Conditions de travail au Sénégal : Le ministère reconnaît ses limites et annonce des réformes majeures
Le ministère chargé de la Fonction publique est largement revenu sur la question sensible des conditions de travail au Sénégal, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Olivier Boucal s’est exprimé en plénière à l’assemblée nationale pour les besoins de l’examen du budget de son ministère pour l’année 2026. Il a reconnu à la fois les insuffisances existantes et les efforts engagés pour améliorer la situation des travailleurs. Selon lui, « le problème des conditions de travail est transversal ». S’il est souvent dénoncé dans le secteur privé, où le non-respect de la législation du travail est régulièrement constaté, il reste également une préoccupation dans le secteur public. L’administration du travail, bien que mobilisée sur le terrain pour contrôler la nature des contrats, la déclaration des travailleurs, le paiement des cotisations sociales et la couverture contre les risques professionnels, reste limitée dans ses prérogatives. « On prête parfois à l’inspecteur du travail un pouvoir qu’il n’a pas. Il ne sanctionne pas directement. Il dresse un procès-verbal et transmet au procureur de la République », dit-il. Il a souligné que cette procédure rallonge considérablement les délais, pouvant aller jusqu’à deux ou trois ans. Une situation qui décourage souvent les travailleurs lésés. Face à ce constat, le ministère mise sur le nouveau Code du travail, actuellement en examen, qui prévoit d’accorder davantage de pouvoirs à l’inspecteur du travail. La Cour suprême devrait d’ailleurs se prononcer très prochainement, ouvrant la voie à une adoption en Conseil des ministres. Une réforme jugée essentielle pour rendre l’action de l’administration plus rapide et plus efficace.
Salaires, carrière et dialogue social : mise au point
Contrairement aux idées reçues, les salaires n’ont pas stagné au Sénégal, a tenu à préciser le ministère. Depuis 2022, plusieurs augmentations ont été enregistrées, et selon les autorités, les rémunérations ont quasiment doublé sur certaines périodes. Quant aux perspectives de carrière, elles existent bel et bien, même si elles varient selon les corps et les statuts. Le dialogue social, lui, est présenté comme une priorité permanente. « Nous n’attendons pas la grève pour dialoguer. Le dialogue est constant avec les partenaires sociaux », a-t-il insisté, évoquant une relation basée sur la transparence et un langage de vérité, prôné par le Premier ministre. Pour ce qui est de l’indemnité de logement, sa généralisation fait suite à un accord signé en 2022 avec les syndicats. Toutefois, le processus juridique de création et de mise en œuvre de cette indemnité nécessite encore des textes réglementaires, actuellement en cours de validation dans le circuit normatif.
Retraite et situation des décisionnaires : des avancées notables
Sur la question de la retraite, des progrès importants ont été réalisés. Aujourd’hui, un fonctionnaire peut percevoir sa pension dès le mois suivant son départ, grâce à un système d’anticipation mis en place notamment pour les retraités du FNR. Une avancée significative qui vise à réduire le stress lié à cette étape. Autre point crucial : la situation des agents décisionnaires, longtemps considérée comme une injustice. Formés dans les mêmes écoles que les fonctionnaires, titulaires des mêmes diplômes et exerçant les mêmes fonctions, ils ne bénéficiaient pourtant pas des mêmes conditions d’intégration et d’avancement. Deux textes ont récemment été adoptés en Conseil des ministres pour mettre fin à cette inégalité, en alignant leur statut sur celui des fonctionnaires.
Fonction publique locale et inclusion sociale
Concernant la fonction publique locale, le ministère de la Fonction publique apporte un appui technique, mais la gestion relève principalement du ministère en charge des collectivités territoriales.
Enfin, sur la question de l’inclusion des personnes en situation de handicap, le Sénégal dispose d’un cadre juridique solide, même si certains textes d’application sont encore attendus. Un quota de 15 % dans les recrutements de la fonction publique est prévu, et des dispositifs sont déjà intégrés dans les plateformes de recrutement pour faciliter cette prise en compte. La situation des dockers, restés 14 mois sans salaire, a également été abordée. Elle est liée à des problèmes de cotisations sociales, mais selon les autorités, des démarches sont en cours avec les bureaux de recrutement et l’inspection du travail pour trouver une solution durable.
Commentaires (1)
le nouveau Code du travail, actuellement en examen...........2 piges, rien de concret
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