Auteur du livre "La République privée du Sénégal", Cheikh Oumar Diagne a invité l'État à réagir dans les plus brefs délais sur l'interdiction de prière dans certains établissements étrangers du Sénégal. Le responsable de la communication du collectif "And saam djiko yi" ‘'Non à l'homosexualité et à la franc-maçonnerie'' d'affirmer que ces entreprises ne sont pas dans leurs droits.
Une interdiction de prière et de port du voile a été notée dans des établissements. Les dernières sont les notes de service de la pharmacie Guigon et l'Institut européen des affaires (Iea). Quelle appréciation en faites-vous ?
Ceci dénote un problème central quand on parle de la paix, de l'harmonie qu'il y a entre les religions au Sénégal. Il se trouve qu'il y a un Français qui se nomme Guigon, qui ne comprend pas les valeurs et les traditions sénégalaises, qui est en train de créer des problèmes entre des communautés qui ont toujours vécu en harmonie en interdisant des prières dans son établissement. Le Sénégal est un pays à 95% de musulmans. Un pays où la liberté de culte est consacrée dans la Constitution. Nul ne doit être inquiété suivant ses opinions religieuses, politiques ou culturelles. Dans toutes les structures même en Europe, le droit à 5 minutes de pause pour aller fumer une cigarette est consacré même dans le Code du travail. Donc, interdire la prière est une menace aux libertés individuelles et surtout un affront par rapport à l'islam. Beaucoup de travailleurs au Sénégal ont le même problème malgré qu'ils ne se prononcent pas là-dessus.
Mais, est-ce que les employeurs ne sont pas dans leurs droits ?
Absolument pas ! Déjà pour le cas de la pharmacie Guigon, c'est vraiment grave parce que Guigon a presque 80 employés. En tant qu'une entreprise qui a ce nombre, il y devait avoir une organisation ou même un délégué syndical. De plus, tous les employés font 45 minutes ou une heure de temps d'heures supplémentaires qui ne sont pas payées pour faire la caisse. Mieux, quand une société a plus de 45 employés, c'est même obligatoire d'avoir un réfectoire ou un espace détente en son sein où les gens peuvent prier à leur pause sans pour autant gêner l'activité professionnelle. Donc, l'entreprise n'est pas dans son droit. Si à Guigon, l'heure de travail c'est de 7 heures à 15 heures, la personne peut ne pas prier là-bas et rentrer chez elle pour le faire. Cependant, pour quelqu'un qui vient travailler de 14 heures à 23 heures, il ne peut pas ne pas prier dans son lieu de travail. Ce n'est pas possible. Guigon est totalement contre la loi en terre sénégalaise.
L'État doit régler cette affaire dans les plus brefs délais. Au-delà de cette dimension, c'est toujours une croisade contre l'Islam qui est constatée. Hier soir une activiste m'a dit clairement qu'elle a eu un entretien d'embauche dans une entreprise à Dakar et l'employeur lui a indiqué que son voile est un handicap par rapport à ses activités. C'est un problème lorsque des personnes étrangères nous dictent des réalités qui ne sont pas les nôtres. Donc, l'État doit prendre ses responsabilités pour faire respecter la loi et protéger ses citoyens.
Vous venez de publier, il y a une semaine un livre intitulé "La République privée du Sénégal". Pourquoi ce titre ?
C'est un livre qui traite de la réalité un peu privée du Sénégal. Dans notre pays, il y a un Sénégal censuré et un autre qui nous est présenté et qui ne correspond pas à la réalité. Force est de reconnaître aujourd'hui qu'il y a des privilégiés dans ce pays qui détiennent des ressources et des biens du pays , et les autres qui ne sont pas au courant de ce que possède le Sénégal. Ces privilégiés sont beaucoup, mais j'en ai cité que trois que sont les hommes politiques qui sont tous milliardaires et ne travaillent pas ; les religieux mafieux qui sont de connivence avec toutes les autorités, qui bénéficient de l'argent du contribuable ; les affairistes qui ont des entreprises et qui sont au-dessus des lois. Ces derniers profitent des marchés publics et ne payent pas les impôts. Ils sont toujours avec le parti au pouvoir.
Ainsi, j'ai donné des pistes de solution dans le dernier chapitre de l'ouvrage intitulé vers une thérapie de la République. On ne peut pas bâtir une République sur des fondements étrangers. Etant donné qu'on a une culture assez riche et un grand patrimoine, je me dis qu'il faut retourner vers nos sources pour pouvoir bâtir un Sénégal en harmonie avec les Sénégalais.
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