Commission sous-régionale des pêches : Un front commun contre la fraude maritime
L’Afrique de l’Ouest figure parmi les régions les plus touchées au monde par la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui représenterait environ 20 % des captures mondiales selon les institutions régionales. Les pertes économiques sont considérables et atteindraient près de 2,3 milliards de dollars par an, une somme qui prive les États de recettes essentielles et fragilise des millions d’emplois côtiers dépendants des ressources halieutiques. Ce manque à gagner affecte aussi la sécurité alimentaire, puisque certaines espèces surexploitées se raréfient dans les eaux côtières où opèrent traditionnellement les communautés locales.
Face à cette pression persistante, les États de la CEDEAO renforcent leur coopération à travers la Commission sous-régionale des pêches installée à Dakar. Cette instance soutient la modernisation des cadres juridiques nationaux, la formation des autorités maritimes et l’organisation de patrouilles conjointes en mer. Plusieurs pays ont revu leurs systèmes de sanctions pour mieux prévenir les pratiques frauduleuses, mais les capacités d’intervention restent très variables selon les juridictions et les zones maritimes à surveiller. Les flottes industrielles opérant sous pavillons mixtes ou étrangers exploitent parfois ces disparités, profitant de la faible surveillance dans certaines zones pour contourner les réglementations.
Des programmes internationaux tels que le West Africa Task Force, soutenus par l’Union européenne et la Commission sous-régionale des pêches, ont permis d’améliorer l’entraînement des équipes nationales et de renforcer la coordination opérationnelle. L’usage croissant de technologies comme l’imagerie satellitaire ou les systèmes de suivi automatisé des navires a également facilité la détection d’activités suspectes dans les eaux profondes. Toutefois, ces outils nécessitent un investissement constant, une expertise technique solide et une interconnexion efficace entre services nationaux, conditions qui ne sont pas toujours réunies. Les poursuites restent souvent complexes à mener en raison d’enquêtes longues, de moyens judiciaires limités et d’une coopération parfois inégale entre administrations.
Plusieurs responsables politiques, dont le ministre capverdien de la Mer, rappellent que la lutte contre la pêche illégale ne peut pas reposer uniquement sur les États côtiers. Ils soulignent qu’elle prospère aussi parce qu’elle alimente un marché international insuffisamment contrôlé, où les chaînes de certification ne détectent pas toujours l’origine réelle des cargaisons. Une mobilisation plus ferme des partenaires commerciaux et des pays importateurs apparaît donc indispensable pour tarir un flux qui dépasse largement les capacités de contrôle régionales. Dans cette perspective, la bataille engagée en Afrique de l’Ouest ne pourra être gagnée que si les efforts locaux s’accompagnent d’un encadrement commercial mondial plus strict et d’une responsabilité accrue des acteurs privés.
Commentaires (1)
Tu veux trouver une femme pour une nuit? Viens sur - Hot21.fun
Participer à la Discussion