressante tout autour de nous.
«Lorsque la RDC menait 2-0, la joie des Congolais éclatait dans des chants, des sauts et des danses. Mais dès que le premier but du Sénégal a été inscrit, l'atmosphère a changé : les Congolais se sont énervés, insultant et intimidant. Entre journalistes sénégalais, nous avons décidé de ne pas nous faire remarquer, nous interdisant de célébrer les buts de peur de représailles. Ainsi, lorsque Nicolas Jackson a marqué le but de l'égalisation à 2-2, j'ai essayé tant bien que mal de contenir ma joie. Mais à l'instant du troisième but du Sénégal, je n'ai pu réprimer complètement mon émotion. Rapidement, cependant, j'ai pris conscience que la situation était en train de dégénérer. Les Congolais ont commencé à renverser le stade, et la panique s'est amplifiée.
«De mémoire de journaliste, ayant assisté à de nombreux matchs à travers le monde, je n'avais jamais vécu une telle atmosphère de chaos. Ma principale inquiétude était la sécurité des Sénégalais présents dans le stade. Après le coup de sifflet final, le sauve-qui-peut a commencé. Tandis que nous nous engouffrions dans le cordon de sécurité protégeant les joueurs sénégalais, j'ai été impliqué dans une altercation avec un policier qui s'en prenait à un confrère. Je me suis interposé pour protéger mon collègue. Par la suite, nous avons eu la chance de rejoindre les vestiaires; où nous avons attendu pendant de longues heures avant de pouvoir quitter le stade en toute sécurité.»
Aliou Ngom «Paco», supporter des Lions : «J’échappe de peu à un lynchage»
«Nous entrons dans le stade des Martyrs à onze heures [le jour du match], sous escorte policière. C'est à l'instant même où nous franchissons l'enceinte que les problèmes commencent. Nous nous installons dans l'espace réservé aux supporters sénégalais. Mais nous ne sommes guère plus de deux cents, là où un millier de places nous est attribué. Pour combler ce vide qui nous fragilise, nous décidons d'accrocher un immense drapeau du Sénégal, couvrant les rangées désertées, puis de nous placer au-dessus, vêtus de T-shirts aux couleurs nationales. Ce geste pour nous, symbolique et fédérateur, provoque aussitôt la colère des Congolais. Très vite, plusieurs d'entre eux escaladent les grilles et une bagarre éclate entre ces supporters et les stadiers chargés d'assurer la sécurité. Le chaos s'installe. Du gaz lacrymogène est dispersé, mais malgré cela, les fans congolais prennent le dessus. Ils arrachent le drapeau du Sénégal, l'emportent et s'installent sur les sièges qui nous étaient destinés.
«Face à cette humiliation, nous prenons la décision de quitter le stade, bien décidés à barrer la route aux joueurs sénégalais à leur arrivée, afin que chacun mesure l'ampleur des exactions dont nous sommes victimes. Cette stratégie porte ses fruits. Elle contraint les organisateurs à réagir et à nous replacer sous escorte militaire jusqu'à nos gradins. Le match commence dans un calme trompeur. Mais tout bascule avec le premier but congolais, Alors que leurs supporters exultent, une pluie de projectiles s'abat sur nous : pierres, bouteilles remplies d'urine, tout est jeté avec rage dans notre direction. L'atmosphère devient suffocante, et après le deuxième but, le supplice s'intensifie. Cette fois, ce sont des sachets remplis d'excréments et d'autres immondices qui nous visent, dégageant des odeurs insupportables.
«Le premier but sénégalais, puis l'égalisation, calment un instant la furie. Mais à la troisième réalisation du Sénégal, tout explose de nouveau. Les supporters congolais, enragés, arrachent les sièges pour nous les lancer comme des armes. C'est une véritable scène de guerre. Nos vies sont clairement menacées. Certains, poussés par la panique, tentent de sauter les barrières et se blessent dans leur chute. Les militaires interviennent et installent une échelle pour nous évacuer par les tunnels qui bordent la pelouse. Nous restons là plus de trois heures, confinés, sous protection militaire, avant de quitter enfin le stade des Martyrs escortés comme des prisonniers rescapés. Mais l'épreuve se poursuit.
«Quand nous allons récupérer nos bagages pour rejoindre l'aéroport, une foule hostile campe devant notre hôtel. C'est à cet instant que j'échappe de justesse à un lynchage, me glissant dans une voiture au dernier moment. Sur le chemin, j'appelle Bacary Cissé pour trouver une solution. Avec ‘Fall drapeau’, nous convenons de rentrer avec les joueurs. Grâce à lui, nous sommes mis en contact avec le président de la Fédération sénégalaise de football, Abdoulaye Fall, qui nous relie au représentant du ministère des Sports. Celui-ci prend nos passeports et nous embarquons avec l'équipe nationale. Ainsi s'achève une aventure douloureuse, marquée par la peur et l'humiliation, mais sauvée par l'issue heureuse : la victoire du Sénégal. Ce voyage, je le sais, je ne l’oublierai jamais. »
Commentaires (9)
RDC on vous attend a diamniadio peu importe le temps que cela prendrai nous vous réglerons votre compte
la vengeance est un plat qui se mange froid...💥
S'il vous plait, pas de vengeance. La Fédé a payé 50 millions, je crois, pour ce qui a ete fait aux Egyptiens a Dakar. En plus, cela nuit a notre image à tous, en tant que Sénégalais. L'important est de gagner et ce n'est que du foot.
Effectivement, un proverbe dit bien que "la vengeance est un plat qui se mange froid". Il y en a aussi un autre qui: "Celui qui répond au coup de pied de l'âne est lui-même un âne". Es-tu prêt à te muer en âne, voire pire?
La vengeance ne sert à rien .Soyons des seigneurs. L'important à été fait chez eux on les a battu devant leur public .
La RDC est la souillure de l Afrique, reclamons une colonisation de ce pays par le Rwanda.
Je connais beaucoup de Congolais bien meilleurs que toi.
Le stade fait 80 mille places, selon les officiels congolais, seuls 55 mille avaient ete vendues, mais il y a eu plus de 45 mille faux-billets, resultat : plus de cent mille spectateurs. Beaucoup de vendeurs de faux billets ont ete arretés et montrés dans les medias. Beaucoup de supporters faisaient leurs besoins dans des sachets et bouteilles. La télé a montré le lendemain qu'en fait la quasi-totalité des bouteilles jetées depuis les tribunes etaient remplies d'urine. Les medias ont fait croire aux Congolais qu'ils ont une des meilleures attaques d'Afrique et la meilleur milieu de terrain. Qu'ils sont en mesure de battre sans probleme le Senegal. En plus, le president est un fou de foot. Il appelle l'entraineur presque à chaque mi-temps de match pour echanger avec lui ! A la tele, a deux reprises, le reporter disait qu'il y a penalty a 100% parfois il disait : il y a mille fois penalty... Concernant Paco, je trouve qu'on a besoin de supporters, mais pas de mascotte. Son accoutrement est pour moi ridicule et finira par lui causer des traumatismes à la colonne vertebrales. Un maillot suffit.
Il faut savoir que les Congolais etaient si sûrs que leur equipe est une des meilleure d'Afrique (du fait a la fois de sa place en demi de la derniere CAN et de l'excellent parcours en eliminatoire de la CM), que l'objectif visé n'etait meme pas un nul, mais une victoire contre le Senegal et gagner aussi la prochaine CAN au Maroc. Le pronostic le plus partagé etait qu'ils allaient gagner par 2 a zero. Les faits ont semblé leur donner raison dans un premier temps...
Pourquoi certains africains sont cons ???? On dirait pour certains leurs cerveaux n'ont pas evolue , le comportement des congolais avant et apres le match est certes condamnable , mais il faut etre honnete les supporters senegalais le font aussi , en 2013 vous vous souvenez comment est ce ils avaient saccage le stade de l'amitie apres le match contre la cote d'ivoire , tout recemment apres le match contre l'egypte on se souvient du comportement de certains supporters et de la banderole insultante envers salah . L'africain n'est pas fair play .
N’OUBLIONS PAS….
N’oublions pas que le Congo est un pays qui vit la guerre et que, dans pareil contexte, la perception de la violence change. Le jet de bouteilles et autres objets devient, pour les supporters, anodin. Même le spectacle sportif qui doit être une soupape, un bol d’air pur, ils sont capables de l’oublier. Leur rendre la monnaie de leur pièce ne serait pas la bonne option. Au contraire, accueillons-les avec respect et humanisme pour qu’ils se réveillent et s’amendent. Vous avez dit « Terranga » ?
Chez nous ont dit aussi « Lou waay di wouyo dakoy nouro » !
C'est leur quatrième place lors de la dernière CAN, le pronostic des consultants de Canal+ Sports (qui prédisaient une victoire de la RDC devant ses supporters et leur large victoire devant le Sud Soudan qui ont fait que les supporters de RDC ont cru que cette fois ci c'est la bonne. Ils ont fait une grosse méditation autour de ce match.
Mais en réalité, leur équipe est composée de joueurs qui n'ont pas réellement de temps de jeu dans leurs clubs. Les trois attaquants étaient cramés avant l'heure de jeu. Ça me rappelle le combat Balla Gaye 2 - Siteu Ha ha ha.
Bon! Ne tirez pas sur les tous congolais, c'est un groupe de supporters excités et déçus par la tournure des choses mais les congolais sont des gens bien en général. Ils sont bien.
Nous n'attendons que le jour où un match retour va nous opposer à Diamniadio pour leur montrer qu'il n'ont pas le monopole de la bétise. Il faut écarter ces crétins de la CAN du Maroc.
Si tu revendiques le monopôle de la bêtise, please fais en ton seul nom et surtout pas au nom de tous les sénégalais.
Je me demande quand est-ce-que les africains grandiront
Ils grandiront quand ils ne seront plus petits, pardi !!
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