La section de recherches de Kaolack a fermé trois structures chinoises qui exerçaient illégalement les professions de médecin et de pharmacien. Cette vaste opération menée entre Kaolack et Dakar a permis l'arrestation de 13 suspects, dont le directeur général de SUNHOME, selon des informations exclusives de Seneweb.

En novembre 2025, la section de recherches de Kaolack a reçu un renseignement signalant des pratiques médicales et pharmaceutiques illégales dans la ville. Pour vérifier ces informations, le chef de la section a sollicité le concours de l'Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (ARP), seule habilitée à délivrer des autorisations de commercialisation de médicaments.

Après avoir confirmé l'existence de ces structures illégales, une surveillance de plus de vingt jours a été mise en place. Les enquêteurs ont constaté un flux constant de personnes âgées sortant des cliniques avec des sachets de médicaments non autorisés.

Première société démantelée : SUNHOME

La société SUNHOME, dirigée par le ressortissant chinois Hu Zhenghuai, alias "Éric", disposait d'une antenne à Kaolack et à Dakar. Les perquisitions ont révélé que l'entreprise commercialisait des produits pharmaceutiques non homologués et faisait passer des consultations médicales pour de simples conseils en produits bio.

C'est ainsi que J. M. C. (responsable de l'antenne régionale), C. B. N. et S. K. (chargés des consultations), P. S. T., G. D. et M. A. G. G. (gestion de la pharmacie)  ont été arrêtés à Kaolack.

À Dakar aussi, les nommés Hu Zhenghuai (directeur général) et Zhu Jiahao (préposé à la vente), K. B., M. N. D. et S. T. D. (conseillères en bio) ont été appréhendés.

Les enquêteurs ont découvert que ces employés, dépourvus de diplômes médicaux, utilisaient des appareils appelés "Quantum" pour établir des diagnostics et prescrire des traitements. Ils délivraient ensuite des ordonnances pour des médicaments exclusivement disponibles dans leurs propres "pharmacies".

Deuxième société : BIO LIFE

Au quartier Léona de Kaolack, la structure BIO LIFE opérait selon le même mode opératoire. Les perquisitions ont permis l'arrestation d'A. S. (gérante) et N. T. D. (infirmière d'État). Cette dernière, malgré son diplôme, a accepté de travailler dans une structure sans autorisation légale et utilisait également le   "Quantum"  pour consulter les patients.

Troisième société : GREEN WORLD

Implantée au quartier Niétty Gouye de Kaolack, GREEN WORLD, dirigée par le Chinois H. S. C., fonctionnait de manière identique aux deux autres. M. N. a été interpellé en pleine consultation, alors qu'un patient avait les pieds plongés dans une machine de "détox". Le directeur général n'a fourni aucune autorisation pour la commercialisation des produits ou l'utilisation du matériel médical découvert sur place.

Des pratiques dangereuses et frauduleuses

L'enquête a révélé que ces trois structures faisaient de la publicité mensongère en prétendant soigner le sida, les problèmes de prostate et les maladies du foie ; utilisaient des appareils  Quantum   non certifiés pour établir des diagnostics médicaux ; commercialisaient des médicaments non homologués par l'ARP, exposant les consommateurs à de graves risques sanitaires ; employaient du personnel sans qualification médicale pour effectuer des actes réservés aux professionnels de santé.

Selon l'ARP, dont le rapport a été annexé à la procédure, la qualité, l'efficacité et la sécurité de ces produits ne sont pas garanties. Leur consommation expose les usagers à des risques sanitaires majeurs et peut aggraver leur état de santé.

Les 13 suspects sont poursuivis pour association de malfaiteurs, usurpation de fonction, mise en danger de la vie d'autrui, escroquerie, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie.

Concernant SUNHOME, des accusations de blanchiment de capitaux ont également été retenues, après la découverte de cartons d'huile mélangés aux médicaments dans les entrepôts à Ngor.

L'ensemble du matériel saisi (appareils  Quantum, machines de détox, tensiomètres, ordinateurs et stocks de médicaments) a été placé sous scellés.

Au terme de l'enquête, tous les suspects ont été présentés, ce lundi 22 décembre, au procureur de la République près le tribunal de grande instance de Kaolack, Abass Yaya Wane. 

Aux dernières nouvelles, ils ont fait l'objet d'un retour de parquet.